Les Avc seront la première cause de mortalité en Afrique subsaharienne

 

Interview/ Dr Ghassani Afif, Chirurgien vasculaire et endovasculaire

‘’Voici ce qu’il faut pour éviter des accidents cardiovasculaires’’

Dr Ghssani AFIF, est chirurgien vasculaire et endovasculaire à l’hôpital Mulhouse (France). Invité de l’émission notre santé à la RTI1, il explique les causes des accidents cardiovasculaire avant de donner des pistes de solution pour éviter cette maladie qui menace de nombreuses familles.

Quelles sont les couses de l’accident cardiovasculaire ?

Les causes d’un accident cérébral sont de deux ordres. Soit c’est un Ave d’origine hémorragique ou un accident cérébral d’origine ischémique. Dans la majeure par­tie des cas, c’est l’accident céré­brale ischémique qui est prédominant. C’est là où on peut intervenir et prévenir certains ac­cidents neurologiques.

Quels sont les symptômes de ces deux types d’Avc ?

Les Avec sont dits hémorra­giques. Lorsqu’il y a rupture d’un vaisseau dans le cerveau, en intra crânien. Souvent c’est accompa­gner de maux de tête extrême­ment brutal de survenue violente. Ces Ave sont en général en pro­portion 20% par rapport hémor­ragique et de 80% avec ischémique. Ce qui frappe le plus en général en Afrique, en Europe et dans le monde, c’est l’Avc d’ori­gine ischémique. C’est-à-dire qu’il y a un caillot qui va partir dans la circulation et aller se loger à l’in­térieur des artères du cerveau pour boucher cette artère et en­traîner des signes neurologiques à type de paralysie, de trouble de la parole, c’est-à-dire une paraly­sie de tout un côté complet du corps.

A quel niveau si tuez-vous les décès dus aux Avc ?

Les Ave vont devenir fa première cause de mortalité en Afrique subsaharienne dans les très pro­chaines années. Ce que l’on sait ; c’est que les maladies transmissi­bles comme te VIH, le paludisme, sont en train de décroître. Et la pente ascendante des Ave va croiser la pente descendante des maladies transmissibles. On n’a pas actuellement la quantification exacte des personnes qui font des Ave. Mais la maladie cardio­vasculaire est globale. Les per­sonnes qui vivent dans les grandes métropoles se nourris­sent de la même manière. Des gens qui fument de plus en plus jeunes, avec de la sédentarité, l’obésités, le diabète qui est un facteur de risque d’Avc très im­portant avec de lourdes séquelles neurologiques que l’Avc peut en­traîner chez ces personnes-là.

Quelle est la prévalence des Avc en Afrique noire ?

La prévalence en Afrique noire est liée intrinsèquement aux facteurs de risque de la maladie cardiovasculaire. Pour avoir une maladie cardiovasculaire, il y a un terrain génétique. C’est-à-dire des per­sonnes qui ont des familles ou des parents qui ont fait des Ave, des infarctus du myocarde, dans leur descendance, les enfants au­ront plus de risques quand ils vont grandir à faire des Ave que chez d’autres personnes. La pré­valence de ces maladies cardio­vasculaires est liée à ces facteurs de risque d’hypertension arté­rielle, le diabète, le tabac. Tout ceci est un cocktail très explosif qui peut amener à des décès liés soit à un infarctus du myocarde. C’est-à-dire une souffrance du cœur ou une souffrance du cer­veau. En fait la maladie cardiovas­culaire, elle touche tous les vaisseaux. Elle touche le cœur. Elle touche le cerveau. Tout ce que je peux vous dire, c’est que dans la réalité, les Avc exposent en Afrique. Et vont continuer à exposer.

Vous avez cité le diabète et autres, qu’est ce qui accen­tue ces maladie-là ? est-ce lié à notre alimentation ?

Il y a l’alimentation, la sédentari­sation, l’environnement, mais il faut savoir, ça c’est dans les – études et s’est prouvé que dans les populations afro-antillaise, l’hypertension artérielle et le dia­bète sont beaucoup plus sévères que dans les populations eura­siennes. Donc ça va de pair, mal­heureusement avec les gènes, Ça va de pair avec l’évolution de la société qui adopte les mêmes comportements alimentaires qu’en occident. Cela ajoute un rôle extrêmement dévastateur sur la santé. En Côte d’ivoire le taux de décès lié à l’Avc varie entre 25 et 40%.

