Contrôlez votre diabète
C’est la première chose à faire afin d’éviter toute complication. « L’objectif dans un premier temps est toujours un bon contrôle de son niveau de sucre sanguin », conseille le Dr Huet. Au-delà du contrôle quotidien de la glycémie qui se fait à domicile de manière autonome, les patients diabétiques doivent faire surveiller leur taux d’hémoglobine glyquée tous les 3 à 4 mois par leur médecin.
« C’est un indicateur beaucoup plus fiable que la simple concentration sanguine de glucose. Cela permet de voir si cette concentration est contrôlée sur le long terme et pas seulement de manière ponctuelle », explique Dominique Huet. « Si le taux d’hémoglobine glyquée reste inférieur à 7 %, le risque de complications micro-vasculaires est quasi nul. »
Surveillez votre tension artérielle et vos taux de lipides sanguins
Ces deux facteurs sont importants dans la prévention des complications macro-vasculaires. « Les patients diabétiques doivent maintenir une tension artérielle inférieure à 14/8,5 mmHg », explique le diabétologue Dominique Huet.
En ce qui concerne les lipides sanguins (cholestérol et triglycérides), les contrôles vont porter en priorité sur le LDL (mauvais cholestérol). « Ce LDL doit être inférieur à 1,30 g/L pour les patients diabétiques, poursuit le Dr Huet. Mais ces chiffres varient si d’autres facteurs de risque entrent en jeu. Le LDL doit être inférieur à 1 g/L pour les diabétiques qui fument et même inférieur à 0,7 g/L s’il existe en plus des antécédents de maladies cardiovasculaires. »
Arrêtez de fumer (ou évitez de commencer)
Le tabac n’a pas d’influence directe sur le diabète. C’est en revanche un facteur de risque reconnu de troubles vasculaires. Les personnes diabétiques qui fument augmentent de manière considérable leur risque de développer des complications macro-vasculaires graves, pouvant conduire à un AVC, un infarctus du myocarde ou une artérites des membres inférieurs.
Si le facteur diabète ne peut malheureusement pas être supprimé, il est possible de supprimer le facteur tabac en se faisant aider pour arrêter de fumer.
Equilibrez votre alimentation
« Parmi les droits des patients diabétiques, il y a celui de ne pas avoir à subir de complications en plus de leur maladie, martèle le Dr Huet. Mais à côté de ces droits, il y a aussi des devoirs, le premier étant de surveiller son alimentation pour contrôler son diabète ».
Pas de surprise, les patients diabétiques ne peuvent pas faire n’importe quoi au moment de passer à table. Une alimentation saine et variée est essentielle, « comme pour le reste de la population », fait remarquer le spécialiste.
En d’autres termes, les recommandations générales du Programme National Nutrition Santé (PNNS) s’appliquent. « Le terme de « régime diabétique » n’est d’ailleurs plus employé. Les patients peuvent manger de tout, de manière équilibrée. Il faut juste faire un peu plus attention aux sucres rapides, et ne pas en consommer trop souvent. »
Il n’existe aucun interdit, pas même l’alcool. Tout est question, comme toujours, de modération.
Contrôlez votre poids
Le poids est également un facteur à surveiller. « Nous ne demandons pas aux diabétiques de maigrir à tout prix, ils doivent simplement se trouver aux alentours de leur poids de forme », recommande Dominique Huet. En cas de surpoids, un régime pourra être envisagé, en limitant en particulier les apports en graisses (charcuteries, beurre, fromages, etc.).
Le chef du service Diabétologie du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph insiste sur l’importance de déculpabiliser les patients diabétiques en surpoids. « Le surpoids ou l’obésité ne sont pas forcément l’élément déclencheur de leur maladie, du moins pas le seul. Il ne faut pas les accabler, mais au contraire les encourager à prendre soin de leur santé. »
Pratiquez une activité physique régulière
Là encore, rien de surprenant : « Les personnes diabétiques doivent se prendre en charge et s’engager à pratiquer un minimum d’exercice physique, exactement comme les personnes non malades doivent le faire », conseille le diabétologue Dominique Huet. Le Programme National Nutrition Santé (PNNS) recommande en moyenne aux adultes de pratiquer l’équivalent de 30 minutes de marche rapide chaque jour.
