Radieuse, sa ceinture de sécurité bouclée, le pied au plancher et l’art de la « punchline » parfaitement maîtrisé, la rappeuse saoudienne Leesa A ne pouvait que célébrer en paroles et en musique la levée inespérée de l’interdiction de conduire infligée à ses concitoyennes des décennies durant.
C’est le 24 juin, jour à marquer d’une pierre blanche pour de nombreuses saoudiennes en quête d’émancipation, qu’elle est apparue, débordante d’énergie, dans un clip au titre percutant « Tu crois que je plaisante ? », criant victoire à sa manière, à bord d’une voiture érigée en symbole de la liberté chèrement conquise
« Plus besoin de taxi, le volant entre mes mains, la pédale sous mon pied, je ne demande à personne de m’accompagner, je vais m’occuper de moi-même, mon permis de conduire est prêt et ma ceinture de sécurité est sur mon abaya », scande-t-elle en rythme, au risque de heurter les oreilles de la monarchie saoudienne qui n’affectionnent guère de telles sonorités et encore moins la soif d’indépendance qui se dégage de ses paroles revendicatives.
Si le buzz était quasi assuré sur les réseaux sociaux – son clip devenant viral en l’espace de quelques heures et sa notoriété s’en trouvant boostée à l’international – on imagine qu’il n’était pas de la même nature dans les allées du pouvoir saoudien, et ce, même si le vent de la réforme semble souffler sur le royaume du rigorisme religieux.