Alors que le mois béni entre tous va bientôt poindre dans un horizon assombri par les ravages d’un virus mortifère, qui ignore les frontières et, plus encore, la parenthèse ramadanienne enchantée, d’éminents savants musulmans ont émis une fatwa destinée aux soignants.
Pleinement conscient de la difficulté d’accomplir le quatrième pilier de l’islam, tout en luttant contre une pandémie qui ne laisse aucun répit et puise dans les ressources de celles et ceux qui tentent de l’enrayer, un aréopage d’universitaires britanniques, se réclamant de l’école de pensée musulmane sunnite Deobandi ( très répandue au Pakistan, en Inde et en Afghanistan), vient de rendre son arbitrage.
Signé d’une seule main par des érudits musulmans enseignant à Blackburn, Batley, Bury, Bradford, Leeds, Londres, Birmingham, Sheffield et Leicester, l’avis juridique entériné sans la moindre objection autorise les personnels hospitaliers à reporter leur jeûne.
Voici en substance ce qu’il y est prescrit :
« S’il ne vous est pas possible de jeûner en raison de la forte probabilité de déshydratation et de soif intense, ainsi que du risque de faire des erreurs cliniques qui pourraient potentiellement mettre en danger la vie des malades, le jeûne peut être reporté à une date ultérieure. C’est à vous d’évaluer la situation et de vous faire votre propre jugement, en songeant à votre propre santé et à vos obligations de soins, et de soins de qualité, envers vos patients ».
« Toute décision que vous prenez devrait être réexaminée quotidiennement. Si vous n’êtes pas sûrs de votre capacité de jeûner ou s’il vous est possible de jeûner un jour particulier, par exemple, alors le jeûne peut être observé. Si à tout moment, vous avez du mal à le poursuivre, le jeûne peut être interrompu et reporté à une date ultérieure sans pénalité supplémentaire ».
Depuis l’Afrique du Sud où il officie, en sa qualité de titulaire de la chaire Al-Shatibi d’études maqasides à l’International Peace College, le Dr Jasser Auda, qui chapeaute par ailleurs un groupe de réflexion mondial à Londres, a donné son plein et entier assentiment à cette fatwa.
« Si les soignants musulmans peuvent concilier le jeûne et leur mission de sauver des vies, sans en souffrir ou que leurs compétences en souffrent, alors le jeûne peut être observé. Sinon, s’ils estiment qu’il y aura un préjudice sur un plan personnel ou pour leurs patients, alors le jeûne pourra être interrompu et reporté ultérieurement dans l’année. Allah n’impose à aucun croyant une charge supérieure à sa capacité », a-t-il écrit.
oumma