On connaît la pathologie, niais l’on continue de se demander comment vivre longtemps avec le diabète. Mieux, quelles sont les dispositions à prendre pour y parvenir ? En prélude à la Journée mondiale du diabète qui sera célébrée ce 14 novembre à l’institut national de la santé publique (Inspl. Zoom sur cette pathologie aux nombreuses complications.
COMMENT VIVRE SAINEMENT AVEC CETTE PATHOLOGIE
L’institut national de santé publique (Insp) abritera cette année, les festivités nationales marquant la journée mondiale du diabète. Ce sera ce 14 novembre. Pour cette année, le thème choisi est : “ le rôle des infirmiers dans la prise en charge du diabétique”. Selon l’endocrinologue et diabétologue DrSibailly Pascal, président du comité d’organisation de ladite journée, ce thème est essentiellement orienté sur les infirmiers parce qu’ils jouent un rôle prépondérant dans la prise en charge du malade. Dans la chaîne de prise en charge, les médecins donnent des directives, mais ceux qui appliquent les directives, ce sont les infirmiers. Puis nous sommes dans un pays en voie de développement, donc la majorité des malades du diabète n’ont pas accès aux médecins spécialistes. Pour le premier contact, ce sont les infirmiers et sage- femmes, ce sont des personnes auxquelles on a délégué un certain pouvoir pour améliorer le suivi des malades.
Pour cette année, l’objectif poursuivi à travers cette journée du diabète en Côte d’ivoire, c’est de sensibiliser la population, d’attirer l’attention de tout le monde sur le diabète. Surtout les bailleurs de fonds, parce que la prise en charge du diabète coûte cher, environ 60.000 Fcfa par mois. Mais au-delà, les préoccupations des populations restent communes: c’est quoi le diabète ? Comment le reconnaître ? Peut- on vivre longtemps avec cette pathologie ? Le diabète selon Dr Adouéni, es une maladie cosmopolite, alite chronique qui se caractérise par une absence ou une trop faible production d’insuline par le pancréas. Ce manque d’insuline, hormone indispensable à l’utilisation du sucre par les cellules de l’organisme, provoque une augmentation de la glycémie dont la normale varie entre 0,7g/l (0,7 gramme de sucre par litre de sang) et 1,26 g/l. Le diabète est actuellement reconnu comme un réel et croissant problème de santé publique dans le monde. En 1995, l’on dénombrait 135 millions de malades du diabète. Et les prévisions les plus pessimistes de la fédération internationale du diabète estimaient en 2003, à 300 millions, le nombre de patient à l’horizon 2025. Cette estimation est largement dépassée car en novembre 2013.ee sont au moins 343 millions de cas qui ont été recensés dans le monde. En Côte d’ivoire, environ 50 000 patients, dont la tranche d’âge varie de 20 à 79 ans, sont effectivement suivis dans les structures sanitaires publiques, pour un taux de prévalence de 4,2% et plus de 400 000 diabétiques potentiels doivent être dépistés du diabète de type2, qui est le plus fréquent. Outre ces chiffres, il est nécessaire pour les malades du diabète et même les non malades de connaître la classification des diabètes (Voir hors texte), leurs complications et leur prise en charge.
Complications du diabète
Il existe selon les spécialistes, deux grands groupes de complications : les complications aigües qui surviennent très rapidement. Au nombre de celles-ci l’on note le coma (qui peut subvenir lorsque le malade ne suit pas son traitement ou l’arrête), et les complications au long cours ou chroniques. Au niveau des complications comateuses, les spécialistes citent le coma hyperosmolaire (coma par déshydratation), le coma acidocétosique (une situation créée par un profond déficit d’insuline) et le coma hypoglycémique (provoqué par l’augmentation du taux de glycémie). Quant aux complications à long terme, elles sont fonctions des vaisseaux atteints. Ainsi, lorsque les petits vaisseaux de la rétine sont atteints, on parle de rétinopathie (cause de la cécité ou de la mal voyance) ; quand il s’agit des nerfs, c’est la paralysie ; quand ce sont les vaisseaux des reins, c’est la néphropathie diabétique (qui conduit à l’insuffisance rénale). Lorsqu’il s’agit de gros calibres qui sont atteints par le diabète, il surgit d’autres complications. Ainsi, dans le cas du cœur on parle d’infarctus du myocarde (Crise cardiaque), quand c’est le cerveau, il s’agît d’Accident vasculaire cérébral (Ave qui conduit à l’hémiplégie) ; et lorsqu’il s’agit de la survenue de gangrènes sur les membres inférieurs (qui conduisent généralement à une amputation), on parle d’artériopathie. Pour une prise en charge efficace de la maladie, le gouvernement ivoirien a opté pour une politique de décentralisation par l’ouverture de centres de prise en charge des malades du diabète dans les Centres Hospitaliers de Korhogo, Bouaké, Yamoussoukro, Daloa, Gagnoa, San- Pedro, Abengourou, Aboisso. «Des espaces de diabétologie ont été également ouverts au CHU de Treichville, à la Formation Sanitaire de Cocody et dans les Hôpitaux généraux de Bo- noua et de Port-Bouët », a noté l’ex ministre Raymonde Goudou Coffie à la faveur de la cérémonie officielle