HISTOIRE SECRETE DES DIVERGENCES ENTRE ADO, BEDIE ET LES POLITICIENS IVOIRIENS (Quatrième partie)

 

PARTIE IV : ADO ET SES COMPAGNONS DE LUTTE

Dans le long cheminement d’ADO vers le pouvoir, tous ses compagnons n’ont pas tenu, tant les écueils étaient innombrables et divers. Certains l’ont abandonné avant l’aboutissement de son combat. D’autres l’ont abandonné pendant qu’il était au pouvoir. En voici quelques-uns. Mais la majorité de ses compagnons de lutte est restée.

De 1993 à 2020, sur la longue liste des compagnons politiques d’Alassane OUTTARA, il y a trois catégories :

  1. Ceux qui n’ont pas pu attendre l’aboutissement du combat, et qui ont préféré débarquer du train ;
  2. Il y a ceux qui ont quitté pour des raisons personnelles ou plus tôt pour des raisons d’ego ;
  3. Il y a enfin ceux qui sont avec Alassane OUATTARA depuis toujours et prêts à tout pour être à ses côtés.

Deux temps ont été choisis par certains compagnons d’Alassane OUATTARA pour le quitter, pendant l’exercice du pouvoir d’Etat.

Dans l’opposition à l’arrivée de BEDIE au pouvoir, ses compagnons, Adama COULIBALY et ZEMOGO Fofana. Et avec l’arrivée de GBAGBO au pouvoir, Ben SOUMAHORO le quitte après avoir été un brillant défenseur de Alassane OUATTARA.

Il disait d’Alassane « on rentre chez lui avec ses propres idées mais on sort de chez lui avec ses idées… » après son départ du camp d’Alassane OUATTARA, Ben SOUMAHORO se transforma en opposant farouche. Et il mourut en exil au Ghana.

Une fois au pouvoir d’Etat, les compagnons d’Alassane OUATTARA vont engager des batailles de positionnement autour du charismatique chef, entre temps devenu aussi le Président du Rassemblement des Houphouetistes pour la Paix.

Dans ce cadre, la bataille de positionnement a été exacerbée lorsque Alassane OUATTARA a exprimé sa volonté de ne plus briguer un autre mandat.

Et quand il choisit Amadou GON COULIBALY comme son successeur, la bataille de positionnement a atteint son paroxysme. Coup que coup, d’abord Amon TANOH compagnon d’Alassane OUATTARA et confident de plus de 25 ans claque la porte pour se porter candidat. Mais bien avant, KABLAN Dunkan a présenté sa démission au poste de Vice-Président de la République.

Mais en dehors d’un communiqué laconique, l’ancien compagnon de Alassane OUATTARA s’est muré dans un silence total.

Albert Mabri Toikeuse, Président de l’UDPCI et compagnon d’Alassane OUATTARA au RHDP, a claqué la porte pour se porter candidat à la présidentielle de 2020.

Il a été recalé en même temps que marcel Amon TANOH, par le Conseil Constitutionnel, pour défaut de parrainages citoyens.

Cependant, les deux accusent ouvertement Alassane OUATTARA pour leurs déconvenues. Et depuis ils ont rejoint l’opposition radicale.

Enfin, quant à Soro Kibgafori Guillaume, il a quitté Alassane après avoir été viré du poste de Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire. Contraint à l’exil et accusé de complot contre la sureté de l’Etat, SORO Guillaume apparait comme un ex-compagnon d’Alassane OUATTARA les plus redoutables.

Il affirme mordicus depuis les bords de la seine à Paris, qu’il n’y aura pas d’élection le 31 Octobre 2020, quand Alassane affirme que ces élections auront bel et bien lieu et dans les meilleures conditions.

I-Houphouët et ADO

Entre Houphouët et Ado, c’était surtout des relations d’un père à un fils. Un fils qui vient donner sa poitrine pour sauver le père en difficultés. Car sa culture lui enseigne qu’en se mettant au service d’un vieillard ou d’un homme en difficulté, on est récompensé par Dieu avec la Barakat dans toutes vos œuvres.

Houphouët voyait en Alassane un homme capable de l’aider à survivre politiquement et surtout un homme qui n’est pas aux aguets pour le pousser à la Porte. Tant et si bien que l’un avait pour l’autre des sentiments de profonde estime au-delà des affaires de l’Etat. On raconte qu’à l’arrivée du Président dans l’avion sanitaire, Ado était le premier à monter dans l’avion. Alors que Houphouët était dans un semi coma il se réveilla et dès qu’il vit Alassane il lui aurait dit « Ah tu es là? » Ado aurait répondu « Oui Papa je suis là » Puis Houphouët sombra et il ne se réveilla plus jamais.

