Rites du Hadj : La station d’Arafat

L’IMPORTANCE DES MONTAGNES DANS L’ADORATION

L’on se demanderait pourquoi une montagne ? Elles sont des actrices de premier plan dans la révélation. Bien qu’elles soient en apparence statiques, Allah nous révèle que ces êtres pensants mènent une existence spirituelle réelle parallèlement à ce monde sensible. Seuls les Prophètes et les saints à qui Allah a ôté le voile de l’insouciance du cœur et des yeux côtoient ce monde supérieur. Les montagnes suivant les enseignements du Coran sont des êtres vivants capable d’amour. Le Prophète dit: « Ouhoud est une montagne qui nous aime et que nous aimons », rapporté par Sahih Al-Bukhari.

Elles sont capables d’entendre et d’entrer en communication avec les personnes ayant atteint un haut degré de spiritualité. Le Prophète (saw) a un jour gravi la montagne d’Uhud avec Abu Bakr, Omar et Uthman. La montagne a tremblé sous leurs pieds. Le Prophète (saw) a dit (à la montagne) : « Sois calme, ô Uhud ! Car il n’y a sur toi qu’un Prophète (saw), un véridique (ra) et deux martyrs (ra) » Elles ont également peur. « Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et d’éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en est chargé ; car il est très injuste [envers lui-même] et très ignorant. » (Surat 33, V 72) Les montagnes occupent auprès d’Allah une place prépondérante car elles sont le lieu de réception de toutes les grâces qu’Allah déverse sur les hommes.

A titre d’exemple, Lorsque Allah a voulu se manifester par son essence à Moise, la montagne fut désignée comme lieu de manifestation de la présence divine. Enfin, les Prophètes pour la plupart d’entre eux ont reçu la révélation sur les montagnes. En terme de préséance spirituelle, les montagnes ont une crainte révérencielle extrêmement élevée que celle des hommes. Si bien que si le Coran, leur avait été révélée, elles se seraient humiliées par crainte d’Allah. « Si Nous avions fait descendre ce Coran sur une montagne, tu aurais vu celle-ci recueillie au point de s’affaisser et de se fendre, par la crainte d’Allah. Ce sont là des exemples que nous donnons aux hommes, peut-être y réfléchiront-ils. » Ainsi, leur proximité avec Allah leur confère une pureté immaculée, les rendant digne de participer et de recevoir au même titre que les hommes les grâce et miséricorde divine.

La montagne en raison de son enracinement dans l’écorce terrestre est également évoquée par Allah pour recevoir et amortir la puissance des énergies célestes déversées sur terre. Entre autre la miséricorde céleste au jour de Arafat. Devrons-nous alors nous étonner si nous sommes invités à quitter nos villes et villages pour rejoindre les plateformes naturelles pour bénéficier de la miséricorde ? Si les hommes pouvaient abandonner la désobéissance et l’injustice.

Certainement qu’ils n’auraient point besoin de quitter leur demeure pour aller à la quête de la miséricorde divine dans le désert. Allah Maître et Créateur des cieux et de la terre, pur et bon par essence ne peut que choisir un endroit purifié pour manifester ou déverser ses grâces innombrables sur les musulmans. C’est l’une des raisons pour lesquelles les maîtres choisissent les grottes dans les montagnes pour la réclusion spirituelle.

JOUR DE ARAFAT ; LA STATION SPIRITUELLE DU PARDON ET DU REPENTIR

Lisons une fatwa du Shaykh ibn Al’ Ulthaymine. Que signifie la parole du Messager (Bénédiction et salut soient sur lui) : le pèlerinage, c’est Arafat ? Louange à Allah. La signification de la parole du Messager (Bénédiction et salut soient sur lui) : le pèlerinage, c’est Arafat voudrait dire que la validité du pèlerinage requiert obligatoirement le stationnement à Arafat. Le pèlerin qui n’aura pas stationné à Arafat aura raté le pèlerinage.  La phrase ne signifie point que celui qui a stationné à Arafat n’aura plus à faire les autres rites constitutifs du pèlerinage car après le stationnement à Arafat, le pèlerin devra accomplir les autres rites… » Extrait de Madjmou’ fatwa Ibn Outhaymine,23/24 La station d’Arafat marque le début officiel du Hajj.

Celui qui l’aura manquée aura manqué le Hajj. Elle ne s’ouvrira que l’année suivante. En conséquence, le pèlerin aura manqué le Hajj, alors, il reviendra pour la saison prochaine. L’objet du Hajj n’est pas Arafat. L’objet du Hajj est la visite de la maison sacrée d’Allah. Le point culminant du Hajj n’est pas Arafat. Mais plutôt le tawwaf Ifadah qui est le tawwaf du Hajj. Les croyants, pour certains, croient à tort que la station d’Arafat, en raison de l’abondance de la miséricorde de ce jour, constitue le rite le plus important du Hajj.

Ce faisant, l’esprit mercantiliste spirituel du croyant prend le dessus. Il croit alors avoir fini l’essentiel et que le reste aussi important soit-il n’est pas meilleur et plus bénéfique que le jour de Arafat. Cela est une grossière erreur car Arafat n’est pas le Hajj, il est une étape et non des moindres du Hajj, la porte d’entrée permettant la visite de la maison sacrée. Le Hajj donc est la visite de la maison sacrée comme l’atteste les versets suivants : « Et c’est un devoir envers Allah pour les gens qui ont les moyens, d’aller faire le pèlerinage de la Maison sacrée. » (S 33 ; V 97) [Et rappelle-toi], « quand nous fîmes de la Maison un lieu de visite » )S2 ; V 125).

Les maitres estiment que tous les rites du Hajj depuis le miqate sont effectués en vue de la Kaaba. C’est-à-dire que si par le miqate, le pèlerin par l’intention du Hajj est entré au monde spirituel du Hajj, il ne peut cependant pas accéder à la Kaaba. Il n’est pas apte ou n’est pas digne de visiter encore la maison sacrée car il traine sur son dos le fardeau de ses péchés.

Nous l’avons déjà dit : « le Seigneur de cette maison est pur. Il n’accepte aussi que le tawwaf des personnes pures, débarrassées de leurs souillures. » D’où le début du Hajj par la station du pardon et du repentir. En de termes plus simples, le pèlerin ne peut résider à la Mecque avec ses péchés pour bénéficier des grâces d’Allah. Il s’en débarrassera préalablement à Arafat en dehors de la ville de la Mecque pour pouvoir ensuite s’orienter vers la maison sacrée.

A suivre…..

Par Ustaz Fofana Inza