Monsieur le Président, vous avez reçu en héritage une nation en devenir. La Côte d’Ivoire est composé d’ethnies et de confessions venant d’horizons divers. L’intégration harmonieuse de ces différences dans le respect et la tolérance mutuels pour faire germer « une commune volonté de vie commune » nous semble devoir être l’axe prioritaire de votre action. Une nation ne peut
prospérer que dans la paix.
Comme nous l’avons toujours fait, nous soutiendrons toute politique qui garantit la justice et le respect de la différence. Vous le savez, Monsieur le Président, la communauté musulmane depuis
quelques temps est l’objet de provocations répétées de la par de certains journaux de la place ou de certains individus qui croient servir, comme les nazis du 3ème Reich, une certaine pureté ethnique ou confessionnelle. Ceux-là sont des inconscients qui jouent avec le feu. On n’hésite plus à qualifier tous les musulmans d’intégristes.
L’ancienne équation : Islam =fanatisme, inventée, diffusée et imposée par l’Europe médiévale est désormais remplacée par Islam = intégrisme. Gardons notre beau et paisible pays de ces attitudes
réductrices où l’ignorance le dispute à l’irresponsabilité.
Arrêtons de crier au loup. Les musulmans de Côte d’Ivoire ont depuis longtemps prouvé leur fidélité, leur respect des lois républicaines, leur tolérance. Ce qu’ils souhaitent ardemment et
recherchent patiemment, c’est la justice. La justice en effet est une des vertus cardinales de l’Islam. Le Coran proclame : « Dieu ordonne la justice et la bonté ». Le prophète confirme : un empire peut prospérer avec l’infidélité mais jamais avec l’injustice».
Monsieur le Président, nous saluons beaucoup d’espoir, la création d’un Ministère d’Etat chargé de l’intégration Nationale. Dans notre entendement, ce Ministère doit œuvrer à
l’avènement d’une véritable nation où tous les citoyens, sans distinction d’origine ou de croyance, se sentent concernés par le même destin. Alors la Côte d’Ivoire sera une grande nation
riche, de sa pluralité et de ses différences. Monsieur le Président ; voilà un défit majeur que nous nous sommes disposés à relever avec vous. C’est l’occasion de vous exprimer nos félicitations pour
votre accession à la magistrature suprême. Des tâches urgentes et délicates nous attendent tous.
L’hommage le plus éclatant que nous avons le devoir de rendre à Houphouët-Boigny, c’est de consolider son œuvre et de le perpétuer pour le bonheur de nos enfants. Nous voici au terme d’un
siècle ou la science et le scientisme triomphant ont profondément bouleversé le destin de l’humanité ; en même temps qu’ils ont montré leurs limites. L’homme, sans DIEU
est misérable. Malraux a écrit ; le 21ème siècle sera spirituel ou ne sera pas…
Monsieur le président, bonne chance et courage.
FIN