Chef de la diplomatie d’un gouvernement autrichien qui compte, en son sein, six ministres issus des rangs du FPÖ, l’extrême droite néo-fascisante, et a propulsé au sommet leur leader, Heinz-Christian Strache, ce vice-chancelier en croisade contre l’islam, Karin Kneissl peut se targuer d’avoir fait vibrer les murs de l’ONU, samedi, à New York… et peut-être même au-delà, jusqu’à Vienne.
Devant un auditoire qui en est resté bouche bée ou béat d’admiration, c’est selon, la ministre autrichienne des Affaires étrangères a prononcé une allocution qui aura assurément marqué les esprits. En effet, contre toute attente, ses premiers mots n’avaient ni les inflexions de la langue de Goethe, ni de Shakespeare, mais celles de la langue arabe.
Pour une ministre connue pour sa proximité idéologique avec le FPÖ, qui vilipende l’islam politique et les choix migratoires politiques d’Angela Merkel, il y avait de quoi être surpris et en perdre son latin…
« En tant que ministre autrichienne, j’ai choisi de commencer mon discours en arabe. Pourquoi ? L’arabe est l’une des six langues des Nations Unies. J’ai étudié la langue au centre des Nations Unies à Vienne. La civilisation arabe et ancienne », a-t-elle déclaré en préambule, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, avant de rendre hommage à la résilience des femmes et des hommes arabes en proie aux affres de conflits mortifères.
« J’ai étudié au Liban pendant les années de guerre. J’ai appris comment les gens continuent à vivre malgré toutes les difficultés. C’est le secret de la vie. Des hommes et des femmes, de Bagdad à Damas, continuent de survivre, eux », a-t-elle ajouté.
Si les paroles d’introduction de Karin Kneissl ont résonné agréablement aux oreilles d’un monde arabe médusé, qui n’en attendait pas tant de sa part, au point de mettre Twitter arabe en effervescence, on peut toutefois douter qu’elles soient parvenues à adoucir le ressentiment islamophobe de ses collègues du FPÖ.