(Agence Ecofin) – L’Union européenne (UE) fait-elle preuve de mauvaise foi dans sa gestion de la crise des migrants africains ? A en croire l’EUNPACK, (organisme de surveillance des actions de l’UE dans le cadre de la gestion des crises NDLR), la réponse à cette question serait « oui ».
Selon un rapport de l’institution relayé par le quotidien d’information britannique The Guardian, il existerait un réel décalage entre les déclarations émises par les responsables de l’UE et les actions réellement mises en place sur le terrain pour endiguer le phénomène de la crise migratoire.
En effet, selon les récents engagements pris par les dirigeants européens, l’institution vise à augmenter ses dépenses sur le continent africain de plus de 20% au cours des sept prochaines années. Ceci devait induire un décaissement d’au moins 36 milliards d’euros (41,5 milliards $) afin de régler le problème à la base, dans les pays africains les plus concernés par cette situation.
Cependant l’EUNPACK indique que cet objectif pourrait se transformer en un échec total, si l’UE continue sur la lancée qui est la sienne actuellement. En effet, une analyse des politiques mises en place par l’institution, indiquait un « manque inquiétant de systèmes de suivi et d’évaluation d’impact dans la plupart des initiatives de réponse de l’UE à la crise en Libye ». De plus, près de 144 millions d’euros (166,2 millions $) investis par l’institution au Niger et au Mali qui représentent des pays de départs massifs de migrants, se sont révélés inefficaces.
Ainsi, les fonds investis jusque-là par l’institution européenne seraient mal dirigés, peu responsabilisés et violeraient même les droits humains fondamentaux en finançant de façon indirecte la traite des humains en Libye, via les financements accordés aux gardes-côtes libyens dont la complicité avec plusieurs bandes armées locales aurait été démontrée.
Pour éviter une dégradation de la situation, William Swing, directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), préconise une meilleure implication de l’institution européenne en collaboration avec l’ONU, afin de mettre en place des systèmes efficaces et d’assurer leur suivi. Des centres de traitements des demandes d’asile dans les principaux corridors migratoires limitrophes de la Libye (Niger et Tchad entre autres) pourraient également être mis en place. Cela devrait permettre de réduire l’afflux des réfugiés clandestins en Europe et d’endiguer le nombre de morts enregistrés lors des traversées périlleuses de la Méditerranée.
Pour rappel, en 2017, 17 millions de migrants auraient quitté l’Afrique selon un rapport de la CNUCED publié en mai dernier.
Moutiou Adjibi Nourou