RHDP : Législatives/Choix des candidats » ?

 

Parmi une pléthore de candidats à la candidature, le RHDP est obligé de faire les meilleurs choix pour espérer remporter la majorité des 255 députés à l’Assemblée nationale. Exercice périlleux pour le parti au pouvoir qui devra faire montre d’un talent fou pour ne pas se tromper dans ses choix.

Le RHDP au pied du mur

Au Pmu, le choix des meilleurs chevaux capables de rentrer en ordre est un véritable casse-tête pour tous les habitués des paris hippiques. Cela devient plus compliqué pour les partis politiques quand il s’agit de choisir les candidats pour les élections législatives ou municipales avec de nombreux prétendants qui se bousculent au portillon pour se faire adouber par la majorité au pouvoir. Les législatives annoncées pour le premier trimestre de 2021 vont mettre à rude épreuve la direction du RHDP quant à la désignation des oiseaux rares susceptibles de permettre au parti de rafler une majorité confortable des 255 députés à l’Assemblée nationale. L’équation paraît plus compliquée pour le RHDP d’autant plus que les « Gbagbo ou rien » ou Gort qui ont fini par comprendre que la politique de la chaise vide adoptée depuis 2011 les conduisait vers leur disparition de la scène politique, font leur entrée en piste. Il faut ajouter à cela la participation du PDCI de Henri Konan Bédié qui rêve de prendre sa revanche après avoir boudé le RHDP et boycotté la présidentielle du 31 octobre 2020. Si jusque-là, le parti du Président Alassane Ouattara pouvait se permettre quelques erreurs de casting, ce ne sera pas le cas cette fois-ci où les législatives vont être « le match retour » de la présidentielle remportée brillamment par le RHDP dont le bilan inattaquable a fait fuir les candidats du PDCI et du FPI de la course au fauteuil présidentiel. Conscient des enjeux de ces législatives à haut risque, le RHDP semble avoir pris la mesure de la menace que représente-le retour de l’opposition dans la bataille pour le contrôle de l’Assemblée nationale. Lors des cérémonies d’hommage à l’ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly à Korhogo, le directeur exécutif du parti des Houphouétistes a levé un coin du voile sur le mode opératoire arrêté concernant la désignation des candidats désireux de défendre les couleurs de cette formation qui cherche à remporter la majorité à la chambre basse du Parlement. Le communiqué final de la réunion extraordinaire tenue le 18 décembre dans la cité du Poro indique que « les démarches qui seront adoptées pour la désignation des candidats seront très inclusives et transparentes ».

consensus

Selon un quotidien de la place, deux critères ont été adoptés pour opérer le tri entre les différents prétendants. Le candidat à la candidature du RHDP doit être l’émanation de la base et avoir une assise dans sa circonscription. Mais en plus, il doit avoir les poches pleines pour pouvoir supporter les frais de la campagne électorale. Le choix définitif du candidat sera confié aux coordonnateurs régionaux chargés de recenser les intentions de candidature qui vont être étudiées par un comité restreint. Ce comité, selon ce quotidien, va dans un premier temps, analyser les dossiers, faire un choix motivé qui sera transmis au coordonnateur régional qui peut valider ou invalider ce choix ou s’en remettre au comité des sages pour trouver un accord. Le coordonnateur transfère le dossier à la direction exécutive chargée de le transmettre au comité électoral qui décidera en dernier ressort. Ce processus a toutes les chances d’être contesté car de nombreux coordonnateurs régionaux ont affiché leur volonté de briguer le fauteuil de député avant même la décision finale de la direction du parti. Les choses se complexifient avec le respect de la loi qui impose un quota de 30% des femmes sur les listes. Dans de nombreuses circonscriptions électorales, il va falloir dégager des hommes pour faire entrer des femmes « capables » afin d’assurer la victoire au parti du Président Alassane Ouattara. Des beaux duels en perspective qui vont certainement engendrer des candidatures indépendantes en cascade ou grossir les rangs. des militants déçus. A Odienné par exemple, ou apprend qu’il y a 60 candidats à l a candidature pour les deux postes de députés de cette circonscription qui vote 100% RHDP. Il y aurait au moins 15 candidats à Gbéléban qui veulent prendre la place du député sortant, Doumbia Alassane dit Etoukan. A Anyama également, la bataille s’annonce rude. Dans la banlieue abidjanaise, les camps s’affrontent déjà. Si tous ceux qui manœuvrent dans l’ombre ne sont pas connus ou s’ils refusent pour l’instant de se découvrir, un nom est beaucoup cité dans la guéguerre entre Houphouétistes de la cité du cola. Fatîm Bamba, fille de la ville a reçu le soutien de certains mouvements de jeunesse. Il n’en fallait pas plus pour qu’elle soit traitée de fossoyeuse et accusée de mettre « en péril le travail de Ouattara ». C’est la preuve que la bataille qui ne fait que commencer risque de remuer Anyama dans les semaines et mois à venir. Mais, c’est à la haute direction du RHDP de tout mettre en œuvre pour être proche du choix des populations si elle ne peut pas être certaine de respecter à cent pour cent le choix de la base.

