Gbagbo et Bédié doivent s’engager dans le processus de réconciliation

INTERVIEW/ DR FAMOUSSA COULIBALY (CADRE DU RHDP) :

‘’Gbagbo et Bédié doivent s’engager sans condition dans le processus de réconciliation’’

Député de Divo et président de la commission des relations extérieures à l’Assemblée nationale, Dr Famoussa Coulibaly analyse la rencontre tenue, samedi dernier à Daoukro, entre Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA et Laurent Gbagbo, récemment acquitté par la cour pénale internationale et co-fondateur du Front populaire ivoirien. Dans cet entretien, le directeur exécutif adjoint du RHDP chargé du monde de la culture rassure les militants de sa formation politique quant à la détermination du président de la République à travailler à la réconciliation des ivoirien.

Le patriote : Honorable, il n’y a eu le week-end dernier une rencontre de 48 heures entre les présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié à Daoukro.

 Quelle lecture faites-vous de cette rencontre ?

Famoussa Coulibaly : Ce n’est pas la première fois que Monsieur Bédié a des rencontres avec les personnalités de ce pays. Je ne sais pas quel est le projet. Mais le fait que ces deux personnalités se soient rencontrées à Daoukro, c’est dire que l’une d’entre elle a quitté Abidjan en voiture pour effectuer le trajet. Cela voudrait dire que la Côte d’ivoire, sous la houlette du président Alassane Ouattara, est en marche.  Quand vous prenez tout l’axe (Abidjan – Daoukro). Il est entièrement bitumé et il y a la sécurité. Toute chose qui laisse transparaître clairement que la sécurité est garantie pour tous les citoyens. A cela, il faut comprendre la liberté de la circulation sur l’ensemble du territoire national. Cela traduit nettement que la Côte d’ivoire est un Etat démocratique.

LP : La rencontre de ces deux poids lourds de la politique ivoirienne ne fait-elle pas peur au RHDP ?

FC : Pas du tout. Nous venons de sortir des élections législatives, le 06 mars dernier. A cette occasion nous avons v u le score de leurs différents partis coalisés. Dans mon cas à Divo où j’avais en face Candidat du PDCI -RDA-EDS, qui n’a pas eu plus de 15% au moment où j’ai obtenu 61%des voix. Alors qu’à l’époque, Divo était considérée comme une zone acquise au FPI et à Laurent Gbagbo. Les réalités ont changé. Pendant ces dix dernières années, le pays a connu une mutation profonde et les Ivoiriens ont compris le sens du développement. Ils sont satisfaits du travail abattu au quotidien par le président de la République. Le RHDP est un parti structuré avec une assise nationale eu égard au nombre de ses députés qui avoisine 160 et qui viennent de différentes régions de la Côte d’ivoire. Ce n’est pas la première fois que des partis politiques se mettent ensemble, parfois malgré la différence idéologique, pour des questions circonstancielles. Donc, au RHDP, nous continuons de travailler et vous ne verrez même pas le président de la République se préoccuper de ce qui se passe à Daoukro. Parce qu’il est résolument engagé au service des Ivoiriens. Quand tu es à cette tâche, tu ne peux pas penser à faire de la villégiature comme on l’a vu ce week-end.

LP : Vous parliez d’alliance circonstancielle.

Est-ce à dire que ce nouveau ‘’pacte ‘’ entre Bédié et Gbagbo ne durera pas ?

FC : « Je ne suis pas devin pour le savoir. Mais je dis que le RHDP n’a pas peur. Nous ne dormons pas sur nos lauriers. Vous avez vu que pendant les trois dernières semaines, le directeur exécutif du RHDP a reçu l’ensemble des délégués répartis sur le territoire national. Nous avons fait l’état de notre implantation, le bilan de l’élection présidentielle et des élection présidentielle et des élection législatives avant de dégager des perspectives. Des missions iront sur le terrain afin de constater le niveau d’implantation et de fonctionnement du parti. Nous n’allons pas tomber dans l’autosatisfaction. Comme un élève en classe d’examen, du premier jour jusqu’au dernier, nous ne laisserons pas de place à la distraction. Nous ne nous préoccupons pas des autres, mais de nous-mêmes. Il s’agit pour nous de continuer à travailler afin que les acquis de dix ans de gestions soient maintenus pendant longtemps. »

LP : Ces deux anciens présidents de la république estiment que leur rencontre sera détonateur de la réconciliation.

Qu’en pensez-vous ?

