On demande souvent aux femmes qui confient avoir subi des violences au sein de leur couple pourquoi elles sont restées. On ne comprend pas qu’elle soit restée avec un partenaire qui les humiliait, les violait et les battait.
Mais derrière l’incompréhension se cache une idée culpabilisante pour la victime. Si elle subissait des violences, « elle n’avait qu’à partir », comme si elle était responsable de la situation…
Le rôle de l’emprise
Si une femme ne peut ou ne veut pas partir, c’est d’abord parce qu’elle est sous l’emprise de son conjoint.
Le conjoint violent agit en véritable manipulateur en faisant croire à sa victime qu’il lui est indispensable, qu’elle n’est rien sans lui. Les violences, qui peuvent être psychologiques, verbales ou physiques, sont très difficiles à supporter pour la victime qui les cache, les minimise, les nie, ou bien considère qu’elle en est responsable.
Le conjoint violent profite de cette situation pour rabaisser encore davantage sa victime, la rendant coupable des mauvais traitements qu’elle subit. Comment partir quand on vit dans la peur permanente de ce qui pourrait arriver si on le faisait ? Comment croire que celui dont on est tombé amoureuse est en réalité en train de nous faire du mal ? Où est le libre arbitre face à la menace ou au chantage ?
Les moments de violences sont entrecoupés de phases de réconciliation : le partenaire violent demande pardon, nie sa responsabilité voire la fait porter à sa victime, mais redouble d’attention pour se racheter. C’est ce qu’on appelle la période de « lune de miel ». La victime se prend alors à espérer que les choses vont changer, jusqu’à l’escalade de violence suivante.
A force, les victimes ne comprennent plus qu’elles subissent des atteintes inacceptables à leur intégrité. Elles entretiennent des sentiments de peur, de confusion, de culpabilité, d’impuissance. Les violences les conduisent à vivre des épisodes de dissociation, qui les font paradoxalement se sentir « mieux » lorsqu’elles sont en compagnie de leur conjoint de violent. En réalité, elles sont tellement terrorisées qu’elles sont comme anesthésiées, voir hypnotisées par la terreur lorsqu’elles se trouvent en sa compagnie.
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