ELECTIONS PRESIDENTIELLE DU 31 OCTOBRE 2020 « Autopsie d’une élection et des stratégies des protagonistes » (Première partie)

 

Les politiciens n’aiment pas les bilans. Ils préfèrent parler de l’avenir que du passé. Alors que l’avenir n’est pas visible, tandis que le passé est visible, palpable et concret.

Le Gouvernement et l’opposition ont deux stratégies diamétralement opposées dans la préparation des élections du 31 octobre 2020.

                        A. STRATEGIES DE L’OPPOSITION ET DU POUVOIR

  1. La stratégie de l’opposition vis-à-vis des élections du 31 octobre 2020

Depuis le départ, l’opposition n’a pas eu confiance au Gouvernement quant à sa volonté de la tenue d’une élection transparente inclusive.

A première vue, l’opposition a manifesté sa volonté de reformer la composition de la Commission Electorale Indépendante (CEI). A cause de ce manque de confiance, elle a eu recours à l’extérieur.

Ainsi elle a obtenu en sa faveur, un arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Dans cette dynamique, le Gouvernement a accepté de modifier l’ordonnance portant création de la CEI pour créer un poste de vice-présidence attribué à l’opposition, en l’occurrence au PDCI-RDA, chef de file de l’opposition.

Mais contre toute attente le vice-président désigné par le PDCI n’a jamais prêté serment. Cependant, la CEI, pour tenir compte du délai constitutionnel du 31 octobre 2020 à continuité à fonctionner sans une opposition significative, rejoint finalement par le FPI d’AFFI N’Guessan.

 

Donc la première étape pour pouvoir bloquer le fonctionnement de la CIE n’a pas marché. Mais, l’opposition a quand même déposé la liste de ses candidats, aux présidentielles à la CEI. Quand la CEI a publié la liste des candidats, l’opposition n’a pas  récusé ce travail de composition des dossiers des 44 candidats, mais dès que le conseil constitutionnel a publié la liste des quatre candidats retenus, l’opposition a demandé de dissoudre, et la Commission Electorale Indépendante et le Conseil Constitutionnel. Tout en demandant parallèlement le retrait de la candidature d’Alassane OUATTARA qu’elle réclamait du reste avant même l’arrêt du Conseil Constitutionnel.

Le but finalement de cette stratégie était d’obtenir un régime de transition qui serait dirigé par une autre personnalité qu’Alassane OUATTARA. L’opposition a utilisé plusieurs moyens pour atteindre les buts assignés à cette stratégie. D’abord la pression extérieure et internationale et ensuite la pression intérieure.

Au plan extérieur, à la demande de l’opposition, plusieurs missions diplomatiques se sont succédées à Abidjan pour rencontrer et le pouvoir et l’opposition : il s’agit entre autres de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, de la CEDEAO et de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Toujours à la demande insistante de l’opposition, les Etats-Unis d’Amérique et la France se sont prononcés sur la situation ivoirienne.

Au plan intérieur, l’opposition a réussi à créer un front commun qui comprend, le PDCI, les deux branches du FPI et le GPS.

Apres avoir créé ce large front, l’opposition a lancé plusieurs mots d’ordre : marches et manifestations éclatées, désobéissance civile et boycott actif. Elle menace maintenant de mettre en place un Gouvernement de transition sans Alassane OUATTARA.

2. La stratégie du pouvoir

Le pouvoir tenait coûte que coûte, à l’organisation des élections à la date indiquée par la constitution. C’est-à-dire le 31 octobre 2020

Parce que si les élections ne se tenaient pas le 31 octobre, la porte serait ouverte à toutes les hypothèses et toutes les dérives et surenchères politiques. Ainsi pour le Gouvernent, toutes les discussions inévitables autour de la tenue des élections du 31 octobre devraient tenir compte de l’impératif du respect de la date constitutionnelle pour l’élection présidentielle.

Ainsi, malgré les divergences profondes avec l’opposition, le collège électoral a été mis en place et a travaillé jusqu’à la réception des 44 candidatures pour les élections du 31 octobres 2020. Entre-temps le candidat désigné du RHDP, parti au pouvoir est décédé à quelques jours du dépôt des candidatures. Ce cas de force majeure a conduit le président Alassane OUATTARA sur la demande de son parti, à se représenter à l’élection présidentielle alors qu’il y avait renoncé publiquement au mois de mars 2020, en présence du Congrès réuni en séance extraordinaire.

Ce changement de dernière minute n’a pas influencé le calendrier du Gouvernement ni sa stratégie pour le déroulement des élections présidentielles du 31 octobre 2020.

En gros, le Gouvernement dans sa stratégie à faire jouer aux institutions leur rôle tel que définis dans la loi fondamentale, avec le chronogramme conséquent. Pour expliquer que la constitution a été promulguée depuis l’année 2016.

Par Alex Comoé Brou

A suivre……………..