FC : Je me demande ce qu’ils appellent réconciliation. Je suis enseignant-chercheur en prévention et gestion des conflits. Je sais que la r réconciliation est un long processus. Après que le tissu social se soit fissuré, il faut réapprendre à vivre ensemble dans la confiance en posant des actes qui éliminent toute forme de discrimination et en évitant ceux qui sont source de rupture. Je pense que celui qui est à la même de faire cela depuis sa prise de fonction, c’est bien le président Alassane Ouattara. A son actif, il y a eu la CDVR, la CONARIV, le programme national de cohésion social, un ministère avait été dédié à la cohésion sociale avant d’en arriver, depuis avril 2021, au ministre chargé de la Réconciliation et de la Cohésion. Entre-temps, les questions d’indemnisation des victimes ont été prise en charge. Il y a également une loi d’amnistie en 2018 qui a permis la libération de Simone Ehivet Gbagbo et bien d’autres portes du FPI et de l’opposition. Nous avons assisté au dégât des avoirs de certaines personnalités même s’il y’a eu des soupçons de ce que ces avoirs ont servi à déstabiliser le pays et le régime. De ces nombreuses personnalités politiques sont rentrées. Celle qui avaient des fonctions dans l’administration politique ont été réintégrées. Après l’acquittement de l’ancien président Laurent. En 2016, nous rentrerons dans une nouvelle République. Les compteurs sont mis à zéro. Evidemment, dans toute démocratie, le président de la République sortant peut se présenter pour un premier mandat de la 3ème république. Ceux qui ne sont spécialiste peuvent avoir une interprétation. Mais du moment où le législateur a dit que le compteur est mis à zéro, il est à zéro. Le conseil constitutionnel a rendu une décision à cet effet. Des candidats ont été retenus dont Messieurs Affi N’Guessan et Henri Konan Bédié pour la compétition présidentielle. Certainement ayant constaté leur faiblesse sur le terrain et vu qu’ils perdraient lamentablement cette élection au regard de Laurent Gbagbo.

‘’Gbagbo n’a pas compris que la Côte d’ivoire a changé en 10 ans’’

Le chef de l’Etat a pris toutes les dispositions pour trouver un passeport, faciliter son voyage et payer son billet d’avion retour ainsi que ceux de sa famille. Nous pensons que la réconciliation est véritablement en marche. Bien au contraire, il appartient à ces deux personnalités, après avoir connu tout ce que nous avons vu sous leurs différents régimes et de la crise post-électorale créée par le CNT (Conseil National de Transition), de s’engager sans condition dans le processus de réconciliation. Si nous étions dans un autre Etat, les auteurs de cette tentative de déstabilisation avec le CNT ne seraient pas là où ils sont aujourd’hui. Ils auraient répondu de leurs actes devant la justice. Mais le président la république accorde de l’importance à ce qui peut unir les Ivoiriens en essayant de faire violence sur ses militants du RHDP et en appelant à l’esprit de pardon et de tolérance. Ce qu’on attend de ces deux personnalités politiques, c’est la repentance. Il ne peut pas avoir de réconciliation sans repentance. Nous sommes des humaines, mais en tant qu’êtres, nous devons reconnaître nos erreurs par notre action ou notre inaction. On ne peut pas gérer un pays, avoir des morts et ne pas avoir de remords. Le président de la République a eu à maintes reprises à présenter ses excuses.

LP : Que répondez-vous lorsque Laurent Gbagbo déclare que l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 est un braquage ?

FC :  Je ne sais pas ce que renferme le mot braquage. Mais j’ai vu en 2010 lorsque l’opposition, notamment le président Alassane Ouattara, a gagné les élections, il y a eu tentative de braquage. Je ne sais pas si c’est cela qu’on appelle braquage. Mais en réalité, en tant que législateur, nous devons démontrer qu’avec la nouvelle constitution de toutes les actions de développement posées par le président et candidat du RHDP, ils ont tout mis en œuvre pour déstabiliser le pays par l’appel à la désobéissance civile et le CNT.

LP : Les militants de votre parti sont inquiets. Ils dénoncent la liberté de Laurent Gbagbo qui tient parfois des propos ramant à contre-courant de la réconciliation.

Quel message à leur endroit ?

FC : Les militants doivent se rassurer. La Côte d’ivoire est au travail. Nous avons beaucoup d’acquis. Nous n’allons pas être fébriles. Laurent Gbagbo est un citoyen. Cela dénote d’ailleurs de ce que la Côte d’voire est un Etat de droit et démocratique. Ailleurs, il serait peut-être assigné à résidence. Nous ne nous occupons pas de M Laurent Gbagbo. Ce qui nous intéresse, c’est le bien des populations et de nos militants. C’est pourquoi, le chef de l’Etat a baptisé son programme de gouvernement ‘’ La Côte d’ivoire solidaire’’. Ce mandant, chacun d’eux sentira la solidarité gouvernementale. Au niveau des investissements, en termes d’éducation, de santé, d’infrastructures socio-économiques et d’emploi, la Côte d’ivoire connaîtra un autre tournant. Je pense que nous devons nous préoccuper des vraies réalités des Ivoiriens. Que Gbagbo se promène, cela ne doit pas nous émouvoir. Nous devons être zen comme le président de la République. Quand il s’engage, il gagne toujours. Nous devons avoir cela à l’esprit. En tant qu’élu, nous continuons à maintenir la proximité avec les militants afin qu’en aucun moment ils se sentent orphelins. La quasi-totalité des militants commencent à comprendre que notre chef, le président Alassane Ouattara, ne fait pas beaucoup de bruits. Il s’agit. Laissons-le agir dans la sérénité.

PROPOS RECUEILLIS PAR Fousseny Touré

Le Patriote N°6456 du Mercredi 14 juillet 2021