Les taxis solaires de Jacqueville à Abidjan

Des taxis solaires circulent en Côte d’ivoire dans la commune de Jacqueville à une cinquantaine de kilomètres d’Abidjan.

Ces engins sont des trois roues d’environ trois mètres et qui peuvent emporter quatre passagers.

Les taxis solaires ne font que peu de bruit et ils doivent donc signaler leurs manœuvres avec de forts bips sonores.

Ils sont une dizaine à circuler à Jacqueville depuis six mois et c’est un commerçant du nom de Konaté Balla qui a eu l’idée d’importer une vingtaine de véhicules lors d’un voyage en Chine.

« Le choix de Jacqueville se justifie par le fait que les véhicules qui y circulaient étaient vétustes et ne desservaient que les villages alentours. Il était difficile de se déplacer d’un quartier à l’autre » indique Marc Togbé le représentant de M. Konaté.

A l’intérieur des petits engins, l’espace est restreint : juste deux sièges de deux places qui se font face.

Un moyen de transport comme un autre

Guillaume Etanza est un enseignant qui emprunte régulièrement ces trois roues pour se déplacer en ville et il est plutôt satisfait des taxis solaires.

« Pour emprunter un taxi, il faut attendre qu’il soit complet avant qu’il ne démarre or avec ce type d’engins le déplacement est rapide. Les prix sont abordables et la course ne coûte que 100 f CFA » précise M. Etanza.

En général les passagers s’interrogent peu sur le mode de fonctionnement des taxis solaires mais derrière ces trois roues, il y a une petite unité de production d’électricité.

Parfait Parai est ingénieur de la marque des taxis solaires et il a été formé en Chine. Il s’occupe de l’unité de production installée dans le coin d’une grande cours.

Sous un préau fait de panneaux solaires, une salle technique permet de capter l’énergie du soleil et de la restituer durant la nuit aux taxis solaires qui ont besoin pour une charge complète.

Les taxis ont cependant besoin d’être rechargés une seconde fois dans la journée mais cette fois-ci ce n’est pas le taxi qui est directement branché à la borne mais seulement la batterie qui est remplacée.

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Image caption Des mécaniciens rechargent les batteries des taxis électriques à trois roues dans la ville côtière de Jacqueville. -Plusieurs véhicules électroniques chinois, équipés d’un système de rechargement d’énergie solaire, permettent au citoyen de Jacqueville de se déplacer facilement autour de la ville pour 100 à 500 francs CFA.

Autonomes et rapides

Les véhicules ont une autonomie de 120 km et grâce au panneau solaire fixé sur le toit ils peuvent aller jusqu’à 150 km. C’est d’ailleurs la distance que fait environ chaque jour Anem Maxelle, chauffeur de taxi solaire depuis six mois.

« La vitesse maximum est de 50 km/h mais nous roulons moins vite autour de 35 voire 40 km/h parce que plus tu roules vite plus la batterie se décharge » explique Maxelle.

Eco taxi embauche une dizaine de personne à plein temps et une vingtaine à temps partiel. Mais ce nouveau moyen de transport ne plaît pas à tout le monde.

Les chauffeurs de taxis ne sont pas contents de cette concurrence qu’ils jugent déloyale.

« D’abord ils sont venus casser les prix qui étaient pratiqués » avance en colère Oussenou un chauffeur de taxi. La course du taxi solaire coûte 100 f CFA alors que les taxis exigeaient 200 f CFA.

Conséquence, les recettes des taxis qui pouvaient grimper jusqu’à 15 000 f CFA ont été divisées par deux voire trois.

« On se retrouve avec 7 000, 4 000 ou 5 000 après une journée de travail » s’indigne le chauffeur de taxi.

Fiche technique

  • engins à trois roues
  • une autonomie de 120 km
  • une vitesse maximum de 50 km/h
  • destinés à rouler sur des pavées
  • équipés de phares avec des LED
  • fonctionnent à l’énergie du soleil (avec une batterie de recharge)

Jacqueville est un projet pilote et Marc Togbé commence à faire un bilan du déploiement des taxis solaires. Il a remarqué que le manque d’infrastructures peut être un frein à la circulation de ses taxis solaires.

« Il s’agit s’engins qui ne sont pas destinés à rouler sur des pistes rocailleuses : il faut paver les voies pour que les engins puissent optimiser leur fonctionnement ».

Il y a aussi la question de l’éclairage. Les taxis solaires sont équipés de phare avec des LED ce qui réduit la zone d’éclairage des engins en cas de conduite de nuit.

Qu’à cela ne tienne, Konaté Balla le propriétaire des taxis solaires pense déjà à d’autres engins solaires comme des mini-cars et des camions de transport.

Outre les autres types de véhicules solaires, Balla Konaté pense à implanter ses taxis solaires dans d’autres villes ivoiriennes comme Korhogo, Ferkessédougou dans le nord et même dans la capitale politique, Yamoussoukro.

bbc.com