Après avoir surmonté tous les obstacles qui ont jalonné son parcours du combattant, l’heure de la consécration a sonné pour la méritante et opiniâtre Maysaa Ouza, la première femme voilée élevée au grade de lieutenant dans le très viril corps de l’US Air Force JAG, l’organe juridique de l’armée de l’air américaine.
Un bonheur n’arrivant jamais seul, la première avocate et femme officier de confession musulmane, dont le treillis et l’uniforme sont
rehaussés d’un hijab noir ou bleu marine pour lequel elle a dû batailler, a eu l’honneur d’être désignée « aviatrice du mois » par sa haute hiérarchie. Couverte d’éloges, le portrait flatteur brossé par ses supérieurs l’a décrite comme une « véritable dirigeante qui contribue grandement au prestige et à l’essor de l’armée de l’air ».
Une éclatante victoire remportée sur elle-même et sur les préjugés tenaces, de surcroît dans un univers militaire qui demeure l’un des derniers bastions du machisme, que cette Américano-libanaise savoure aujourd’hui avec une émotion particulière. Elle tire, en effet, une grande fierté de n’avoir jamais sacrifié ses convictions profondes et son éthique sur l’autel d’une carrière prometteuse dans la grande muette américaine.
Diplômée de la faculté de droit de l’Université de Toledo, la vocation de Maysaa Ouza, d’abord née confusément en elle, n’a fait que croître au fil des années, avant d’éclore au grand jour. Elle serait juriste, sinon rien, dans la prestigieuse unité de l’US Air Force, s’armant de courage et de persévérance pour intégrer sa formation très sélective, braver les stéréotypes liés à l’islam et les foudres de ses farouches détracteurs.
« J’étais la première femme musulmane voilée à être admise dans ce programme réputé très difficile, à la base aérienne Scott Air Force, dans l’Illinois. Je peux vous assurer que la compétition et les préjugés y faisaient rage », a-t-elle confié, radieuse, dans le documentaire diffusé sur la NBC qui l’a mise en pleine lumière, retraçant l’itinéraire d’une femme d’exception qui a d’ores et déjà marqué de son empreinte singulière l’histoire militaire des Etats-Unis.
Soutenue par l’American Civil Liberties Union (ACLU) dans son âpre combat pour conserver son hijab, Maysaa Ouza a eu raison de ne pas rendre les armes devant l’hostilité manifestée à son endroit par certains hauts gradés de l’armée de l’air, même quand son refus de se dévoiler semblait constituer un handicap rédhibitoire.
En effet, les arguments avancés par les avocats de l’influente association américaine de « défense des droits et des libertés individuelles garantis par la Constitution » ont réussi à assouplir la position de ses opposants les plus irréductibles. Ils ont fait l’effet d’un prodigieux sésame, lui ouvrant les portes, hermétiquement closes, de l’US Air Force.
Grâce à « l’accommodement religieux » qui lui a été octroyé, le lieutenant Ouza a pu montrer toute l’étendue de ses compétences et la motivation à toute épreuve qui l’animait. Elle a su gagner l’estime, la confiance et même la sympathie de ses supérieurs, de ses formateurs ainsi que de ses camarades de promotion, dans une armée américaine où un changement des mentalités était en train de s’opérer, aboutissant à une véritable révolution en 2017 : l’autorisation du port du hijab pour les femmes musulmanes enrôlées dans ses rangs.
« L’islam et l’armée ont plus de similitudes que l’on pense : la discipline, la modestie, la justice, le sens des valeurs. D’une certaine manière, j’oserais dire que le hijab et l’uniforme représentent la même chose », a déclaré Maysaa Ouza, la femme officier voilée désormais parée de toutes les vertus par l’armée de l’air américaine.