Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salmane a confessé un secret de Polichinelle, à savoir qu’il était effectivement responsable de l’assassinat de l’opposant Jamal Khashoggi dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul (Turquie) en octobre 2018, a-t-on appris jeudi.
Tandis que dirigeants et marchands d’armes, français notamment, continuent de nier les crimes en tout genre de la dictature saoudienne, la chaîne publique américaine PBS a publié jeudi un témoignage a priori accablant pour MBS.
La vidéo ci-dessous est essentiellement un enregistrement sonore du journaliste de PBS Martin Smith, en prélude à un documentaire sur le prince devant être diffusé la semaine prochaine.
Martin Smith y affirme qu’il a interrogé MBS sur l’affaire Khashoggi, et que celui-ci lui a répondu : « J’en porte la responsabilité », parce que le meurtre a eu lieu « sous mon autorité » (en anglais : « under my watch”).
Martin Smith précise que le tête-à-tête en question avec MBS –qu’il a probablement enregistré à défaut de l’avoir filmé- remonte à décembre 2018. Mais on a alors du mal à comprendre pourquoi il n’est rendu public que maintenant, près d’un an après.
L’opération semble donc s’apparenter à une sorte de « coming out », où MBS n’endosse qu’une responsabilité morale dans la monstrueuse mise à mort de Khashoggi, mais certainement pas une responsabilité pénale. Et que les grandes puissances peuvent donc continuer de faire du business avec lui : invitations, alliances tous azimuts contre l’Iran, blanc-seing à la destruction du Yémen, etc.
Après avoir dans un premier temps nié toute responsabilité dans la disparition de Jamal Khahoggi, le régime de MBS l’avait jusqu’à cette dernière révélation imputée à « une dispute qui avait mal tourné » ! Onze membres des services secrets ont officiellement été arrêtés en Arabie Saoudite, mais on n’a aucune nouvelle sur leur sort.
LES DERNIERS INSTANTS DE LA VIE DE KHASHOGGI
Par ailleurs, la presse turque a publié au début du mois la transcription de l’enregistrement audio de ce qu’auraient été les derniers moments de Jamal Khashoggi, aux mains d’une équipe de 15 tueurs à l’intérieur du consulat saoudien d’Istanbul. Sans surprise, les documents sont issus d’enregistrements effectués par les services secrets turcs.
On y entend notamment le nommé Maher Abelaziz Mutreb, un gradé des services secrets et garde du corps attitré de MBS, dire à Khashoggi : « Monsieur Jamal, écrivez un texto à votre fils pour lui dire de ne pas s’inquiéter si vous êtes injoignable ».
Devant le refus de Khashoggi, Mutreb poursuit : « Vous avez tort, vous feriez mieux de vous dépêcher et de nous aider, parce qu’au final, on va vous ramener en Arabie Saoudite, et vous savez ce qui vous arrivera si vous ne nous aidez pas ».
Des membres de l’équipe administrent ensuite des substances à l’opposant. Ses derniers mots, avant de perdre connaissance, sont les suivants : « Ne me faites pas cela. Je souffre d’asthme. Je vais étouffer ».
Peu après commence un bruit qui va durer de longues minutes : celui de la scie qui découpe le corps de la victime.
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