Les diabétiques qui pratiquent un sport intensif doivent toutefois apprendre à intégrer ces pics d’activité dans le contrôle de leur glycémie, afin d’éviter les hypoglycémies.
Les bienfaits du sport sont reconnus dans la prévention de nombreuses maladies chroniques, des maladies cardiovasculaires, du surpoids et de l’obésité, mais aussi pour améliorer le bien-être général et diminuer le stress.
Effectuez un bilan de santé général annuel
« Différents contrôles sont obligatoires, au minimum une fois par an, pour éviter les complications liées au diabète », explique le Dr Huet.
Selon le chef du service Diabétologie du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph, ces contrôles comprennent :
Un électrocardiogramme pour vérifier la santé du cœur ;
Un fond de l’œil pour contrôler l’état de la rétine ;
Un bilan des fonctions rénales ;
La recherche de complications nerveuses ;
Un examen dentaire ;
Un examen des pieds.
Ces examens pratiqués de manière régulière permettent de dépister le moindre signe d’une éventuelle complication. Un programme (appelé « Sophia ») a été mis en place par l’Assurance maladie pour aider les malades à créer une routine de contrôle, « afin de les y sensibiliser, sans pour autant les affoler », explique le Dr Huet.
« Des infirmières appellent régulièrement les patients inscrits à ce programme pour voir avec eux s’ils sont à jour dans leurs bilans de santé et les aiguiller en cas de besoin », poursuit le diabétologue. La participation à ce programme est gratuite et sans engagement, par simple inscription par courrier (voir détails sur le site de la CPAM).
Soyez à jour dans vos vaccins
« Ce n’est pas une obligation, comme pour le reste de la population, constate le Dr Dominique Huet. Mais être à jour dans ses vaccins peut être recommandé pour les diabétiques, en particulier pour prévenir certaines maladies infectieuses ».
Les maladies peuvent déséquilibrer un diabète pourtant parfaitement maîtrisé, même si ce déséquilibre est loin d’être systématique. La grippe, par exemple, peut poser des problèmes aux personnes diabétiques. C’est pourquoi le chef du service de Diabétologie de Paris Saint-Joseph « recommande la vaccination » systématiquement aux patients qu’il voit en consultation.
Surveillez vos pieds
Les pieds sont parfois l’obsession des patients, qui craignent l’une des complications les plus fréquentes du diabète : la gangrène, et, in fine, l’amputation. Mais une surveillance quotidienne n’est pas justifiée pour tous les patients. « Elle est recommandée seulement à ceux souffrant déjà d’une neuropathie, une atteinte des nerfs », explique Dominique Huet. «
Ces patients ne sentent plus grand chose, ils ne ressentent pas la douleur. Il se peut donc qu’ils se blessent sans s’en rendre compte et que ces blessures provoquent elles-mêmes des complications. »
En revanche, les patients qui ne présentent pas d’atteinte nerveuse ne doivent pas se focaliser sur leurs pieds. Selon le diabétologue, « il faut dédramatiser cette complication. Une surveillance lors des bilans de santé effectués chez le médecin suffit. » Assurez-vous tout de même que ce contrôle soit bien réalisé, car tous les professionnels ne le pratiquent pas de manière systématique.
Gérez votre stress
Facile à dire, et pourtant ! « Le stress ne peut pas créer du diabète, mais il peut le déséquilibrer », explique le Dr Dominique Huet. Comme les hormones du stress augmentent la glycémie, c’est un facteur important à surveiller chez les personnes diabétiques. Les troubles du sommeil peuvent aussi avoir un effet néfaste sur le contrôle de la glycémie.
« Nous commençons toujours nos consultations en demandant au patient : « Comment allez-vous ? » Ce n’est pas une simple question de routine mais bien une manière de s’assurer qu’il ou elle n’est pas soumis(e) à un stress qui pourrait poser des problèmes dans le contrôle de sa maladie », conclut le chef du service Diabétologie de Paris Saint-Joseph.
Facteur de risque souvent négligé des complications du diabète, le stress ne doit donc pas être pris à la légère. Pensez à signaler à votre médecin toute source nouvelle de stress (traumatisme, deuil, séparation, licenciement, etc.), afin qu’il s’assure avec vous que cet épisode n’a pas de conséquence néfaste sur votre diabète.
Doctissimo