« Les pays de l’Union européenne doivent arrêter de vendre des armes au régime saoudien. » Le message, lancé sur Twitter, est signé Pablo Iglesias. Le leader de Podemos n’a pas attendu le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi pour demander la fin d’une collaboration économique mortifère entre les pays européens et le royaume du Golfe. L’Espagne avait annoncé suspendre la livraison d’une cargaison de bombes à guidage laser vers l’Arabie saoudite, en septembre dernier, avant de finalement acter la vente.
Podemos critique depuis longtemps déjà les ventes d’armes à des pays comme l’Arabie saoudite. Mais, comme l’explique le maire de Cadix, « les droits de l’homme au Yémen entrent en collision avec d’autres droits de l’homme, ceux ici d’avoir un emploi et de pouvoir vivre dignement. » Pour ce membre de Podemos, « ce qu’il faudrait, pour éviter ce genre de déchirement éthique, c’est changer le modèle productif : refuser d’entrer dans le jeu des ventes d’armes d’Etat à Etat et, par exemple, parier pour les énergies renouvelables. »
En attendant de trouver une solution durable, le parti de gauche, allié du gouvernement, demande à l’exécutif de Pedro Sanchez de suspendre les ventes d’armes au régime saoudien. Ce que vient de faire l’Allemagne. Angela Merkel a en effet décidé « qu’il ne peut y avoir d’exportations d’armes dans la situation où nous nous trouvons, même si ces ventes sont d’ampleur limitée. » La chancelière parle évidemment du mystère qui entoure toujours la mort du journaliste saoudien à Istanbul.
Berlin n’est pas le principal fournisseur européen d’armes. Mais il a approuvé, rien que pour cette année, l’exportation de plus de 400 millions d’euros d’armement vers le royaume wahhabite. Dans quelques jours, l’Allemagne décidera si elle honorera ou non ces contrats. Mais d’ores et déjà, Berlin s’est engagé à arrêter les ventes d’armes à des pays impliqués dans des conflits militaires, comme en ce moment au Yémen. Cette suspension des exportations allemandes pourrait donc n’être que le début d’une nouvelle politique allemande en la matière.
Encore faudrait-il que Berlin soit suivi par ses voisins européens. Le ministre allemand de l’Economie, Peter Altmaier, affirme que « ce n’est que si tous les pays européens se mettent d’accord que cela impressionnera le gouvernement de Riyad. » Dans sa ligne de mire, la France, qui critique le meurtre de Kashoggi mais n’a pas annoncé la fin des ventes d’armes à l’Arabie saoudite — le royaume a passé 12 milliards d’euros de commandes à la France depuis 2009. « Il n’y a aucun effet positif si nous restons les seuls à arrêter les exportations et si en même temps d’autres pays comblent le trou », estime le ministre allemand.
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