Quel est l’impact de cette maladie sur les populations ouest africaine ?

L’impact est de plusieurs types. Puisqu’il y a un impact physique. Les personnes qui sont atteintes d’Avc ont des séquelles visibles. C’est-à-dire une paralysie, des troubles de la parole. Il y a l’im­pact moral, l’impact social. C’est- à-dire que ça peut arriver qu’il ait des personnes qui soient un peu délaisser à la suite de leur Avc avec une souffrance psycholo­gique très Importante. Il y a la chi­rurgie qui permet de prévenir tes Avc. Mais le traitement n’est pas que chirurgical. Il y a un soutien familial. Il y a des exercices de kinésithérapie à faire. Il y a le fait d’aider les familles qui sont aussi dans la souffrance. Parce qu’ils voient quelqu’un de chère mal­heureusement handicapé à vie. C’est un lourd impact sur les po­pulations par cette maladie.

Le dépistage de l’hyperten­sion qui est l’une des causes de l’Avc suffit-il pour sauver des vies ?

Alors non. Il ne suffit pas que de dépister l’hypertension artériel. Dans les Avc Ischémique, le caillot vient en général de deux endroits. Le cœur qui envoie un caillot dans la tête. On parle parfois de trouble de cœur qui s’accélère qui envoie un caillot dans la tête. Où dans 40% des cas c’est la carotide. C’est-à-dire qu’il y a un rétrécisse­ment de l’artère carotidienne. C’est l’artère qui est au niveau du cou et qui monte au cerveau. Et dans 40% des cas, il y a un dépôt dans cette artère. Et ce dépôt il peut être responsable d’un acci­dent cardiovasculaire cérébrale. Avec une simple échographie, on peut diagnostiquer les caillots qui sont bloqués au niveau des artères. Le diagnostic clinique ne suffit pas. Il faut beaucoup de fois une imagerie ou un scanner pour anticiper et prévenir. Tout dépend des personnes. Pour un patient diabétique et hypertendu, qui a plus de 50ans, il est important qu’il ait une échographie des ca­rotides pour justement dépister cette plaque qui est présente dans l’artère carotidienne.

Un traitement précoce ù l’aide de médicament peut-il minimiser les lisions céré­brales et à prévenir la surve­nue d’autres Avc ?

Le premier traitement, c’est la prévention. C’est-à-dire la correc­tion des facteurs de risque d’Avc. Les fumeurs, c’est de réduire les intoxications tabagiques. Le dia­bète, avoir un équilibre. A cela on peut introduire certains médica­ments qui vont fluidifier le sang,

Qui vont permettre au sang d’être plus fluide et d’éviter aux caillots de se coller pour boucher l’artère. Il y a tout une série de mesures qu’il faut adopter pour justement prévenir un Avc.

Des dispositions particu­lières à prendre pour être plus efficace ?

Avoir une bonne hygiène de vie et avoir une activité physique régu­lière associés à certains traite­ments peuvent suffire des fois à’ limiter les risque d’Avc. Mais en­core une fois, j’insiste sur le fait qu’il est très important de faire une échographie des carotides parce que souvent on n’a absolu­ment aucun mal, on n’a pas de douteur, l’Avc survient brutale­ment et ne prévient pas. Donc pour justement anticiper cela, il faut avoir des examens antérieurs pour permettre d’éviter. Si on a le temps d’intervenir de manière précoce on minimise les sé­quelles. La notion d’âge ne doit pas rentrer en compte. Les sé­quelles de l’Avc sont plus grandes.

A-t-on le plateau technique en Côte d’ivoire pour des prises en charges ?

Oui. Le plateau technique est là. On peut faire ce genre d’interven­tion sans prendre l’avion pour aller en Europe ou aux Etats-Unis.

 

 

PROPOS RECUEILLIS PAR Aboubakar SANGARE

Le Matin N°610 du vendredi 13 Août 2021, Page 7