Valéry Giscard d’Estaing est mort à 94 ans « des suites du Covid-19 »

 

Valéry Giscard d’Estaing est mort ce mercredi 2 décembre, « des suites du Covid-19 », a annoncé sa famille. L’ancien président de la République, qui avait récemment été hospitalisé pour une infection pulmonaire, était âgé de 94 ans.

Après Jacques Chirac en septembre 2019, la France a perdu un nouveau président. Fragilisé ces derniers mois, Valéry Giscard d’Estaing est mort ce mercredi 2 décembre, à l’âge de 94 ans, selon les informations d’Europe 1. Une nouvelle confirmée par son entourage à l’AFP. L’ancien président de la République est décédé « des suites du Covid-19 », a fait savoir sa famille, précisant qu’il était parti « entouré » des siens dans sa propriété du Loir-et-Cher. Hospitalisé à Paris en septembre dernier pour une infection pulmonaire, l’ex-chef de l’Etat avait de nouveau fait un passage par la case hôpital à la mi-novembre. Hospitalisé à Tours, il avait récemment été autorisé à rentrer chez lui pour poursuivre sa convalescence.

Chef de l’Etat de 1974 à 1981, élu à l’Académie française, membre du Conseil constitutionnel… Valéry Giscard d’Estaing aura gagné un blason : celui du président de la République à la plus grande longévité. Né en 1926 en plein cœur de la République de Weimar, celui que l’on se plaît à surnommer « VGE » aura survécu à nombre de ses opposantsFrançois Mitterrand, d’abord, qui l’avait battu en 1981 à l’élection présidentielle. Puis, l’ennemi juré, Jacques Chirac, de six ans son cadet, dont il ne pardonnera jamais la trahison.

A l’image d’un homme politique en France, Giscard semble avoir tout exercé : inspecteur des finances, député du Puy-de-Dôme, ministre, avant d’arriver au Saint Graal, l’Elysée, en 1974. Le plus jeune président élu (à l’âge de 48 ans, avant d’être battu par Emmanuel Macron) fait voter l’abaissement de la majorité, organise avec Simone Veil la dépénalisation de l’avortement, favorise l’intégration des personnes handicapées dans la société, permet le divorce par consentement mutuel. Grand europhile, Valéry Giscard d’Estaing participe largement à la construction européenne. Autant d’accomplissements, à côté desquels il a peiné à rétablir une économie saine, dans un contexte marqué par la fin des Trente Glorieuses.

Valéry Giscard d'Estaing, en 1976, à Bormes-les-Mimosas.

Valéry Giscard d’Estaing, en 1976, à Bormes-les-Mimosas. AGENCE / BESTIMAGE

Un homme politique touché par les scandales

Surtout, l’homme politique est touché par un scandale dont il ne se remettra jamais : « l’affaire des diamants ». Le 10 octobre 1979, Le Canard Enchaîné publie le fac-smilé d’une commande de diamants que Jean-Bedel Bokassa, l’empereur de Centrafrique, aurait destinée à Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre des finances. L’affaire impactera l’élection présidentielle de 1981. « La ‘tourmente’ liée aux diamants de Bokassa, Valéry Giscard d’Estaing n’a jamais réussi à en sortir totalement« , analysait le journaliste Olivier Duhamel, sur Europe 1en 2019.

Une autre affaire est récemment venue ternir l’image de l’ancien président de la République. En mai dernier, le parquet de Paris a ouvert contre lui une enquête pour agression sexuelle. La journaliste allemande Ann-Kathrin Stracke l’accuse de lui avoir mis la main aux fesses à plusieurs reprises, lors d’une interview en décembre 2018. Des accusations que Valéry Giscard d’Estaing a réfuté« C’est une allusion à un événement qui se serait produit il y a deux ans, qui aurait été un geste dont personne n’a gardé le souvenir« , se défendait-il au micro de RTL en juin dernier.

« Valéry Folamour », un grand amateur de femmes

Considéré par beaucoup comme un « séducteur », Valéry Giscard d’Estaing a semble-t-il mené la belle vie en multipliant les aventures extra-conjugales. L’homme, marié à Anne-Aymone Sauvage de Brantes depuis 1952 et père de quatre enfants – dont Jacinte, décédée en 2018 – héritera même du surnom de Valéry Folamour, en référence au docteur Folamour. En 2016, le livre Dans l’ombre des présidents dévoilait l’une de ses techniques pour échapper aux photographes« Giscard était plutôt plus discret que François Hollande, quand même ! Il n’y a pas plus simple : on sort avec une voiture aux vitres noires, on va où on veut, on bloque une rue cinq minutes par trois flics pour que les gens qui suivent ne suivent plus, et on est tranquille« , racontaient les deux auteurs de l’ouvrage. Des romances menées à l’abri des regards indiscrets.

Ce grand amateur de littérature provoquera d’ailleurs le doute avec l’une d’entre elles, dans son deuxième roman, La Princesse et le président. L’ancien locataire de l’Elysée y met en scène une histoire à l’eau de rose entre un président français et une princesse britannique. Elle s’appelle Lady Patricia, princesse de Cardiff. Il se nomme Jacques-Henri Lambertye et vient tout juste d’être réélu à la présidence de la République. Un livre pour avouer une histoire d’amour cachée ? Interrogé sur le sujet, Valéry Giscard d’Estaing affirme lors d’un entretien au Point : « J’ai inventé les faits« . Même si l’héroïne lui a bien été inspirée par Lady Diana, qu’il a rencontrée à Versailles en 1994.

Valéry Giscard d'Estaing, en compagnie de Lady Diana, en novembre 1994.
Valéry Giscard d’Estaing, en compagnie de Lady Diana, en novembre 1994. LUC CASTEL / BESTIMAGE

Ces dernières années, l’académicien, qui a consacré une trilogie à son parcours (Le Pouvoir et la Vie), a multiplié les écrits, notamment sur son thème de prédilection : l’Europe. Après Europa, la dernière chance de l’Europe en 2014, il a signé au printemps dernier une tribune avec une vingtaine de personnalités dans L’Opinion sur l’Europe à l’ère de la crise sanitaire. Récemment, c’est à la fiction que l’ancien chef de l’Etat était revenu, avec son roman Loin du bruit du monde (XO Éditions), sorti en novembre dernier. Un titre aux accents prémonitoires.