A la veille de 2020, le monstre peut-il revenir ? A la veille de 2020, avec le retour de certains discours à relent xénophobe et sectaire, un certain nombre de musulmans ivoiriens se posent des questions : 1. Allons-nous entendre encore des propos et des attitudes qui incitent à la haine religieuse et ethnique ? 2. Allons-nous revivre encore des images du supplice du collier où on brulait vif des citoyens ? 3. Des imams vont il subir encore l’exil, l’humiliation ou des assassinats ? 4. Nos mosquées seront-elles vidées de leurs fidèles ? 5. Que sera l’après 2020 pour les musulmans et la communauté musulmane ? Cinq questions et préoccupations fondamentales et légitimes.
Car elles reposent sur les souvenirs de la crise postélectorale de 2011, et sur des ré- cents propos d’hommes politiques, ainsi que l’actualité politique des partis et des alliances. Cependant à l’analyse, même si la prudence est de rigueur, il n’y a pas le feu au pays, même s’il couve dans certaines maisons et alliances politiques. Car il y a cinq différences fondamentales et solides entre 2011 et 2020. Ce sont : 1. Les protagonistes principaux qui cristallisaient les passions en 2011 ne seront pas directement de la partie très probablement en 2020. Ils vont se peser à travers une nouvelle génération de politiciens. 2. Les ivoiriens ont redécouvert le goût de la paix, de la sécurité, et du développement. 3. Le pays n’est ni divisé, ni occupé militairement.
4. Le président sortant n’est pas candidat à sa succession. Donc la machine électorale devrait tourner normalement sans influence extérieure flagrante comme ce fut le cas en 2011. 5. La nouvelle constitution impose au sommet de l’état un président et un vice-président à élire ensemble sur le même ticket. Donc fatalement la victoire électorale devrait appartenir à une coalition (une vraie cette fois-ci. Car aucun parti politique ne peut gagner seul les élections présidentielle) et surtout avec un esprit d’équipe.
Donc une nouvelle culture managériale aux antipodes de la gestion des pères fondateurs où des héritiers verra le jour en 2020. Les alliances politiques seront donc plus solides parce que plus transparente et sans confidences intimes. Quant au concept de l’ivoirité, qu’il soit d’inspiration culturelle ou politique, les ivoiriens sont désormais situés sur les ravages de ce concept, et en ont tiré les (5) le- çons suivantes : 1. L’ivoirité n’est pas ivoirienne. Elle est étrangère à notre façon d’être, de vivre ; 2. Le fondateur de la Côte d’Ivoire moderne a formaté notre pays pour en faire une nation multiculturelle, multi religieuse, multiethnique et hospitalière.
Ces acquis sont irréversibles et ancrés dans le marbre ; 3. Du fait des successions au pouvoir d’Etat, les ivoiriens ont appris qu’on ne ’’mange’’ pas forcément avec ses parents, ou son parti au pouvoir. Bien au contraire on peut bien être heureux avec des gens avec qui nous ne partageons ni parti politique, ni ethnie, ni religion ; 4. La majorité des ivoiriens a compris que l’ivoirité est un instrument utilisé pour diaboliser, isoler, et empêcher l’adversaire politique ni plus, ni moins ; 5. Aujourd’hui les ivoiriens sont en mesure de comparer la gestion des ivoiritaires une fois au pouvoir, ainsi que de ceux qu’ils nous ont entrainé à combattre farouchement. Aujourd’hui l’ivoirien ‘’voit clair’’. On ne peut plus se laisser abuser par les uns et les autres.
Dans un tel contexte juridique et un tel environnement politique, tout porte à croire que 2020 sera plus apaisée que 2011. Justement le rôle de la communauté Musulmane et des musulmans, c’est d’accompagner cette perspective par les prières et une présence active, positive et non passionnée sur le terrain, mais déterminante. C’est le souhait de la majorité des habitants de la Côte d’Ivoire et c’est le rêve du Président El Hadj Alassane OUATTARA, au soir de son départ du palais de la République. Un pays en état de marche avec une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques capables de prendre le relais pour poursuivre et consolider l’émergence de la Côte d’Ivoire. Nous devons l’aider à accomplir et terminer sa mission par nos prières et bénédictions. En un mot comme en cent, tout en restant prudent, restons optimistes dans l’action et la prière. A la semaine prochaine In cha Allah Par Fatim Djamila