En 1995, après la chute de l’apartheid, l’Afrique du Sud organise la coupe du monde de rugby. Nelson Mandela, pour marquer et véhiculer sa vision de « nation arc-en-ciel » qu’il projette de l’Afrique du Sud a, au cours de la finale, qu’a remportée son pays, porté le maillot vert et or des Springs Boks alors propriété exclusive des racistes blancs. Un message chargé d’une forte symbolique pour dire que ce sport ne devait plus être la propriété d’une couche raciale donnée, comme ne devait l’être quelque secteur de la société sud-africaine. L’Afrique du Sud doit être dorénavant une nation démocratique et multiraciale. Avec la pression du politique sur la Fédération Sud-Africaine de rugby (SARU), ce sport a ouvert ses portes aux populations noires. Quasiment 20 ans après, le dimanche 02 novembre 2019, l’Afrique du Sud est pour la 3ème fois championne du monde avec son capitaine noir Siya Kolisi brandissant la coupe tant convoitée et une équipe particulièrement multicolore. Pendant cette finale qui a vu les Springs Boks surclassé les anglais, on pouvait voir les supporters noirs et blancs sud-africains s’embrasser, jubiler dans une communion fusionnelle. Le président Cyril Ramaphosa était aussi présent, portant le maillot de l’équipe nationale sud-africaine. Ces images en plus d’être historiques sont chargées de symboles fortes.
Elles montrent que le rêve de Nelson Mandela, en dépit des récentes violences xénophobes, est en voie de se concrétiser. Pourtant, que de résistances de la part des radicaux dans les deux camps! Cette trajectoire de l’équipe sud-africaine nous interpelle en tant qu’Ivoiriens. En effet, comme Nelson Mandela, le père de la nation ivoirienne a eu une vision claire pour son pays. à savoir, faire de celui-ci une terre d’hospitalité, de rencontres et de brassages des peuples. Malheureusement, après lui, prétendant agir au nom de son idéologie politique, certains leaders politiques ont volontairement véhiculé d’autres concepts idéologiques qui ont induit à une crispation ethno-religieuse qui n’en finit pas de créer une instabilité socio-politique dans le pays. Les points d’acuité de celle-ci se traduisant par des coups d’état et des guerres.
Pourtant, alors qu’on croyait avoir fermé cette parenthèse douloureuse et malheureuse, le refrain de ces concepts confligènes sont remis sur la table, avec un usage fortement tendancieux de la terminologie « les Ivoiriens ». Au point où il faut à juste titre s’interroger si les autres en face, ne seraient-ils pas suffisamment Ivoiriens pour qu’on leur oppose d’autres Ivoiriens ? La victoire sud-africaine avec une équipe multicolore, chose inimaginable des années en arrière, nous conforte dans l’avenir et permet de comprendre que toute entreprise de discrimination ne peut prospérer durablement. Elle est appelée à faire faillite d’une manière ou d’une autre. Cela parce que l’essence de la création de l’univers impose la rencontre des peuples afin de construire un vivre-ensemble inclusif et pacifique. En conséquence, les porteurs du rêve d’une Côte d’Ivoire inclusive doivent y croire fermement et continuer à labourer les sillons de cette voie. C’est à ce prix que sa victoire sera nette et totale. Cela, nonobstant les actions et les cris du putois des partisans d’une vision exclusionniste de la société ivoirienne.
Nurudine OYEWOLE Expert-Consultant en communication [email protected]