Toujours pas de trêve en vue dans la guerre commerciale qui oppose la Chine aux États-Unis. Bien au contraire : à Biarritz où se tient le sommet du G7 depuis samedi, Donald Trump entretient la braise sur ce conflit de plus en plus menaçant pour l’économie mondiale.
Tous les autres dirigeants présents souhaitent le retour au calme et à la raison après les nouvelles mesures de représailles contre la Chine annoncées par le président Trump avant son arrivée à Biarritz. Le plus motivé est l’hôte du sommet, le président Emmanuel Macron.
De son côté, le représentant de l’Union européenne Donald Tusk a joué collectif, en faisant part de sa détermination à protéger le vin français, une nouvelle fois menacé par des taxes américaines juste avant l’ouverture du sommet. Même le bouillonnant Boris Johnson, le nouveau Premier ministre britannique pro-Brexit qui surjoue la complicité avec le président américain s’est clairement positionné comme favorable à la paix commerciale.
Mais tous ces messages ont glissé sur Donald Trump. Et encore une fois, il a enchaîné les déclarations inquiétantes, obligeant la Maison Blanche à réinterpréter ses propos. In fine voilà ce qu’il fallait comprendre : le président regrette de ne pas avoir élevé davantage les taxes sur les produits chinois et il trouve l’escalade actuelle si préoccupante qu’il pourrait en faire une urgence nationale. Pas très rassurant.
Donald Trump très enthousiaste à l’égard du Japon et du Royaume-Uni
Avec le Japon, Donald Trump annonce avoir bouclé un très gros accord commercial. Un qualificatif exagéré du point de vue japonais puisque les voitures construites dans l’archipel pour le marché américain en sont exclues. Un accord conforme en somme aux nouvelles exigences de Washington. La rhétorique guerrière abondamment employée avec la Chine est aussi une arme de dissuasion très efficace avec les autres partenaires, des pays préférant trouver un compromis pour éviter les foudres de Washington.
Quant à l’accord rapide promis aux Britanniques, il laisse Boris Johnson dubitatif. Pas sûr, dit ce dernier, qu’un gros accord soit signé au bout seulement d’un an de négociation.
Enfin, Donald Trump a aussi réussi un joli coup avec ses menaces contre le vin français. D’après nos confrères, la taxe française sur les Gafa qui insupporte le président américain pourrait être rapidement remplacée par une taxe plus générale sur les multinationales, négociée dans le cadre d’un accord bilatéral franco-américain.
Un G7 synonyme d’échec ?
Le bilan du G7 d’Emmanuel Macron en matière de diplomatie commerciale est assez faible. D’autant plus qu’il semble lui aussi avoir opté pour le recours à l’arme commerciale. Après avoir défendu l’accord de libre-échange signé par l’Europe avec le Mercosur, il menace maintenant de le bloquer. Jair Bolsonaro a menti, accuse Emmanuel Macron, car il reste inactif face au changement climatique. Des déclarations étonnantes, le président brésilien n’ayant jamais caché son mépris pour la cause environnementale.
Pas sûr que ce veto français impressionne vraiment le président brésilien : avec la guerre commerciale sino-américaine, les liens de son pays avec la Chine se renforcent de jour en jour, à la plus grande satisfaction des producteurs de soja que les Chinois achètent maintenant plutôt au Brésil qu’aux États-Unis. Pendant ce temps, la forêt amazonienne brûle et la perspective d’une récession pèse de plus en plus sur toutes les économies de la planète.
En bref,
Le yuan, la monnaie chinoise, est tombé à son plus bas niveau depuis 2008 face au dollar
C’est évidemment l’escalade des tensions commerciales qui affaiblit le yuan, une monnaie toujours étroitement contrôlée par les autorités chinoises. Et puis à noter aussi dans la foulée, le blues de la Bourse de Hong Kong, en baisse de 3% à l’ouverture. Par ailleurs, ce matin, Pékin dit vouloir sortir calmement du conflit… commercial !
rfi.fr