Avec Ileola, la Béninoise Raodath Aminou veut atteindre les sommets de la tech africaine

Rentrée au Bénin en 2017,

Rentrée au Bénin en 2017, Raodath Aminou est l’archétype de la « repat ». Portrait d’une entrepreneuse de 29 ans, qui espère créer un « nouveau modèle pour stimuler l’innovation africaine ».

En avril 2017, lorsqu’elle termine l’ascension du Kilimandjaro, Raodath Aminou sait qu’elle a atteint un sommet. Elle sait aussi qu’il lui reste encore la plus dure des ascensions à effectuer : celle qui doit l’amener, espère-t-elle, au firmament de la tech africaine.
Elle venait de participer, en France, à la création d’Optimiam, une application pour smartphones destinée à lutter contre le gaspillage alimentaire. Son principe ? Mettre en lien les consommateurs avec les restaurateurs qui proposent à prix cassés des repas ou produits proche de la date de péremption. Mais, au bout d’une décennie passée en France, elle décide de rentrer au Bénin.

« J’avais envie de me rendre utile, d’embrasser une autre cause, et, en même temps de créer une entreprise qui permettent de répondre à une partie des problématiques qui se posent en Afrique », explique-t-elle, glissant aussi avoir ressenti un besoin pressant de « changer d’air ».

« Saisir aussi l’écosystème entrepreneurial »

Quand elle pose ses valises à Cotonou, elle intègre Sèmè City, le projet de cité du savoir initié par le gouvernement béninois, qui a pour objectif de rassembler, sur un seul et même campus, les meilleurs dans les domaines de l’enseignement supérieur, de la recherche, tout en assurant une mission d’incubateur pour les espoirs de la tech béninoise. Raodath Aminou y sera chargée de mission d’accompagnement à l’entrepreneuriat. Elle organise des formations, monte des ateliers, assure l’accompagnement de projets portés par de jeunes entrepreneurs. « Cela m’a permis de mieux comprendre les besoins des entrepreneurs béninois, de mieux saisir aussi l’écosystème entrepreneurial, et, ainsi, de mûrir mon propre projet de start-up ».

Car désormais, la jeune femme de 29 ans que ses proches surnomment « Ola’ » porte un autre projet : « Ileola ». Un nom qu’elle a choisi en référence à son deuxième prénom, Ayinkê-Ola, qui signifie « richesse et avenir » en Yoruba. Un choix tout sauf innocent pour cette entrepreneuse ambitieuse, bien décidée à briser le plafond de verre et à se faire une place dans le monde de la tech, au Bénin, d’abord, et même au-delà.

CHEZ ILEOLA, L’ENTREPRENEUR NE JOUE PLUS LES COUTEAUX SUISSES

« Ce n’est pas facile d’être une femme qui veut se développer dans le secteur des technologies. Il faut aller contre les mentalités, et notamment ici, en Afrique. Il y a de forts a priori. Certaines personnes pensent que si une femme veut se développer dans ce domaine, alors elle ne réussira pas d’un point de vue personnel. En Afrique, en particulier, la femme est encore trop vue comme devant être une mère au foyer, s’occuper de la cuisine et des enfants », regrette-t-elle.

Son leitmotiv : « Se dépasser »

L’ancienne analyste qui a passé trois ans chez Edmond De Rothschild Asset Management, décrit Ileola comme un « start-up studio », et affirme qu’elle est sur le point de mettre sur pied un « nouveau modèle pour stimuler l’innovation africaine ». Concrètement, elle propose un ensemble de services aux entrepreneurs (graphistes, développeurs, marketeurs ou encore juristes), « pour que celui ci puisse se concentrer sur son projet ».

« Chez Ileola, l’entrepreneur ne joue plus les couteaux suisses, en portant toutes les casquettes techniques, opérationnelles, comptables… Il se concentre sur son produit ou son service, ses clients et ses équipes », détaille la jeune femme. En échange, Ileola prend une part dans les start-ups qu’elle accompagne, et un pourcentage lors de levées de fonds.
« Lorsque l’entrepreneur entre en phase pré-opérationnelle, qu’il teste sa solution et obtient ses premiers clients, il prend son envol et reçoit du financement en pré-amorçage venant d’Ileola. À ce moment là, la mission d’Ileola sera réussie », raconte-t-elle.

La primeur de l’annonce du lancement de ce « start-up studio », Raodath Aminou l’avait réservée aux Journées de la Femme Digitale, dont la 7e édition qui vient de se clore à Dakar se tenait, pour la première fois, sur le continent. Tout un symbole, pour celle qui a fait de son leitmotiv une phrase lancée dans l’une des précédentes édition de la JFD : « Entreprendre quand on est une femme, c’est possible mais il faut se dépasser. Entreprendre quand on est une femme noire, c’est possible mais il faut se surpasser. »