Si l’on s’en tient à certaines sources bien informées, le RHDP n’acceptera plus des candidats indépendants dans ses rangs comme cela a été constaté à chaque élection législative ou municipale. Le directeur exécutif adjoint chargé des élections, Ma- Madou Sanogo, a donné le ton au cours de sa tournée dans son fief du Bafing. « La compétition se fera au niveau du parti. L’ambition est noble mais quand le parti aura choisi, je demande aux cadres de respecter le choix du parti. Et surtout de respecter la hiérarchie. Je suis le premier responsable du parti au niveau régional, chargé des élections au niveau national. Nous sommes à même de reconnaitre ceux qui peuvent valablement être candidats et représenter notre région au Parlement. Une fois les choix opérés, que tous les autres cadres baissent la garde et s’alignent sur les choix faits. En ma qualité de premier responsable en second du RHDP après Adama Bictogo, je demande à tous les candidats RHDP, de toutes les circonscriptions électorales de s’aligner derrière les candidats que le parti aura choisis », a souhaité le ministre Mamadou Sanogo. Cet appel sera-t-il entendu par tous ceux qui rêvent de siéger au Parlement et qui ne seraient pas retenus par la direction du parti ? Rien n’est moins sûr. Conscients de cet enjeu, les militants RHDP de Bouaké, sous la houlette du coordonnateur de Gbêkê l, le ministre des Transports Amadou Koné, ont adopté à l’unanimité un modus operandi pour éviter les grincements de dents. Tous les intéressés doivent faire acte de candidature du 25 décembre 2020 au 7 janvier 2021. La liste des candidats retenus sera analysée par des commissions avant de passer à des recours s’il y a un manque de consensus.

Fin des combinés

Quels que soient les critères objectifs adoptés par la direction du parti, il y aura toujours des éléments incontrôlés qui s’estimeront à raison ou à tort, lésés par des décisions « injustes ». Ces mauvais perdants n’hésiteront pas à s’aligner comme candidats indépendants ou dans le pire des cas à passer chez l’adversaire FPI ou PDCI, prêts à accueillir ces « brebis égarées » de la maison RHDP. Cette situation met une certaine pression sur le président du parti, le Président Alassane Ouattara qui doit veiller au grain afin que les meilleurs des meilleurs soient désignés pour lui assurer une majorité confortable à l’Assemblée nationale. Certes, le choix des hommes et des femmes parmi une pléthore de candidats n’est pas facile, même pour le plus » grand « voyant » de la terre mais le parti doit reconnaître le mérite des cadres qui ont travaillé sur le terrain parfois miné dans certaines régions « hostiles » au RHDP. Il faut éviter les erreurs du passé lorsque des candidats « fantômes » ont été choisis sur les théâtres des opérations et qui n’apparaissent qu’à la veille des élections avec quelques dons pour espérer convaincre les militants à porter leur choix sur leur personne. Pour réussir le meilleur casting, il faut écouter et consulter la base qui est bien placée pour savoir qui fait quoi sur le terrain. Les exemples sont légion. Comme en 2011, à Madinani dans le Dengue. En effet, le choix par le RDR d’un candidat que les populations rejetaient, les avait irritées au point qu’elles avaient pris par la main un indépendant issu du RDR qu’elles avaient élu, sanctionnant ainsi le choix de leur parti.

Les résultats de la présidentielle région par région constituent un véritable test pour le RHDP qui pourra s’en servir pour évaluer le travail des cadres sur le terrain. Ceux- qui ont mouillé le maillot doivent être récompensés, et les « vauriens » remerciés afin de donner toutes les chances au parti de sortir vainqueur de ces législatives qui seront âprement disputées. Avec le Président Alassane Ouattara à la manette, on est convaincu que les petites combines avec la direction du parti pour imposer des choix à la base ne passeront pas.

 

 

Memel Essis

L’expression, 24 décembre 2020

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