La Côte d’Ivoire vient de signer deux (2) Contrats de Partage de Production (CPP) avec la compagnie américaine, Exxon Mobil, la première société pétrolière du monde. Cette double signature est le fruit de longues et complexes négociations, aussi bien à Londres, Paris, Houston qu’à Abidjan et à Yamoussoukro, avec en prime le retour de Exxon Mobil en Côte d’Ivoire après 32 ans et plus de deux cent milliards de FCFA d’investissement pour les premières périodes exploratoires.
Après plusieurs mois d’âpres négociations aussi bien à Houston, qu’à Londres, la délégation ivoirienne qui se rend pour la dernière session à Paris est restée toute pensive et anxieuse malgré le luxueux environnement du super avion dernier fleuron d’Airbus la 380 qui les transporte ce mercredi soir. Car rien n’est encore gagné alors que la date de signature à déjà été fixée par les plus hauts responsables de part et d’autres. Au même moment, la délégation américaine, qui a déjà quitté Houston pour Paris prépare les salles de réunion dans le luxueux cadre de l’Hôtel Square sis à 3 rue de Boulainvilliers, 75016, dans le 16e arrondissement de la capitale française où elle arriva 24 heures plus tôt que la délégation ivoirienne.
Paris n’est-elle pas la capitale historique de toutes les grandes négociations ?
Le 4 décembre 2014, aussi tôt arrivés à l’aéroport Roissy Charles De Gaulle, les premiers responsables de la délégation ivoirienne se rendent sur le champ à l’Hôtel Square où ils arrivent à 08 heures. Ils y sont rejoints par le reste des négociateurs ivoiriens en mission à Paris depuis une dizaine de jours.
Les négociations débutant à 10 heures, comme convenu des jours auparavant. Elles vont s’étendre sur 2 jours, à raison de 18 heures de travail par jour, soit de 10 heures jusqu’au petit matin. Les repas sont pris dans la salle des réunions et les pauses permettent à chaque partie de recevoir des dernières consignes de sa hiérarchie, à Abidjan et à Houston. Chaque délégation à sa propre stratégie.
Pour la société américaine vieille de plus de cent (100) ans, habituée aux changements politiques avec leurs conséquences sur ces genres de contrats de longue durée, elle veut s’assurer d’un parapluie atomique sur les principaux articles du CPP la vie du contrat pouvant durer jusqu’à plus de trente ans. Avec ses 80.000 employés de toutes nationalités, elle opère partout dans le monde, aussi bien dans le désert saoudien que dans les forêts amazoniennes et deltas africains. Avec un capital de 416 milliards de Dollars (environ 334,5 milliards d’Euros) au 31 mars 2014, elle est la deuxième capitalisation boursière du monde, soit 44 fois le budget prévisionnel ivoirien 2015 (5.014,3 milliards FCFA, soit environ 7,6 milliards d’euros).
Pour la société américaine vieille de plus de cent (100) ans, habituée aux changements politiques avec leurs conséquences sur ces genres de contrats de longue durée, elle veut s’assurer d’un parapluie atomique sur les principaux articles du CPP la vie du contrat pouvant durer jusqu’à plus de trente ans. Avec ses 80.000 employés de toutes nationalités, elle opère partout dans le monde, aussi bien dans le désert saoudien que dans les forêts amazoniennes et deltas africains. Avec un capital de 416 milliards de Dollars (environ 334,5 milliards d’Euros) au 31 mars 2014, elle est la deuxième capitalisation boursière du monde, soit 44 fois le budget prévisionnel ivoirien 2015 (5.014,3 milliards FCFA, soit environ 7,6 milliards d’euros).
Quant à la délégation ivoirienne, elle doit préserver les intérêts des générations présentes et à venir, tout en veillant au strict respect du code pétrolier ivoirien. Les enjeux sont donc énormes. Au point que de temps en temps, il y a négociation dans la négociation; car à l’intérieur de chaque camp on doit d’abord harmoniser les points de vue avant d’argumenter face à l’autre.
