Un tribunal spécial du Bénin a condamné jeudi le président d’un parti politique d’opposition et riche homme d’affaires, Sébastien Ajavon, actuellement en France, à 20 ans de prison et a lancé un mandat international contre sa personne, dans une affaire de trafic de cocaïne.
« Aujourd’hui nous pouvons dire qu’il n’y a plus d’Etat de droit au Bénin » a déclaré à l’AFP l’un de ses dix avocats, Me Julien Bensimhon, qui dénonce de graves irrégularités dans le système judiciaire, dont l’impossibilité d’avoir accès au dossier de son client ou d’avoir pu prendre la parole pour le défendre lors de ce procès qui a duré moins d’une heure.
« Nous nous y attendions », a renchéri Me Marc Bensimhon, un autre de ses avocats. « M. Ajavon est désormais en exil (en France), s’il rentre il sera incarcéré immédiatement. »
Le président du trubunal, Edouard Ignace Gangny, l’a également condamné à une amende de 5 millions de francs CFA (7.000 euros), suivant toutes les recommandations du parquet, et a appliqué la peine maximale.
M. Ajavon, qui a refusé de se présenter à l’audience en dénonçant des fraudes dans le système judiciaire, est accusé de trafic de cocaïne à l’échelle internationale après la découverte d’environ 18 kg de cocaïne pure d’une valeur estimée à 9 milliards de francs CFA (14 millions d’euros) dans un conteneur destiné à l’une de ses sociétés en octobre 2016.
Il était jugé jeudi par la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), un tribunal spécial créé fin août, qui ne permet pas de faire appel. Le seul recours de la défense, qui avait déjà convoqué la cour africaine des droits de l’homme pour une autre affaire concernant leur client, est désormais de se pourvoir en cassation.
M. Ajavon, qui avait déjà été relaxé pour cette affaire il y a deux ans, a dénoncé un « coup monté » dans une interview diffusée par Radio France internationale (RFI), dont les ondes ont été brouillées lors des rediffusions de l’émission dans la matinée, selon un responsable de la radio.
Candidat à la présidentielle de 2016, Sébastien Ajavon, qui a fait fortune dans l’agroalimentaire, était arrivé troisième, et s’était rallié à l’actuel président, Patrice Talon.
Mais les relations entre les deux hommes, deux milliardaires qui sont opposants en politique et dans les affaires, se sont vite dégradées, Sébastien Ajavon ayant été visé par la justice dans plusieurs affaires.
Fin mars 2018, il a relancé sa carrière politique, en fondant son propre parti en vue de la présidentielle de 2020, l’Union sociale libérale (USL).