Le président tunisien Kais Saied a désigné comme chef du futur gouvernement, l’ancien ministre des Finances Elyes Fakhfakh. Ce dernier hérite de la difficile mission de constituer, d’ici un mois, une équipe susceptible de convaincre un Parlement morcelé.
Le président de la République tunisien Kais Saied, n’a finalement pas cédé aux pressions. Ce lundi, il a chargé Elyes Fakhfakh, candidat malheureux à la dernière présidentielle et ancien ministre du Tourisme, puis des Finances, sous les deux gouvernements de coalition formés entre novembre 2011 et novembre 2014, de former un nouveau gouvernement dans un délai d’un mois. Cette nomination intervient dix jours seulement après le rejet, par les députés, d’un premier gouvernement formé sous la houlette du parti d’inspiration islamiste Ennahdha.
Les élections générales qui se sont tenues en octobre dernier ont débouché sur une véritable mosaïque parlementaire. Première force politique du pays, les islamistes modérés d’Ennahdha ne contrôlent que 53 des 217 sièges de l’Assemblée. Elyes Fakhfakh va devoir convaincre un parlement plus que jamais morcelé, et sa tâche s’annonce d’ores et déjà ardue. En cas d’échec, le parlement pourrait être dissout, et de nouvelles élections convoquées.
Ingénieur et manager formé en France
Né en 1972, à Tunis, Elyes Fakhfakh a une formation d’ingénieur en management des hommes et des organisations. Il commence sa carrière en 1999, au sein de la multinationale française Total. En 2004, il est désigné directeur des opérations d’un nouveau site industriel du groupe, situé en Pologne. Deux ans plus tard, il décide de rentrer en Tunisie, où il prend la tête du groupe automobile Cortel, devenu depuis Caveo. Après la révolution de 2011 et la chute du régime Ben Ali, Elyes Fakhfakh s’engage en politique au sein du parti social-démocrate Ettakatol.
La même année, il est nommé ministre du Tourisme dans le gouvernement de coalition de Hamadi Jebali. Et le 19 décembre 2012, il prend la tête du ministère des Finances du gouvernement Jebali, et conserve ce portefeuille au sein de celui dirigé, peu de temps après, par Ali Laârayedh. En 2019, Elyes Fakhfakh se présente au premier tour de l’élection présidentielle, sous la bannière du parti Ettakatol. Il termine en 16e position, avec 0,34% des suffrages, soit 11.532 voix. Dirigé par le Premier ministre Youssef Chahed, le gouvernement sortant, en place depuis 2016, gère actuellement les affaires courantes.
Une situation économique préoccupante
C’est le 14 janvier dernier que la Tunisie a célébré le neuvième anniversaire de la « révolution de jasmin », qui a conduit à la chute de feu l’ancien dictateur Zine el Abidine Ben Ali. L’atmosphère n’est cependant pas à la fête, tant le climat économique est morose. Dans une note rédigée par la direction générale du Trésor français, et datée du 27 décembre dernier, l’on peut lire : « La situation économique tunisienne est préoccupante. Après 3 baisses trimestrielles consécutives, la croissance du PIB se maintient à un niveau faible (+0,95% au 3ème trimestre 2019 en glissement annuel – g.a.) et se révèle nettement insuffisant pour résorber un chômage structurel de masse (autour de 15% de la population active). »
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