Au pays enchanté de Trump, là où l’islamophobie, attisée à dessein, a atteint son paroxysme, les discriminations anti-musulmans, légitimées par le discours officiel outrancier et fielleux, frappent un peu partout, jusque dans l’univers impitoyable d’une prison de l’Alaska.
Dénoncé auprès des autorités judiciaires par deux prisonniers de confession musulmane qui ne pouvaient plus endurer davantage d’humiliations et de sévices, se plaignant notamment, en ce mois de jeûne, de se voir servir intentionnellement des repas contenant du porc, de surcroît très faibles en teneur calorique, le centre pénitentiaire d’Anchorage a été sommé de revoir instamment son menu « Spécial Ramadan » des plus indigestes.
Face à la malveillance manifeste de sa direction qui s’est rendue coupable d’une discrimination religieuse caractérisée, le très influent Conseil sur les relations américano-islamiques (CAIR) est monté aussitôt au créneau pour faire entendre les récriminations des deux hommes et s’insurger contre les « mauvais traitements, cruels et inhabituels, infligés à des détenus musulmans ».
Joignant le geste fort à la parole indignée, l’association phare de défense des droits des musulmans américains a porté plainte, mardi dernier, auprès du tribunal fédéral de l’Alaska contre les responsables de l’administration pénitentiaire locale et deux gardiens de prison, exigeant le respect de l’intégrité morale et physique des prisonniers musulmans, ainsi que de leur croyance et rituels. Le CAIR a également demandé qu’ils bénéficient, non pas d’un raffinement de cruauté, mais du même « régime nutritionnel équilibré » auquel ont droit les autres prisonniers.
Les autorités judiciaires de l’Alaska n’ont pas tardé à réagir, puisque deux jours après avoir été saisies de l’affaire, elles ont ordonné à la direction de la prison d’Anchorage, via une mesure d’urgence, de changer immédiatement ses pratiques internes pour offrir des « repas adéquats » aux détenus de confession musulmane.
Bien que satisfaits de la célérité et de l’arbitrage de la justice américaine, les responsables du CAIR n’ont guère savouré cette victoire au goût amer… Ils redoutent, en effet, qu’elle soit annonciatrice d’autres combats à livrer dans les prétoires contre les discriminations qui risquent fort de s’intensifier à l’encontre des minorités ethniques en général, et de la communauté musulmane en particulier.
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