Autrefois dans la communauté musulmane en particulier, on ne connaissait pas le chômage endémique. Tout le monde travaillait.
Les hommes commençaient par le commerce, puis transitaient par le transport et souvent terminaient par les bâtiments et travaux publics. Vendeurs ambulants, acheteurs de produits en brousse. En ville, ils étaient aussi, par ailleurs, bijoutiers, plombiers, mécaniciens, tôliers, électriciens après avoir appris tous ces métiers sur le tas. Très jeunes on forgeait pour devenir forgeron capable de fabriquer non seulement tous les ustensiles de cuisine, mais aussi des fusils et des munitions. La communauté était autonome. Et l’école est venue tout bouleverser. Très tôt, les enfants vont à l’école. Ils y restent pour ceux qui réussissent jusqu’à l’âge de l’adolescence (entre 18 et 25 ans).
Sans avoir appris un seul métier capable de les rendre autonomes. Et cette longue formation théorique se fait loin du village, de la communauté sans impact direct et immédiat sur le développement de celle-ci. Ainsi pendant que nos villages se vident de leurs véritables forces vives, les villes se remplissent de diplômés, sans formation qualifiante et en chômage. Pour un simple concours de recrutement de fonctionnaires, pour 1000 places disponibles, 50.000 candidats se présentent. Donc autant de frustrations et de sentiments d’injustice, chez les candidats recalés et leurs parents qui se sont saignés pour leur formation académique. L’Etat lui aussi en souffre terriblement. Car malgré les milliards investis dans l’école, les diplômés sont là, sans travail et sans qualification. L’Etat est ainsi obligé de concevoir d’autres programmes de formation qualifiante avec ses maigres ressources et l’appui des bailleurs de fonds. Et pourtant,’’ avant – avant’’, nos communautés étaient autonomes avec un taux de chômage presque nul.
Un exemple me vient à l’esprit pour illustrer ce paradoxe qu’on rencontre à la fois au niveau de nos Etats, mais aussi au niveau des individus. Un jour, une femme analphabète, mais devenue aujourd’hui propriétaire d’une entreprise immobilière qui brasse des milliards de FCFA se présente à mon bureau. Elle me remit le CV de sa fille diplômée-BTS en marketing/ Communication et Ressources Humaines, pour un stage. J’ai pu l’envoyer dans une grande entreprise pétrolière de la place, pour un stage de 3 mois renouvelés deux fois, soit neuf mois. Quelques mois après, elle revient encore pour une demande de stage ou de travail toujours pour sa fille, la même. Je demande à la bonne dame de me présenter un peu son entreprise. Et sa fille prit la porale à la demande de sa mère. ’’ Notre entreprise emploie 25 permanents et plus d’une centaine de saisonniers repartis sur six chantiers. Et les souscripteurs à vos projets immobiliers ? Et la maman répondit :’’ plus de 150 souscripteurs’’. Je me retournai vers la jeune fille et lui dit ceci :
mademoiselle tu vois que ta maman a besoin de quelqu’un pour gérer les dossiers de son personnel et les dossiers de ses clients. Et comme elle vend des maisons et des terrains, elle a donc besoin d’une stratégie marketing… Elle resta silencieuse et pensive. La maman aussi. Depuis, la jeune fille travaille pleinement pour l’entreprise de sa mère. Et celle-ci consacre désormais son temps au développement de ses affaires. Elle est plus à la fois, comptable, contrôleur budgétaire, chargée des marchés, des ressources humaines,etc. En un mot comme en cent, nous devons revenir aux fondamentaux de l’économie : créer la richesse pour créer les emplois. Tout le contraire qu’on enseigne dans nos universités où des enseignants bloquent l’outil de travail pour des heures supplémentaires non payées. Où les étudiants parce que fâchés brulent, tout sur leurs propres lieux de travail. Chaque jour, sans travail, donc sans enseignement est un jour de perdu et pour l’enseignant et pour l’enseigné. Un ami ivoirien qui vit depuis trente ans, aux USA, m’a dit lors de ses dernières vacances au pays. ’’En Côte d’Ivoire, il y a du travail, mais pas de travailleurs’’. Je n’ai pas osé lui demander pourquoi. Car je continue à y réfléchir. Quand j’aurai une réponse, je vous en parlerai ici même et nulle part ailleurs. A la semaine prochaine Incha Allah