Dans une négociation, on ne peut tout prévoir d’avance. Trois (3) qualités essentielles restent cependant indispensables : la maitrise des dossiers, une bonne capacité d’écoute, une gestion intelligente des points de divergences sans perdre le temps et la confiance de l’autre. Il faut aussi de l’endurance, de la patience et de l’humilité. Et par-dessus tout un esprit d’équipe. L’équipe de négociateurs ivoiriens, bien que jeune, a négocié plus d’une vingtaine de contrats en moins de trois (3) ans depuis la nomination de Monsieur ADAMA TOUNGARA, à la tête du Ministère du Pétrole et de l’Energie, un négociateur chevronné, expérimenté et excellent coach pour son équipe.
Ainsi après deux (2) jours et deux (2) nuits d’intenses négociations, les américains et les ivoiriens se mettent d’accord sur les concepts des principaux articles. Il restera maintenant à se mettre d’accord sur les formulations des concepts ainsi conclus. Les deux équipes se félicitent mais chacune redoute cette dernière épreuve car parfois cela s’avère tout aussi ardu. Dr DIABY Ibrahima Directeur général des Hydrocarbures et négociateur en chef du côté ivoirien reste toujours confiant mais résolument prudent. Comme on le dit souvent, le diable se cache dans les détails. Cependant, un membre de la délégation ivoirienne révèle à ses coéquipiers son optimisme. En effet, lors du repas pris en commun avec la délégation américaine au fameux restaurant dénommé Le Drouant sis à 16 rue Gaillon, 75002 Paris, il a appris incidemment que les négociateurs américains et même leur responsable devant signer les 2 CPP, avaient déjà réservé leurs billets et leur hôtel à Abidjan.
En quittant l’hôtel Square pour l’aéroport de Paris, ce dimanche 7 décembre 2014, qu’ils traversent sans le moindre embouteillage, les négociateurs ivoiriens tout en regrettant n’avoir passé que moins de deux heures cumulées dans leurs luxueuses chambres pendant ces dernières 48 heures de négociations, ne sont pas moins anxieux qu’auparavant. Ils sont désormais dans la dernière ligne droite pour la signature des 2 plus gros contrats signés en Côte d’Ivoire et avec la plus grande société pétrolière mondiale.
Cette signature est d’autant plus importante qu’elle constitue le lancement de la troisième génération de la recherche pétrolière en Côte d’Ivoire. La deuxième génération lancée entre 2011 et 2014 par le Ministre TOUNGARA ADAMA à déjà marqué un bilan plus qu’éloquent : entre décembre 2011 et décembre 2014 (3ans), plus d’une vingtaine de contrats pétroliers ont été signés, et plus de vingt (20) puits ont été forés dont cinq (5) principales découvertes avec un investissement cumulé de plus de six cent (600) milliards de francs CFA. Il faut rappeler qu’entre 2000 et 2010 (10 ans), seuls un peu plus d’une dizaine de puits seulement ont été forés. La production de Gaz Naturel, principale source d’électricité en Côte d’Ivoire, est passée de 170 millions de pieds cubes par jour à 215 millions de pieds cubes par jour. Comme contribution directe dans le trésor public entre 2011 et 2014, les revenus versés directement au trésor public représentent plus de cinq fois le montant cumulé de 2000 à 2010. Soit un peu plus de dix milliards à près de soixante milliards. Et enfin pour s’assurer de la maitrise de l’exploitation des ressources gazières et pétrolières d’aujourd’hui et de demain le Ministre Toungara a lancé depuis 2011 un programme de formation qui compte aujourd’hui près d’une centaine de boursiers dans les meilleures institutions pétrolières aux usa, en Europe et en chine.