Ses relations spéciales avec Houphouët et surtout tous ses efforts surhumains pour ‘sauver Houphouët ‘ n’étaient pas du goût de tout le monde. Et surtout de ceux qui s’étaient cru suffisamment bien préparés pour prendre enfin les rênes du pays après la mort d’Houphouët.

II-ADO et Amon TANOH

En dehors d’Amadou Gon parmi les collaborateurs d’Ado, personne n’était aussi proche que Amon Tanoh. Il était également très proche de Dominique OUATTARA l’épouse d’Alassane. Il était aussi celui qui avait une indépendance d’esprit et de comportement à nul autre pareil. Il faisait ce qu’il voulait autour d’eux. Si vous aviez un problème avec Amon TANOH tout le monde vous disait perdant dans l’affaire si ça arrivait chez le couple Ado. Alassane lui confiait des dossiers de sa famille telles que les obsèques de sa mère qui a été gérée de bout en bout par Marcel Amon TANOH seul.

Si Amadou se considérait comme le fils et Hamed le fils de Dominique, Amon Tanoh se considérait uniquement que comme ami et collaborateur. Même pas militant du parti d’Ado. Il se disait alassaniste mais pas RDR. Donc quand « son ami » a choisi Amadou comme successeur, il a fait son choix définitif ; claquer publiquement la porte en démissionnant du Ministère des Affaires Étrangères contre l’avis d’Ado.

Pour certains observateurs c’était prévisible car MAT était l’enfant terrible et l’enfant gâté d’Ado.

III-ADO et Albert Mabri Toikeuse

ADO a toujours eu de l’estime pour Mabri Abdallah Toikeuse car en plus de l’Houphouëtisme, les deux hommes ont en commun la sympathie pour le Général Guéi. En outre dans le renforcement de ses relations diplomatiques et financières avec les pays du Moyen orient, Mabri était chez ADO comme étant le spécialiste sur la question. Grace à cette complicité entre les deux, la Côte d’Ivoire a obtenu le financement de plusieurs projets structurants. Mais Mabri se sentait à l’étroit à l’intérieur du RHDP, d’où sa volonté de ne pas se faire avaler totalement dans ce rassemblement Houphouëtiste. Ainsi de guerre lasse, il s’en est allé tout en laissant derrière lui au RHDP quelques ténors de son parti. Il ne s’est pas contenté de partir simplement comme Duncan. Il s’est porté candidat contre ADO, et serait ensuite opposant déterminé.

IV-ADO et Daniel Kablan. Duncan

Les relations entre ADO et Duncan ont toujours été basée sur le travail, toujours le travail et uniquement le travail. Duncan n’a jamais été un militant politique au sens réel du terme. Même dans son parti d’origine le PDCI, il n’a jamais joué un rôle de premier plan. Avec Alassane, il a gravi tous les échelons du Gouvernement jusqu’à se hisser au prestigieux poste de vice-présidence qu’il abandonna à quelques semaines des échéances présidentielles de 2020.

Alassane le considérait comme un grand commis de l’Etat qui n’est pas intéressé par la politique. Or de toute évidence sa démission serait liée à des raisons politiques relatives à la désignation par ADO d’Amadou Gon comme candidat du RHDP. Mais curieusement après son départ, il s’est muré dans un silence total alors que Mabri Toikeuse et Amon TANON se sont portés candidat pour les élections présidentielles.

 

V-ADO et SORO Kibafori Guillaume

Soro n’est pas un compagnon de route d’ADO, contrairement à Ahmed BAKAYOKO et Amadou Gon COULIBALY. Il a été un admirateur d’ADO, en qui il croyait et pour lequel il s’est battu avec courage.

A l’avènement d’ADO à la magistrature suprême, SORO occupa successivement le Poste de Premier ministre puis celui du Président de l’Assemblée Nationale.

Visiblement pour SORO, ces postes n’étaient pas suffisants à ses yeux. Il aurait souhaité le poste de Dauphin d’Alassane. Une place où étaient déjà en pole position Amadou Gon et Ahmed BAKAYOKO, les fidèles parrain les fidèles. Un dauphin ne s’impose pas à celui qui en prend la décision. SORO ne l’a pas compris. Hélas !

Par Comoe Alex Brou

Fin.