“Jusqu’où laisserons-nous passer la haine des musulmans ?” : 90 personnalités s’indignent devant l’agression subie par une maman voilée

Plus de cinq jours après l’humiliation publique intolérable subie par une accompagnatrice d’enfants voilée au sein du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, de la part de Julien Odoul, l’élu RN de la honte, la saine indignation générale ne retombe pas.

Alors que le Premier ministre Edouard Philippe s’est évertué hier, mardi 15 octobre, devant l’Assemblée nationale, à désamorcer la énième polémique passionnelle autour du voile savamment montée en épingle, réaffirmant la primauté de la loi sur la loi d’exception anti-musulmans que certains appellent de leurs vœux, 90 personnalités, parmi lesquelles figurent Omar Sy, Céline Sciamma, Christine Delphy, Marina Foïs, les membres fondateurs de Zebda (Hakim et Mustapha Amokrane), Nekfeu, des journalistes, des sportifs, des chercheurs et autres sociologues, s’insurgeaient au même moment, dans une tribune publiée dans « Le Monde », contre l’exacerbation de l’islamophobie sans garde-fous : « Jusqu’où laisserons-nous passer la haine des musulmans ? ».

« On peut porter un voile quand on accompagne une sortie scolaire mais on n’a pas le droit de faire du prosélytisme et les autorités peuvent et doivent intervenir si tel est le cas », a déclaré Edouard Philippe, affirmant que la loi n’avait pas besoin d’être changée en la matière. « Je ne pense pas, pour ma part, que l’enjeu aujourd’hui ce soit de faire une loi sur les accompagnants scolaires », a-t-il estimé, en réponse aux parlementaires Les Républicains (LR) désireux de légiférer à tout prix…

Dans leur tribune, ces 90 personnalités indignées ont tenu, avec la même vigueur, à témoigner leur soutien à toutes les femmes musulmanes « portant le foulard ou non » et aux musulmans en général qui « ont toute leur place dans notre société », et à dénoncer la « haine et la violence inouïes » de l’ostracisme infligé à la victime expiatoire par excellence du pays des Lumières : une femme voilée.

« Jusqu’à quand allons-nous accepter que la laïcité, socle de notre République, soit instrumentalisée pour le compte d’une vision ségrégationniste, raciste, xénophobe, mortifère de notre société?», interroge le collectif, en se tournant vers l’actuel locataire de l’Elysée, tout en lui adressant un message fort : nous « refusons que nos concitoyens musulmans soient fichés, stigmatisés, dénoncés pour la simple pratique de leur religion ».

La réaction du ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer y est également épinglée, pour s’être fait le tenant d’une laïcité intransigeante, en martelant que « le voile n’est pas souhaitable dans notre société». « N’est-ce pas ici l’illustration même d’une stigmatisation assumée jusqu’au plus haut niveau?», fustige encore le collectif.

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