Burkina Faso : l’école qui forme les femmes aux métiers de l’automobile

Le CFIAM de Ouagadougou est une école qui balaie les préjugés en formant les jeunes femmes aux métiers de la mécanique, de l’électricité ou de la menuiserie.

« Nous pensons qu’il est urgent de renforcer l’estime et la confiance en soi des femmes, pour les amener à ne pas se limiter à la conception traditionnelle du rôle de mère et à entrer dans un rôle professionnel », assène Bernard Zongo, fondateur de l’association Tout pour Tous-Yennenga à l’origine du Centre féminin d’initiation et d’apprentissage aux métiers (CFIAM). Depuis 1997, ce dernier propose des formations essentiellement orientées vers les femmes et les jeunes filles.

Plus de 400 élèves en formation sur trois ans

À l’heure actuelle, 186 apprenties suivent le programme au CFIAM de Ouagadougou, 100 à son antenne de Koudougou et 14 à Sabou, plus 16 garçons, soit au total 416 élèves. La moitié suit des cours de couture. Les autres se forment à l’agriculture, l’électronique, la carrosserie, l’électricité, la soudure, la menuiserie, la mécanique pour deux roues.

Ces axes de formation n’ont pas été choisis par hasard. Derrière l’idée, se glisse une volonté assumée de secouer quelque peu les mentalités du pays dans le but d’abolir les stéréotypes traditionnellement accolés aux métiers. « Nous souhaitons lutter contre l’inégalité professionnelle très poussée dans notre pays », confirme Bernard Zongo. Une manière d’enrichir l’éventail de choix professionnels des femmes, et ainsi renforcer leur présence dans les professions où elles étaient jusqu’ici absentes.

Nous souhaitons lutter contre l’inégalité professionnelle très poussée dans notre pays ».

Accompagnement vers l’emploi

La formation dure trois ans, pour un coût total de 20 000 francs CFA à 65 000 francs CFA selon les filières. Des stages de six mois (trois mois en deuxième année et trois en troisième année) dans des entreprises partenaires comme Diacfa Automobiles ou Watam Kaizer sont obligatoires pour boucler un cursus qui donne accès à un certificat de qualification professionnelle, excepté pour la filière couture.

L’association a notamment mis en place une cellule de suivi post-formation dans le but de faciliter l’embauche.

« Le recrutement pour la section couture est annuel dans les centres alors que celui dans les autres métiers se fait tous les trois ans », précise Bernard Zongo. Côté admission, les candidates doivent être âgées d’au moins 14 ans et détenir de préférence le Certificat d’études primaires (CEP) bien que celui-ci ne soit pas une obligation.

Dans les provinces du Kadiogo et du Boulkiemdé, l’association a notamment mis en place une cellule de suivi post-formation dans le but de faciliter l’embauche. Un suivi psychologique des élèves est effectué pour éviter les abandons et maintenir ainsi leur motivation face aux moqueries qu’elles pourraient subir à l’extérieur.

Renforcer l’employabilité des jeunes femmes

Née en septembre 1994 suite aux réflexions menées par un groupe d’éducateurs burkinabè, l’association Tout pour Tous-Yennenga s’est donnée pour mission de contribuer à la réduction de la pauvreté et du chômage des jeunes en difficultés. Depuis sa création, elle tente de favoriser leur insertion socioprofessionnelle par l’intermédiaire d’activités de sensibilisation et d’éducation, mais aussi au travers d’activités dites de plaidoyer.

Présente dans six régions du Burkina Faso (régions du Centre, du Centre Ouest, du Nord, du Sahel, des Hauts Bassins et de la boucle du Mouhoun), la structure œuvre depuis 2013 avec d’autres organisations à la mise en place du Réseau des organisations actives dans l’enseignement et la formation technique et professionnelles (ROA-EFTP). Elle est notamment soutenue activement par l’ONG Terre des Hommes Suisse dans le cadre d’un projet visant à renforcer l’employabilité des jeunes femmes formées dans des métiers perçus comme masculins et à accompagner leur insertion dans le marché du travail. « Notre vision à l’horizon 2020 est d’être une organisation à l’écoute des jeunes filles et des personnes marginalisées pour leur droits », conclut à ce sujet Bernard Zongo.

Par jeuneafrique