Hadith

Au départ, un hadīth désigne une expression verbale, une parole, un « dit ». Le terme a ensuite été retenu pour désigner la compilation des dits du prophète Mohammed, et la discipline consacrée à leur étude. Le Coran livre sans ordre chronologique ou thématique des prescriptions législatives, des injonctions morales, des éléments eschatologiques, et cela dans différents registres : tantôt celui de la simple description ou chronique, tantôt celui de la controverse, tantôt celui du lyrisme naturaliste, de la parabole ou de l’hyperbole. Aussi le besoin de répertorier les injonctions coraniques a-t-il été éprouvé très tôt par les savants musulmans, et ils y ont répondu en les classant à partir des dits du prophète Mohammed, retenus soit pour les corroborer, soit pour les expliquer comme dans le cas des prières quotidiennes obligatoires, annoncées sans mode d’emploi dans le Coran. Le hadith entendu comme la discipline qui traite exclusivement des dits et actes du prophète Mohammed a été élaboré dès le deuxième siècle de l’islam par les traditionnistes. Il est la matérialisation de ce que l’on appelle communément la sunna, c’est-à-dire la tradition prophétique. Considéré dans l’islam sunnite, ultra-majoritaire, comme le second texte fondateur (le premier étant le Coran), il est contrairement à ce dernier composé de plusieurs recueils, rédigés sur plusieurs générations voire plusieurs siècles après la mort du Prophète. Une position névralgique qui n’est pas sans poser question au regard du « dernier mot » qu’elle a le pouvoir « d’imposer », mais également au regard des nombreuses interrogations d’ordre méthodologique ou amphibologique1 qu’elle suscite. Dans l’islam sunnite, la place du hadith est incontournable. Rien n’est possible sans son concours, tant on le rencontre dans presque tous les espaces, que ce soit au niveau du dogme (ᶜaqīda), du droit (fiqh), des rituels (ᶜībadāt) ou des rapports humains (muᶜāmalāt). Et en marge de ces espaces fondamentaux, il n’est pas rare qu’il traite de certains cas jamais abordés par le Coran lui-même.