Législatives : « Il n’est pas question pour nous de boycotter »
Les députés de Yamoussoukro commune, Mr Kouamé Kouassi Patrice (KKP) et Baba Sylla, étaient à la rencontre des secrétaires généraux de section de la délégation communale PDCI- Rda. Au terme de cette rencontre où II y a eu échanges de vœux, l’honorable Baba Sylla s’est prêté à nos questions. Dans cet entretien, il s’est penché sur les évènements de Yamoussoukro ainsi que les législatives à venir.
Honorable, vous sortez d’une rencontre avec les secrétaires de section, de quoi s’est-il agi ?
Comme il a été dit à l’entame de cette rencontre, nous sommes en train d’aller allègrement vers la fin d’une année, alors nous avons appelé les secrétaires généraux de section, ces hommes et. femmes, de terrain, pour un. partage de repas. C’était le véritable objectif de cette rencontre qui s’est passée dans une bonne ambiance, ce soir (lundi 28 décembre 2020 à 18 heures).
Pour vous, députés de Yamoussoukro commune, cette manière peut-elle revitaliser la base avec tout ce qui s’est passé ces derniers mois ?
Comme vous le savez, Yamoussoukro a vécu une situation difficile au cours de cette élection présidentielle du 31 octobre 2020. Les populations de la ville de Yamoussoukro qui n’acceptent pas le troisième mandat avec le non- respect de la Constitution se sont opposées farouchement à cette élection qui s’est soldée par des blessés et des morts d’hommes. Nous sommes donc dans cette détresse et dans le silence, nous vivons ces difficultés. Aujourd’hui, il y a une sorte d’accalmie, il était important que nous appelions les militants pour les apaiser, pour leur dire qu’une élection ne doit pas être sujette à bagarre et que la fraternité doit toujours exister ici à Yamoussoukro. Parce qu’ici, nous avons toujours été enseignés à la culture de l’amour, de la paix qui sont des valeurs qui caractérisent notre premier président, notre grand-père Houphouët-Boigny mais surtout le parti qu’il a créé.
Yamoussoukro, ville symbole de la paix, a été très mouvementée comme vous le dites ; cela a étonné plus d’un quand même. Sachez que cette année, les populations en avaient marre, elles en avaient gros sur le cœur du fait de certaines situations dont le troisième mandat qui violait la Constitution, Et donc elles se sont levées pour crier leur ras-le-bol. Certains jeunes ont été arrêtés et sont encore détenus à la Maca. C’est le lieu pour nous de demander aux autorités, à toutes les voix qui peuvent être entendues d’agir de sorte que ces jeunes puissent être libérés. Tout cela devrait être partagé avec nos secrétaires de section mais cela autour d’un repas pour leur dire que nous sommes-là, avec eux, partageons ces moments difficiles avec eux et que nous continuons d’agir dans le bien de tous pour ramener la tranquillité.
Honorable, outre Yamoussoukro qui a connu des moments difficiles, la session ordinaire qui s’achève et qui met fin à votre mandat parlementaire, ce 29 décembre, a fortement été émaillée de violences et de difficultés pour votre parti, le Pdci- Rda.
Pour rappel, sachez que lorsque nous commencions cette mandature, nous étions près de 89 députés Pdci-Rda à l’Assemblée nationale. Mais avec la grande division que nous avons connue avec le RHDP, nombre d’entre nous ont regagné le camp adverse et nous sommes restés à environ 66 députés Pdci-Rda.
Nous avons gardé la maison avec quelques difficultés connues â l’Assemblée nationale, avec des bagarres à n’en point finir avec les lois qui devraient régir la vie de la nation et qui nous étalent présentées. Nous avons eu une mandature difficile. Et nous, nous pensons que la politique ne devrait pas être ainsi étant donné que le Parlement est le lieu par excellence de l’expression de la démocratie. Nous sommes des représentants du peuple, il est de notre devoir de défendre ses intérêts par rapport aux lois qui nous sont proposées. Malheureusement, cela ne s’est pas passé très souvent comme nous l’aurions souhaité.
Honorable, Il y a le débat de la participation ou non du Pdci-Rda et de l’opposition aux législatives qui sont annoncées pour le mois de mars 2021.
Oui, nous pensons que la présidentielle est passée avec toute ce que nous connaissons en ce moment. Aujourd’hui, il y a un dialogue politique qui est ouvert pour mettre les choses à niveau. Si les choses sont bien conduites, il importe que nous allions à ces législatives pour qu’avec une certaine majorité, nous puissions faire le contre-poids au Parlement. Aujourd’hui, nos frères du FPI qui ont été absents aux différentes élections locales ont annoncé leur participation aux prochaines législatives. Il ne reviendrait pas au’ Pdci-Rda qui n’a pas la culture de la politique de la chaise vide de s’essayer à cela. Car cette politique ne paye pas. Avec donc la grande famille de l’opposition, nous irons à ces élections avec nos moyens de bord. Mais il n’est pas question pour nous de boycotter.
La clôture de la session ordinaire a eu lieu ce mardi 29 décembre 2020. Elle marque la fin de votre mandature. Avec tout ce qui s’est passé, cette fin de mandat ne vous laisse- t-elle pas un goût amer ? Comme je le disais plus haut, avec toutes les difficultés que nous avons rencontrées au cours de cette mandature, la clôture de la session ordinaire qui a eu lieu ce mardi 29 décembre n’est pas celle que nous aurions souhaitée. Pour nous, cette clôture devrait se faire dans la paix, dans la joie et la tranquillité, dans la concorde, dans le bon vivre ensemble ; mais cela a été tout autre durant ces deux dernières années et ça laisse vraiment un goût amer. Car le pugilat, nous ne savons pas si c’est une autre forme de démocratie mais se trouver dans des situations que nous avons traversées, c’est vraiment difficile.
Député, cadre du Pdci- Rda, aujourd’hui avec tout ce qu’a vécu votre ville, pensez-vous que Yamoussoukro et le Pdci- Rda, c’est un amour infini ?
Oui, Yamoussoukro demeure le creuset du Pdci-Rda et nous disons au Président Bédié qu’il peut continuer de compter sur Yamoussoukro, ses délégués départementaux et communaux, ses militants de base à savoir les comités de base, les secrétaires de section, les femmes et les jeunes. Il pourra toujours s’adosser à nous pour aller de l’avant. Avec cette situation difficile, nous ne nous sommes pas abandonnés, nous nous sommes soutenus mutuellement et nos parents continuent de nous faire confiance. Alors, nous disons Yamoussoukro et le Pdci-Rda, c’est un amour infini.
Pour cette année nouvelle qui arrive, quel message pour les Ivoiriens notamment les populations de la capitale politique ?
Yamoussoukro, c’est la ville de la paix et de l’amour. Depuis de nombreuses années, nous n’avions jamais connu cette animosité entre les populations ; nous avons toujours vécu dans la paix et l’entente. C’est cette cordialité qui doit être cultivée, le respect mutuel entre les populations, s’asseoir et partager nos différends afin de trouver des solutions ensemble pour avancer. Yamoussoukro a connu quelques grabuges, nous ne souhaitons pas que cela continue. L’année 2020 a été très difficile, seuls des vœux d’une bonne année de réflexion, d’amour et de tranquillité sont à souhaiter à nos populations pour l’année 2021.
Interview réalisée per JEAN PAUL LOUKOU
Le nouveau réveil, mercredi 30 décembre 2020
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