Discours du Président Koudouss au sujet de la laïcité en Côte d’Ivoire en 2001

Excellences Messieurs les Imams ;
Honorables Invités
Chers frères et sœurs ;
Je voudrais, au cœur de cette nuit exceptionnelle, rendre une grâce infinie à Allah, le Très Miséricordieux, qui a établi l’homme sur terre comme son calife, avec d’éminentes responsabilités. Cet
égard divin explique les missions successives des prophètes, jusqu’au dernier, le prophète Mohamed (SAW), transmetteur du Coran, révélé dans la Nuit du Destin, Laïlatoul Kadr.

Chers frères et sœurs, je voudrais vous remercier et vous féliciter d’être venus nombreux ce soir, comme du reste tous les ans, pour une communion qui n’aura d’égale que la profondeur de notre foi. Depuis l’année dernière, pour des raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas, nous avons décidé d’abandonner le Palais des Sports de Treichville et de commémorer la Nuit du Destin à la grande mosquée de la Riviera, symbole éminent s’il en est, pour la promotion de l’Islam dans notre pays. Au mois de janvier dernier, vous en souvient-il, l’imam de cette mosquée, notre père et
maître, Ahmed Tidiane BA, a été rappelé par Allah (soubhana wa taala). Une immense perte, mais Allah seul est maître des destins. Je voudrais demander à chacune et chacun de vous de solliciter la miséricorde du Tout-Puissant pour le repos de l’âme de notre regretté Imam. (Une fois la fatiha, 11 fois Iklas ; à réciter collectivement)
Chers frères et sœurs, C’est toujours avec une joie et une ferveur renouvelée que nous commémorons cette Nuit du Destin au cours de laquelle les musulmanes et les musulmans du monde entier,
en communion avec les anges, rendent une grâce infinie au créateur suprême qui leur a apporté la lumière et la connaissance à travers le Saint Coran.
En effet, nuit de toutes les espérances, Laïlatoul Khadr est essentiellement honorée par la descente du Saint Coran parmi les hommes. Et c’est très justement que le professeur Tunisien Mohamed
TALBI écrit :  » le fait coranique est l’ultime insertion de la révélation dans le cours de l’histoire. Cette insertion ultime se fit au cours d’une nuit qualifiée de  » Nuit du Destin « ,
pour en souligner la caractère décisif ».
Cette nuit est dont une nuit d’adoration, une nuit de prières, de suppliques, une nuit de gratitude, une nuit de pardon et de repentance immenses. Elle est l’instant sublime du mois de Ramadan; mois sacré dont le Prophète (SAW) disait :  » son début est miséricorde, son milieu est pardon et sa fin est salut de l’âme « .
Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui nous vivons une époque particulièrement agitée où l’angoisse de l’instant le dispute à la peur de l’avenir. Aujourd’hui, toutes les sociétés sont confrontées au problème du chômage, de la délinquance juvénile, de la drogue, de la sexualité avec leurs conséquences dramatiques dont le SIDA, de la violence et de la pauvreté. Certains pays en voie d’émergence fragilisent davantage. Ce sont ceux qui naissent des contentieux politiques, de l’arbitraire, du refus du dialogue, de l’exclusion, de la xénophobie, du tribalisme. Notre pays a fait la triste expérience de ces comportements malgré nos mises en garde répétées et nos appels à la sagesse notamment le 18 octobre 2000. Aujourd’hui, après les évènements des mois d’octobre et de décembre 2000, les Ivoiriens sont plus divisés que jamais. La salutaire initiative du forum pour la réconciliation nationale n’a malheureusement pas répondu à notre légitime attente. Le Coran    nous enseigne que la base de toute
réconciliation c’est la vérité, l’humilité, la repentance et l’acceptation sincère du pardon de l’autre. Comment sortir d’une situation ou des protagonistes campent sur des positions sans concessions, où les responsabilités sont niées, où l’humilité fait gravement défaut, où, en conséquence, la repentance n’a plus sa place.
Depuis bientôt dix ans, et en particulier depuis deux ans, les gouvernements successifs, dans leur volonté trop fébrile de conserver, le pouvoir quels qu’en soient les prix ont plongé la calme Côte d’Ivoire dans un cycle infernal où la haine et l’exclusion sont les valeurs les plus célébrées par une minorité d’ivoiriens qui croient détenir le titre foncier de la Côte d’Ivoire. A suivre …