BEDIE ET ALASSANE LE JOUR D’APRES ! ES-CE TROP TARD ? LES REGRETS ?

 

Par Alex Brou Comoé

 

Le ‘’Non’’ du PDCI au RHDP unifié avant 2020, et le Oui du RDR au RHDP unifié avant 2020 sont-ils irréconciliables ? A priori non, et pourtant à bien réfléchir, il y a une possibilité de réconciliation qui est déjà en marche par le simple fait d’avoir délégué des observateurs PDCI  à ce congrès constitutif du RHDP unifié. Alassane OUATTARA a confirmé à plusieurs reprises que tout le monde peut être candidat aussi bien à l’intérieur du RDR qu’en dehors de ce parti. Bédié dit qu’en 2020 il y aura un candidat du PDCI. Donc là encore à priori il n’y a pas de problème. Mais deux constats de taille !

  1. L’entourage de Bédié affirme mordicus, que Alassane a promis que le PDCI sera au pouvoir en 2020. Mais est ce que cette promesse suffit pour que le PDCI soit au pouvoir ? Une promesse est une chose, mais sa réalisation en est une autre chose ! Car en politique 1+1≠2 selon le Professeur Guikahué, Secrétaire Général du PDCI ;
  2. Alassane confirme qu’il faut que le RHDP soit au pouvoir en 2020 pour continuer. Là encore à priori il ne devrait pas avoir de problème dans la mesure où le PDCI est membre du RHDP et de surcroit Bédié en est le président.

Alors où est le véritable problème ?

Premièrement : Question de suspicion légitime : Pour certains membres du PDCI, le choix du DUNCAN comme vice-président alterne l’alternance voulue et souhaitée par d’autres membres du PDCI. Comme si le vice-président désigné par ADO était le candidat du PDCI de facto. Ceci est un problème interne au PDCI que les statuts pourraient résoudre.

Deuxièment : l’affirmation par des hauts dignitaires du PDCI que leur parti doit à tout prix avoir le pouvoir d’Etat en 2020, a fini par  convaincre les stratèges du RDR que finalement ce qui intéresse le PDCI, ce n’est pas uniquement le poste de Vice-Président, la présidence du Senat, la présidence du conseil économique et social, le secrétariat Général de la Présidence de la république. C’est aussi en plus la présidence de la république. Donc tout le pouvoir d’Etat en exclusivité.

Mais pour faire quoi avec? Se demandent les membres du RDR.

Pour les beaux yeux des militants du PDCI ou pour construire la Côte d’Ivoire ? Car l’argument relatif à une promesse d’alternance pourrait-il être suffisant comme projet de société au cas où les deux partis iraient séparément en campagne ?

Troisièment: ce pouvoir exclusif et total que cherche le PDCI doit lui être transmis par le RDR ou soit le PDCI ira le chercher avec ou sans le RDR selon le Secrétaire Général GUIKAHUE. Parce que selon le PDCI c’est lui et lui seul  qui aurait donné au RDR en 2015 le pouvoir qu’il lui réclame aujourd’hui. C’est tout simple pour l’entourage de Bédié. En d’autres termes le bilan de Alassane OUATTRA 2011-2015 était insuffisant pour lui donner un deuxième mandat. En outre et autrement dit, les autres partis membres  du RHDP ne comptent pas. Non plus les tueries, les assassinats, les victimes des charniers qui ont eu lieu entre la proclamation des résultats des élections et l’arrestation du Président Laurent GBAGO. Cette période doit passer  par pertes et profits. Simplement un point un trait. Justement tout le problème est là. Le PDCI et ceux qui combattent Alassane OUATTARA d’une manière ou d’une autre peuvent oublier cette période allant de décembre 2010 à avril 2011. Mais le RDR et Alassane OUATTARA ne peuvent pas l’oublier. Encore moins le reste de la Côte d’Ivoire. Car c’est l’une des périodes les plus  sombres et les plus meurtrières de notre nation. Cette période ne peut pas ne pas, impacter le reste de notre histoire et les décisions du Président Alassane OUATTARA, y compris justement la période de 2020 et après.

Car si le président Gbagbo avait accepté simplement les résultats électoraux de 2010, le PDCI ou Soro pouvait bomber seul leur poitrine pour dire que c’est grâce à eux seuls qu’Alassane est arrivé au Palais. Mais l’histoire est là, pour nous démontrer qu’après la victoire électorale, Bédié, SORO et Alassane ont été confinés à l’hôtel du GOLF, loin du palais présidentiel. Sans l’armée française et les forces onusiennes notre pays se serait enlisé dans la guerre pendant plusieurs décennies encore, comme au Liberia et en Sierra Leone, avec face à face les forces nouvelles de Soro GUILLAUME et les forces de défense et de sécurité de Laurent Gbagbo. Mais pourquoi au nom des ambitions politiques veut-on occulter cette partie de notre histoire récente? Mais pourquoi faire semblant d’ignorer qu’il a fallu un chef, un stratège pour abréger la souffrance des ivoiriens en utilisant son aura au-delà de nos frontières? Pourquoi ne pas reconnaitre simplement que ni les résultats des urnes ni nos forces locales, ne pouvaient mettre fin au régime surarmé avec des mercenaires motivés de Gbagbo? Dans ce contexte, peut-on raisonnablement revendiquer seul l’avènement du RHDP au pouvoir en 2011 ? Peut-on aussi exiger d’avoir le pouvoir d’Etat seul en 2020 ? Surtout après avoir participé d’une manière ou d’une autre à l’exercice de ce pouvoir d’Etat entre 2011 et 2020 ?

