La pudeur, une denrée en voie de disparition de nos jours, tant les verrous qui moralisaient la société, la polissait, la stabilisait ont sauté les uns après les autres. Qu’est-ce que donc la pudeur ? Comme le souligne Ibn Al Qayumm dans la Madârij as-Sôlikin « elle naît du cœur lorsqu’il est face à ce qui peut lui inspirer la gêne et susciter en lui le désir de fuir. » Comme on le voit, la pudeur est purement d’ordre spirituel et moral. C’est pourquoi selon un hadith rapporté par Boukhari, l’envoyé d’Allah (paix et bénédiction sur lui) dit : «la pudeur est la moitié de la foi. » D’où provient donc la pudeur chez un individu. Selon les exégètes, la pudeur est en réalité issue de trois choses essentielles. Premièrement, la pudeur provient de la conscience que son Seigneur l’observe et sait tout de lui, de ce qu’il fait en tout temps et en tout lieu. En effet, Allah nous dit aux versets 9 à 12 de la sourate 82 (Al Infitar, la rupture) : « Non malgré tout ! Vous traitez la Rétribution de mensonge alors que veillent sur vous des gardiens, de nobles scribes qui savent tout ce que vous faites. Les bons seront certes dans un jardin de délices. Et les libertins seront certes dans la fournaise. » De fait, quand cette conscience est omniprésente en une personne, elle crée en elle tout refus de transgresser les lois divines ainsi que les codes sociétaux établis. De nos jours, par exemple, avec les caméras de surveillance, qui aimerait mal se comporter quand il a conscience que ses faits et gestes sont vus par un supérieur hiérarchique ? Deuxièmement, la pudeur provient aussi de la conscience de la reconnaissance des bienfaits et des faveurs envers un tiers. Quelle gêne n’éprouve-t-on pas quand on est en face d’une personne à qui l’on est redevable. En ces instants, se déclenche en soi une gêne, une envie de bien faire, une censure de tout acte déviationniste. Il est vrai que l’ingratitude est une valeur de plus en plus répandue au même rythme que l’impudeur. Pourtant, la pudeur est la norme recommandée qui doit guider nos actes. Troisièmement, la pudeur est enfin issue d’une conscience de vénération et d’amour. En effet, en face d’une personne pour laquelle l’on a de la vénération et de l’amour, il ne vient jamais l’envie de poser un acte pouvant décevoir celle-ci. Même les mauvais penchants difficilement contenus sont refoulés au prix de mille efforts. Ce sont ces efforts qui contribuent à être pudiques. De ce qui précède, l’on observe que la pudeur est le fruit d’une éducation civique, morale et spirituelle de son esprit, de sa conscience et de son âme à la retenue, au respect de l’autre et des codes existants. Mais surtout, de la crainte et de la honte de désobéir à son Créateur Allah. C’est pourquoi Mouhammad Ibn Ali At-Tirmizi (qu’Allah soit satisfait de lui) rapporte que le Bien-aimé d’Allah (pbsl) a dit : « Place ton sentiment d’être observé en Celui dont tu n’échappes pas au regard, oriente ton remerciement vers Celui dont les bienfaits ne cessent de t’être prodigués, mets ton obéissance en celui dont tu ne peux te passer, et accorde ta soumission à Celui dont le royaume et la domination te cernent et face auquel tu ne peux fuir. » L’urgence est à la résistance par l’éducation face à la dynamique de destruction des valeurs mais aussi par la répression de certains écarts. Qu’Allah nous y aide. Amine
NURUDINE OYEWOLE [email protected] Expert-consultant en communication