Malgré ce bilan élogieux, les négociateurs ivoiriens savent qu’il manque au tableau de chasse de leur Département, la première société pétrolière mondiale, Exxon Mobil dont les négociateurs atterrissent pour la énième fois à l’aéroport Félix HOUPHOUËT-BOIGNY à bord d’un Boeing 777 d’Air France le soir du lundi 15 décembre 2014. Les américains se dirigent directement au 5e étage de l’immeuble SCIAM à la Direction Générale des hydrocarbures, où les attend l’équipe de négociateurs ivoiriens alors que l’immeuble se vide de ses derniers employés. Ainsi va commencer la dernière séance marathon dans le calme nocturne de cet immeuble de verres, et qui tiendra toutes ses promesses. Commencée vers 21h 30, elle se termine à 04h45 au petit matin. Le Ministre du Pétrole et de l’Energie est le premier informé de la conclusion des accords. Après un « ouf ! » de soulagement, car sachant cet accord suivi et attendu au plus haut sommet, il se souvient qu’il y a 32 ans, il avait convaincu Exxon Mobil, à l’époque Esso, à venir en Côte d’Ivoire après avoir décliné un salaire mirobolant comme jeune ingénieur dans cette compagnie. Il avait préféré son modeste salaire de fonctionnaire du Ministère de l’Economie pour aider plus son pays à asseoir une politique pétrolière étant son tout premier ingénieur de Pétrole. L’histoire lui donne raison avec ce retour d’Exxon Mobil. L’ancien Directeur Général de Petroci se souvient de cette époque : « les premiers indices d’hydrocarbures découverts par ESSO (EXXON) en Côte d’Ivoire n’étaient pas suffisants pour convaincre une société d’un tel rang. Aussi a-t-il fallu la dextérité de Monsieur Adama TOUNGARA pour convaincre ESSO (EXXON) à continuer à travailler dans l’offshore ivoirien. Ce qui aboutit à la découverte et à la mise en exploitation du premier gisement ivoirien le champ BELIER en 1974, dont les réserves étaient estimées à près de 25 millions de barils et 20.milliards de pieds cubes. Pour marquer cette première découverte d’hydrocarbures en Côte d’Ivoire, le Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, qui suivait de très près avec Monsieur Adama TOUNGARA les forages, a reçu et décoré les plus hauts responsables de la société américaine ESSO (EXXON). Et c’est à cette unique et dernière occasion, le premier Président ivoirien a bu la première et dernière coupe de champagne de sa vie. »
En ce mardi du 16 décembre 2014, au petit matin avant d’aller rapidement enfiler vestons et cravates de circonstance, les négociateurs américains et ivoiriens se félicitent bruyamment et chaleureusement pour la première fois depuis plusieurs mois car le pari vient d’être tenu. Les services du Cabinet de Monsieur le Premier Ministre aux aguets depuis plusieurs mois, avaient déjà informé, la veille, que la cérémonie de signature aurait lieu le 16 décembre à 08h30 audit Cabinet et serait présidée par le Premier Ministre avant son dernier conseil de Gouvernement de l’année 2014. Tout un symbole ! S.E.M. Kablan DUNCAN avait présidé la campagne de promotion de l’ultra deep ivoirien à Houston. A cette occasion, il avait visité le quartier général d’Exxon mobil dont il avait invité les responsables à répondre positivement à l’appel de la Côte d’Ivoire. En regardant ses trois ministres (Monsieur Adama TOUNGARA, Ministre du Pétrole et de l’Energie, Madame Nialé KABA, Ministre auprès du Premier Ministre, chargé de l’Economie et des Finances, et Monsieur Abdourahmane CISSE, Ministre auprès du Premier Ministre, chargé du Budget) signer ces deux (2) précieux contrats aux côtés de la présidente de Exxon Mobil, les tous premiers contrats de l’ultra deep, le Premier Ministre était tout heureux en ce début de fin d’année 2014. Il a même tenu à rester près d’une trentaine de minutes en compagnie de ses invités américains à qui il offrait à l’occasion un somptueux cocktail.
Après la cérémonie de signature, la délégation américaine, forte de neuf (9) membres et escortée par la police diplomatique, traverse à vive allure la commune du Plateau pour retrouver ses quartiers à l’hôtel SOFITEL Ivoire sis à Cocody, en ce jour de grands embouteillages et d’inauguration du pont Henri KONAN Bédié. En regardant la piscine panoramique de l’hôtel Ivoire, le chef des négociateurs américains exprime au Directeur général des Hydrocarbures, son admiration pour Abidjan où il espère revenir incessamment pour savourer encore l’hospitalité légendaire des ivoiriens avec en prime de grandes découvertes pétrolières sur les deux (2) blocs de 9.416 km² qu’elle vient d’obtenir, tout en rappelant avec humour, qu’il y a 32 ans, Exxon Mobil avait le droit exclusif sur tous les 32.000 km² du bassin sédimentaire ivoirien. Ainsi va la vie et le destin des pays, des sociétés et des hommes.