La nouvelle chef de la diplomatie malienne fait partie du gouvernement dont la liste des membres a été rendue publique ce dimanche 09 septembre par le Premier ministre malien Soumeylou Boubèye Maïga et qui compte 32 personnalités dont 11 femmes.
Kamissa Camara était, depuis juillet dernier, conseillère diplomatique du président malien Ibrahim Boubacar Keïta, la première femme à ce poste au Mali. En tant que ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, elle pourra ainsi poursuivre son objectif qui est celui de « construire des passerelles politiques avec l’Afrique ». En effet, Kamissa Camara se donne pour mission d’aider l’Occident à comprendre la politique africaine, en construisant des passerelles politiques et intellectuelles entre l’Afrique subsaharienne, l’Europe et les États-Unis. Son mantra: enrichir la politique étrangère des pays occidentaux avec des accents africains. « En tant que femme américaine née et élevée en France par des parents ouest-africains, je fournis des analyses mettant en évidence les spécificités religieuses et culturelles du continent », explique-t-elle. La politique africaine, la démocratie, la sécurité et la bonne gouvernance sont l’essence de son travail, de ses réflexions et de ses publications.
Malienne d’origine, née à Grenoble (France) et devenue américaine, Kamissa Camara revendique cette triple culture. Elle est titulaire d’un Master en économie du développement international, obtenu à l’université Pierre Mendès France à Grenoble et d’une Maîtrise en langues étrangères appliquées, spécialité relations internationales de l’université Denis Diderot à Paris. Elle est également détentrice d’un certificat d’études de l’école de hautes études internationales et politiques.
Début de carrière aux USA
C’est en 2007, qu’elle s’expatrie aux USA, après avoir gagné à la loterie américaine grâce à un ami qui avait joué pour elle. Elle était alors en stage de fin d’études à la Banque africaine de développement à Tunis. Aux USA, elle intègre la Fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES), où elle est en charge de l’Afrique de l’Ouest. Elle y est « Facilitatrice Expert BRIDGE ». BRIDGE signifiant «Construire des ressources en démocratie, gouvernance et élections», un programme complet de renforcement de capacités en matière de gouvernance politique et d’administration électorale.
Elle a ainsi formé plus de 300 responsables électoraux au Sénégal, au Niger, en Guinée, en Côte d’Ivoire, aux États-Unis, au Mali, au Burundi, au Nigeria, au Gabon, en France, en Ouganda, au Tchad et en république démocratique du Congo (RDC) sur les opérations électorales et la gestion électorale en utilisant la méthodologie BRIDGE. Les sujets de formation concernent notamment la délimitation des circonscriptions électorales, l’enregistrement des électeurs et la technologie d’enregistrement des votes.
Consolider la démocratie
En 2012, elle rejoint le National Endowment for Democracy (NED), où elle devient, par la suite, vice-directrice des programmes Afrique de l’Ouest et du Centre. Le NED est une fondation privée à but non lucratif dédiée à la croissance et au renforcement des institutions démocratiques dans le monde et qui, chaque année, accorde plus de 1 600 subventions pour soutenir les projets de groupes non gouvernementaux à l’étranger dans plus de 90 pays. Avec le NED, Kamissa Camara travaille particulièrement sur le mali, où le NED n’avait aucun programme quand elle a été recrutée, juste après le coup d’État de 2012.
Le NED y compte aujourd’hui plusieurs partenaires sur le terrain et Kamissa Camara s’est rendue plusieurs fois au Mali, notamment à Tombouctou, pour identifier les partenaires et s’assurer que ces organisations étaient stables et solides. Elle a également visité d’autres pays sur le continent pour évaluer les contextes politiques, rencontrer les partenaires du NED, vérifier que l’argent est bien utilisé et identifier de nouveaux partenaires.
Promouvoir les valeurs démocratiques au Sahel
Jusqu’à Décembre 2017, Kamissa Camara était rattachée au Centre d’études africaines de l’université d’Harvard et à Foreign Policy Interrupted, une organisation qui lutte contre la disparité entre les genres grâce à une plate-forme de visibilité, un programme de bourses, une formation aux médias et un mentorat significatif dans les institutions médiatiques partenaires.
Elle a également été, jusqu’en juin 2018, Directrice Afrique de l’ONG américaine PartnersGlobal. A ce titre, elle supervisait des programmes de réforme du secteur de la sécurité, d’assistance à la société civile et d’accès à la justice aen Afrique subsaharienne, en donnant des orientations stratégiques pour promouvoir un dialogue entre société civile, gouvernements et institutions régionales
Kamissa Camara est aussi la fondatrice et coprésidente du Sahel Strategy Forum, un forum de discussion qui fournit une plate-forme aux bailleurs, aux responsables de programmes d’ONG, aux universitaires, à la société civile et au secteur privé pour promouvoir les valeurs démocratiques et renforcer le développement à travers le Sahel.
Parlant couramment le français, le bambara et l’anglais, Kamissa Camara est régulièrement invitée sur les plateaux télé de chaînes internationales pour discuter de politique en Afrique. Elle a également publié ses analyses politiques en Anglais et en Français dans plusieurs journaux.
Source : africanshapers.com