Affaire Tariq Ramadan : l’appel fixé au 8 août prochain

L’audience pour l’appel concernant la demande de mise en liberté de Tariq Ramadan aura lieu le 8 août. Une audience qui ne devrait, selon toute vraisemblance, rien changer à la décision des juges donnée précédemment. Explications.

Un parquet qui met la pression

Le 19 juillet, l’avocat de Tariq Ramadan, Me Emmanuel Marsigny, lance une demande de mise en liberté. Tout laisse alors penser à une issue favorable au sein du clan Ramadan : le témoignage de Henda Ayari s’effondre, aucune mise en examen n’est prononcée dans l’affaire Mounia Rabbouj et des éléments de l’enquête montrent des incohérences dans le récit de Paule-Emma A. Selon nos informations recueillies dans les couloirs des tribunaux, il est même question d’une libération de Tariq Ramadan au lendemain des confrontations avec Henda Ayari et Paule-Emma A. Mais la confrontation avec cette dernière est reportée et le parquet est pressant : si les juges libèrent l’intellectuel, le ministère public fera appel et déposera un référé-détention qui n’a pour objectif que de garder Tariq Ramadan détenu. Le 25 juillet, la sentence tombe : les juges refusent la demande de mise en liberté et préfèrent laisser le juge des libertés et de la détention statuer. Ce dernier confirme la poursuite de la détention provisoire le 30 juillet.

Les versions des plaignantes évoluent, les arguments des juges restent identiques

Dans les ordonnance des juges et du JLD, la liste d’arguments en la défaveur de l’accusé se réduit de semaine en semaine. Mais les magistrats persistent sur certains points depuis le début de l’affaire, comme lorsqu’ils évoquent l’erreur de Tariq Ramadan concernant son heure d’arrivée à Lyon le 9 octobre 2009. L’avocat du professeur, dans ses passages dans différents médias, regrette les réponses trop succinctes des juges à ses demandes fleuve. Malgré les changements dans les versions des faits de Henda Ayari, les magistrats pointent des « indices graves et concordants », sans pour autant se risquer à les citer. Les juges avancent enfin régulièrement les risques de pression.

Pourquoi la mise en liberté est inenvisageable avant la rentrée

Le mois d’août correspond aux « vacances judiciaires ». Congés obligent, ce sont des vacataires qui prennent les décisions pendant ce mois estival. Des vacataires qui, par définition, ne connaissent pas autant les dossiers que les titulaires. Et la tournure éminemment politique du dossier influera forcément sur la décision du juge vacataire. Lequel d’entre eux prendrait le risque de libérer Tariq Ramadan à un mois de la confrontation avec Paule-Emma A. ? Enfin, la réputation du juge vacataire qui officiera le 8 août — selon nos informations, il s’agira de Thierry Léon, ancien juge d’instruction qui a présidé les Assises du Rhône et qui préside l’une des chambres de l’instruction de la cour d’appel de Paris depuis janvier, considéré comme dur — ne laisse pas beaucoup de suspense quant à l’issue de l’appel. Un choix qui ne doit rien au hasard : c’est le parquet général qui a déterminé le jour de l’audience et le président. Et le choix de Thierry Léon ne pouvait pas être pire pour la défense.

Et maintenant, quelle stratégie de défense ?

Un parquet hostile et une cour qui demande à Me Emmanuel Marsigny d’attendre patiemment la confrontation du 18 septembre… L’appel ne semblait pas forcément être la meilleure solution, d’autant que les demandes de mise en liberté s’empilent sur les bureaux des juges avec toujours le même résultat et les mêmes arguments avancés par la justice. Des arguments qui peinent à convaincre : l’état de santé de Tariq Ramadan suffit à balayer le risque de récidive avancé par les juges tandis qu’on imagine mal l’intellectuel s’enfuir de France alors qu’un autre procès l’attend en Suisse et qu’il est persona non grata dans plusieurs pays, dont l’Egypte. Nul doute qu’après le 18 septembre, l’avocat de Tariq Ramadan, voyant que le dossier devient de plus en plus politique, changera de stratégie de défense. Comme il l’a déjà évoqué, une demande de dépaysement de l’affaire pourrait bien alors être demandée par Emmanuel Marsigny.

lemuslimpost.com