Le sport est bon pour le moral: il procure une meilleure estime de soi, réduit le stress, l’anxiété, la dépression. Ces vertus s’expliquent à la fois par des facteurs physiologiques, biologiques et sociaux. Il s’agit, selon le Pr Daniel Rivière, chef du service de médecine du sport à l’hôpital Larrey de Toulouse, «d’une véritable thérapeutique non médicamenteuse aux résultats particulièrement intéressants».
«Des données scientifiques sérieuses prouvent les effets du sport sur le bien-être, confirme le Pr Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Albert-Chenevier à Créteil. C’est une évaluation très globale de l’état général, de la perception que l’on a de sa santé, de sa vie, mais les outils d’évaluation sont bien calibrés et les résultats ont du sens pour chacun.» Une pratique régulière y contribue de différentes manières: par une meilleure hygiène de vie globale, une meilleure condition physique, un meilleur sommeil, une plus grande estime de soi procurée par le sentiment d’accomplissement et de maîtrise d’une activité.
«Effets bénéfiques sur le moral»
Mais au-delà du bien-être, le sport réduit le risque de maladies psychiatriques, notamment, dépression et anxiété. Or, ces troubles pèsent très lourd en termes de santé publique: environ 20 % des femmes et 14 % des hommes souffriraient de troubles mentaux à un moment de leur vie. Pratiquer régulièrement un sport de loisir prédit l’absence de dépression huit années plus tard.
«Il faut donner envie aux patients, qu’ils soient tentés, qu’il y ait un côté ludique, que cela vienne d’eux.»
Daniel Rivière, chef du service de médecine du sport à l’hôpital Larrey (Toulouse).
En outre, en cas de dépression avérée, la pratique sportive diminue la sévérité des symptômes et améliore les chances de rémission. C’est pourquoi les psychiatres recommandent le sport comme une thérapeutique complémentaire efficace, parallèlement aux traitements classiques.
La difficulté reste cependant de motiver des individus atteints d’incapacité d’action et de fatigue chronique. «Il faut donner envie aux patients, confirme Daniel Rivière, qu’ils soient tentés, qu’il y ait un côté ludique, que cela vienne d’eux. Reprendre, par exemple, une activité de jeunesse. Et cela peut se faire seul ou en groupe, peu importe. La pratique du sport, seule, a des effets bénéfiques sur le moral, indépendamment de son côté sociabilisant.»
Quant à l’anxiété, des exercices aérobies font aussi bien que des séances de relaxation ou de repos dans le calme avec un état de relâchement, qui survient après environ vingt minutes d’exercice, et qui peut persister plusieurs heures.
Respecter une certaine «dose» d’activité physique
Ces bénéfices sur la santé mentale s’expliquent par l’amélioration du bien-être, mais aussi par des mécanismes cérébraux. «Le sport stimule la production de neurotransmetteurs et de facteurs neurotrophiques: cela favorise la croissance des neurones, leur fonctionnement et les connexions établies entre eux», explique Antoine Pelissolo.
«Des travaux ont montré un bénéfice sur la santé mentale dès une heure d’activité par semaine, mais il y a tout à gagner à faire davantage.»
Pr Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Albert-Chenevier (Créteil).
Or, ces mécanismes sont altérés en cas de dépression et de troubles anxieux: le sport a donc un effet mécanistique sur les bases cérébrales de ces pathologies. Le volume de certaines structures du cerveau, comme l’hippocampe, qui joue un rôle clé dans la dépression, est augmenté sous l’influence de l’activité physique. Enfin, le sport contribue à réguler les émotions et la respiration également impliquées dans l’anxiété.» Et le bénéfice est retrouvé à tous les âges de la vie, et pour les deux sexes.
Mais cela est vrai à condition de respecter une certaine «dose» d’activité physique, à savoir au moins une demi-heure d’exercice quotidien suffisamment intense. «Des travaux ont montré un bénéfice sur la santé mentale dès une heure d’activité par semaine, mais il y a tout à gagner à faire davantage, puisqu’il existe un effet dose: plus l’activité est régulière, plus l’effet sur la santé mentale est important», encourage Antoine Pelissolo.
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