En l’absence de l’ensemble des représentants de l’opposition, les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont élu, mercredi 24 octobre en fin de matinée, le remplaçant du président Saïd Bouhadja, destitué après plusieurs semaines d’imbroglio politique.
Mouad Bouchareb, député du Front de libération nationale (FLN) de 47 ans, a été choisi d’abord pour son jeune âge, affirment les députés de son parti. « Nous œuvrons pour le rajeunissement de l’élite politique », explique ainsi Saïd Lakhdari. « Nous avons pris en compte aussi son expérience parlementaire. Il en est à son troisième mandat », poursuit-il.
Le successeur de Saïd Bouhadja – 80 ans, destitué par un coup de force de la majorité parlementaire (FLN, RND du Premier ministre Ahmed Ouyahia, MPA de l’ancien ministre de l’Industrie Amara Benyounes, et TAJ de l’ancien ministre des Travaux publics Amar Ghoul) – est élu à la Chambre basse depuis 2007. Licencié en littérature arabe, il était employé au ministère des Moudjahidine, avant de remporter les élections législatives dans la circonscription électorale de Sétif (est du pays).
Un parlementaire peu connu
À l’Assemblée, Bouchareb a été nommé rapporteur d’une commission permanente, puis désigné vice-président par ses pairs. En juin dernier, il est également devenu le chef du groupe parlementaire de sa formation.
Discret et pondéré, Bouchareb n’avait pas vraiment émergé comme figure de proue de l’institution
Discret et pondéré, Bouchareb n’avait pas vraiment émergé comme figure de proue de l’institution dont il est membre depuis presque onze ans. Aujourd’hui, il est propulsé sous le feu des projecteurs, accédant au statut de troisième personnage de l’État, à la faveur d’un concours de circonstances qui n’a pas encore livré tous ses secrets.
Candidat unique
Mercredi, 320 députés sur 462 l’ont plébiscité à cette haute fonction. Avant l’entame de l’opération de vote, les présidents des groupes de la majorité parlementaire ont pris la parole, à tour de rôle, pour soutenir l’unique candidature au perchoir de la première chambre du Parlement.
Tous les élus de l’opposition (RCD, FFS, MSP, Parti des travailleurs, Front al-Moustakbal et l’alliance islamiste Nahda-Adala-Bina) ont boycotté les deux séances plénières, consacrées à la constatation de la vacance de la présidence de l’APN, puis à l’élection d’un nouveau président. Ils ne voulaient pas cautionner de leur présence ce qu’ils qualifient de dérive.
Cette position politique n’a pas gêné outre mesure leurs collègues de la majorité parlementaire. « Nous respectons la décision de l’opposition, mais son absence n’influe nullement sur le cours de la procédure », souligne Cheikh Berbara, élu MPA.
« Toutes les options sont envisageables »
Saïd Lakhdari pronostique un retour au fonctionnement normal de l’institution dans les jours à venir. Rien n’indique toutefois que l’opposition se pliera devant le fait accompli. « Nous nous concertons en vue d’adopter une position commune. Toutes les options sont envisageables, du gel de nos activités à la démission collective », prévient Lakhdar Benkhellaf, chef du groupe parlementaire de l’Alliance Nahda-Adala-Bina.
Nous attendons la réaction du président, seul compétent pour redonner au Parlement sa crédibilité
« Nous attendons la réaction du président de la République, seul compétent pour redonner au Parlement sa crédibilité par la dissolution de l’Assemblée nationale », ajoute-t-il. Peine perdue, selon les députés FLN, qui assurent que le chef de l’État, en sa qualité de président du parti, a été consulté sur le choix du successeur de Saïd Bouhadja, approuvant de fait sa destitution et la candidature de Mouad Bouchareb.
Ce dernier a d’ailleurs entamé son premier discours dans le costume de président de l’APN par des remerciements appuyés au président Bouteflika, « pour la confiance qu’il a placé en [lui] en donnant un avis favorable à [son] élection à ce poste ».
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