En tout cas les militants du LMP n’admettront jamais que de 2011 à 2020, le PDCI et Soro n’ont point participé au pouvoir de Alassane OUATTARA, Bien au contraire ils pensent que le PDCI de BEDIE et Soro GUILLAUME sont  bel et bien des collabos du RDR dans la déportation de leur mentor à la Haye. Donc avant toute alliance probable avec eux il faudra solder ce compte ou prendre des engagements fermes à ce propos. En attendant d’arriver au pouvoir pour leur propres moyens en 2020, les adversaires internes et externes d’Alassane OUATTARA doivent se souvenir pour mieux exercer leur pouvoir et en jouir tranquillement qu’après le pouvoir qu’ils auraient remis à Alassane OUTTARA, celui-ci entre 2011 et 2020 aura été seul face aux mutins, la FESCI, aux attaques aux frontières, dans les commissariats, et dans les casernes. Il aura été seul à affronter les chutes des prix du Cacao, les grèves des syndicats. A deux ans et demi de la fin de son deuxième mandat, pourquoi ne pas lui reconnaitre que certes il a reçu un pouvoir, mais au moins il a tenu le pouvoir en bon état de telle sorte qu’aujourd’hui on se bat pour le reprendre ? Enfin pourquoi ignorer les évidences capitales suivantes: le Sénat, le Conseil économique et social, la Vice-Présidence sont occupés par le PDCI, l’Assemblée nationale est occupée par le Secrétaire Général des forces nouvelles. Le RDR occupe la primature et la présidence. Au sommet de l’Etat cinq personnes participent aux délibérations ; ce sont :

  • L’ancien président du PDCI et du RHDP, le président Bédié
  • Le Président de la république
  • Le Vice-Président
  • Le premier ministre
  • Le Secrétariat Général de la présidence de la république (deux du RDR, deux du PDCI et vices présidents des deux partis)

Ainsi pour la première fois dans l’histoire moderne de la Côte d’Ivoire au sommet de l’Etat le pouvoir est partagé entre les grandes forces politiques nationales. La création du Sénat et de la chambre des chefs et rois vient renforcer cet esprit collégial ainsi constitutionalisé.

Donc où est le problème ?

Quel est ce problème qu’on ne peut résoudre quand on a frôlé la mort et la souffrance ensemble ? Et qui a intérêt à ce que le pays dérape à nouveau pour les mêmes questions d’appétit précipités du pouvoir. En tout cas pas ceux qui le cherchent aujourd’hui avec tant de maladresse et d’avidité. Car on ne bouscule pas le canari contenant les œufs qu’on veut manger ! Il faut aller doucement tout en priant pour que le canari soit plein d’œufs avec un porteur serein, au moment de reprendre le canari. Car d’ici 2020 le chemin est encore long et plein d’embuches. Le taux de pauvreté est encore haut même s’il a baissé de cinq (5) points. Il y a encore de nombreux villages à électrifier et de nombreux enfants à scolariser.

Des lors, de part et d’autre il faut savoir raison garder, et observer une certaine cohérence dans la démarche méthodologique. Car premièrement, on ne peut pas être dans un ensemble et créer des sous-ensembles qui tirent sur tout ce qui bouge. On ne peut pas être en alliance et se comporter publiquement comme un opposant ou un allié objectif des adversaires de son allié. En vouant aux hégémonies ceux qui osent s’approcher de votre allié et faire l’apologie de ceux qui veulent le bruler. Cela ne rassure guère et ne vous renforce pas non plus. Car les alliances politiques ne se font pas au hasard ou au gré des  humeurs. Encore moins sur la haine suscitée ou l’impopularité supposée. Sinon la dictature et les dictateurs auraient disparu de notre planète politique. Une alliance politique ce n’est pas seulement pour aujourd’hui ou pour soi-même. C’est aussi et surtout pour demain, pour vos enfants et vos petits-enfants ainsi que ceux des autres et de tous les autres.

En attendant aussi bien au RDR qu’au PDCI, chacun devrait mettre de l’ordre en son sein. Pour l’apaisement il est nécessaire de faire observer les mesures suivantes :

  • Le PDCI doit prendre acte de la création du RHDP unifié tout en se réservant le droit d’y adhérer ou pas quand bon lui semble.
  • Le PDCI peut nouer des alliances électorales avec le RHDP unifié pour les élections locales à venir ;
  • Le PDCI doit demander de discuter avec le RHDP unifié le ticket électoral présidentiel 2020 en se proposant comme tête de liste.
  • Le PDCI peut même proposer au RDR d’être son directeur de campagne au sein du RHDP unifié comme le PDCI l’a fait en 2015 pour le RDR.
  • Et si tout se passe bien dans ce contexte comme le souhaite le PDCI, il pourrait rejoindre le parti unifié plut tôt que prévu c’est-à-dire avant les échéances de
  • Dans le cas contraire les deux partis (RHDP unifié et PDCI) iraient séparément aux élections au premier tour. Et au deuxième tour, le mieux placé au premier bénéficiait des voies de l’autre allié.

Mais pour en arriver là, les états-majors des partis politiques en particulier ceux de RDR et du PDCI devraient observer  les mesures suivantes :

  • La mise en place d’un conseil de discipline
  • La mise en place d’un comité de sélection des candidats à la candidature du ticket présidentiel (Président à Vice-Président) avant octobre 2018
  • Ouverture des candidatures à la candidature sur le ticket présidentiel entre le 15 octobre et le 15 Novembre 2018. De telle sorte que tous les militants du RHDP unifié et du PDCI sauront quel est leur futur Président et Vice-Président pour 2020- 2025 ;
  • L’équipe de campagne doit être mise en place avant le 31 décembre 2018.

Ce schéma apporterait un apaisement à la classe politique du RHDP, laisserait l’Etat faire son boulot afin de rassurer à la fois les investisseurs et les habitants de notre beau pays.