de la journée mondiale de lutte contre le diabète qui s’est tenue en 2014 à Agboville. Selon Dr Raymonde Goudou Coffie, le gouvernement a aussi procédé à la formation de plus de 150 médecins généralistes à la prise en charge Correcte du diabète de type 2 et 300 sur l’insulinothérapie chez le diabétique. Cette prise en charge vise à court terme, à éviter les risques d’accident métaboliques aïgus pouvant menacer le pronostic vital. Elle a également pour objectif d’obtenir la normoglycémie à long terme afin de prévenir la survenue des complications et à assurer le confort de la vie quotidienne du patient diabétique. Cette prise en charge comprend le suivi du régime alimentaire du diabétique, l’exercice physique et le traitement. Si le régime alimentaire est quasiment le même pour tous les diabétiques, l’exercice physique et le traitement eux connaissent une différence. «Les diabétiques de type 1, 2 et 3 peuvent s’adonner à tous les sports, tout en évitant de se blesser. Quant aux diabétiques gestationnels, il leur est conseillé la marche associée à quelques petits sports», précise Dr Koffi. Quant au traitement médicamenteux, il est différent d’un type de diabète à un autre. Le diabète de type 1 nécessite un traitement pluriquotidien à base d’insuline pour réguler le taux de glucose dans le sang (ou glycémie). Le maintien d’une glycémie quasi normale peut prévenir ou ralentir les complications. Pour le diabète de type2, les spécialiste prescrivent des comprimés qui ont pour objectif de ‘’stimuler le pancréas”, pour les non-insulinodépendant. Pour les insulino-résistants, le comprimé a pour fonction de lever la résistance. «Mais lorsque les comprimés ne donnent pas l’objectif escompté, nous prescrivons l’insuline», précise Dr Adouéni. Pour le type 3 où le diabète est causé soit par la prise d’un corticoïde, ou d’un médicament, les diabétologues conseillent au malade d’arrêter le produit responsable du diabète avant qu’un traitement ne lui soit administré. Dans le cas du diabète gestationnel, la femme enceinte diabétique doit se faire suivre à la fois par le gynécologue et le diabétologue. «En plus des analyses sanguines habituelles pour toute femme enceinte, le diabétologue surveillera l’équilibre glycémique. Il effectuera des examens cliniques comprenant la prise de la tension artérielle, la recherche de gonflement (œdème) aux jambes et notera l’évolution du poids de la femme enceinte diabétique. Le diabétologue pourra demander une consultation ophtalmologique aux 6e et 8e mois et une échographie fœtale in utero précoce afin de dresser un bilan morphologique complet du bébé dans le ventre de sa mère. Cela permettra de dépister précocement une malformation cardiaque chez le bébé», explique le diabétologue. Dans ce cas précis, les diabétologues ne prescrivent jamais de comprimés (pour éviter que leur prise aient des conséquences sur le fœtus). «Pour le diabète gestationnel, il est préférable de conseiller le sport ou l’insuline. Car le sport permet de diminuer le besoin du corps en sucre», affirme Dr Adouéni, qui précise que pour ces deux derniers types de diabète, la pathologie peut disparaître plus tard.
Le spécialiste ne manque pas d’affirmer qu’on peut «bien vivre avec le diabète. Et pour vivre bien longtemps et sans complication, poursuit- il, il faut d’abord dédramatiser la maladie, suivre les conseils du médecin et respecter ses rendez-vous médicaux. Concernant la dédramatisation de la pathologie, le diabétologue explique que quand on est atteint, plus on se stresse, plus la glycémie monte. «Il faut donc éviter de se stresser inutilement», conseille-t-il. Pour le second point, le spécialiste note que le diabète étant une pathologie chronique avec des facteurs génétiques (le diabète peut cire héréditaire) et environnementaux (la manière de s’alimenter), le malade doit suivre les conseils de son médecin. «Le régime alimentaire et l’exercice physique permettent à 10% des malades diabétiques de se rétablir», atteste le premier responsable du Pnlmm. Concernant les mesures hygiéno-diététiques, le spécialiste conseille d’exclure les sucres simples (sucre, boisson sucrée, miel, confiture, pâtisserie). Le diabétologue précise également que la pratique régulière, d’exercices physiques revêt un intérêt particulier dans le traitement du diabète sucré (diabète de types 1 et 2).
«Le sport diminue les besoins en insuline, améliore le contrôle du métabolisme des glucides, améliore l’utilisation périphérique du glucose, abaisse le taux des lipides sanguin et augmente le Hdl cholestérol (le bon cholestérol). Il permet également une réduction des facteurs de risques cardiovasculaires par l’amélioration du profit lipidique (par abaissement des lipides sanguins et l’augmentation des Hdl cholestérol) et la réduction de l’hypertension artérielle. En troisième lieu, il faut respecter ses rendez-vous et faire ses contrôles. Le malade diabétique doit ensuite prendre scrupuleusement ses médicaments», explique le praticien. Toutes choses qui nécessitent que les diabétiques connaissent mieux leur pathologie.
L’expression N°3166 du vendredi 13 novembre 2020