Elles ont bravé le patriarcat ambiant au nez et à la barbe des autorités de leur pays, trois jeunes femmes iraniennes, pleines de hardiesse, se sont affranchies de l’interdiction d’entrée dans les stades qui frappe la gent féminine pour assister à un match de football, non sans un certain panache et une bonne dose d’espièglerie, malgré les sanctions encourues.
Méconnaissables dans leur déguisement masculin, elles sont passées totalement inaperçues, la semaine dernière, en prenant place dans les gradins du stade Azadi, à Téhéran, résolues à recouvrer une liberté fondamentale qui leur est abusivement déniée depuis des décennies.
Où pouvaient-elles mieux défier le pouvoir en place et les lois intransigeantes que dans une enceinte sportive ayant pour nom « liberté » ?
« Pourquoi devrais-je avoir peur ? Nous, les femmes, ne commettons aucun crime en allant dans les stades ! », s’est exclamée l’une d’elles au micro de la BBC, en insistant sur le fait que cet ostracisme à l’égard de ses congénères n’est pas inscrit dans le marbre de la loi, mais est purement officieux.
Selon l’ONG Human Rights Watch, ce refus discriminatoire de laisser entrer les femmes iraniennes dans les stades repose sur la théorie selon laquelle leurs chastes oreilles « ne devraient pas entendre les supporters masculins jurer et maudire ».
Alors que leur mystification réussie a fait le buzz sur les réseaux sociaux, les trois amies intrépides ignorent encore ce qui leur en coûtera d’avoir osé narguer les autorités, en publiant les photos de leur exploit sur le Net.
On peut raisonnablement craindre le pire pour ces trois frondeuses iraniennes, au vu de l’arrestation retentissante de 35 femmes, en mars dernier, qui s’étaient elles aussi aventurées dans un stade de football, et ce, en dépit de l’engagement pris, quelques jours plus tôt, par le président de la République islamique d’Iran, Hassan Rouhani, de mettre fin à cette discrimination envers la gent féminine. L’annonce de leur interpellation avait alors soulevé une houle d’indignation sur la Toile.