D’où viennent les terroristes qui attaque Kafolo?

Située dans le département de Kong, au nord de la Côte d’Ivoire, la localité de Kafolo est la cible d’attaques terroristes depuis quelques temps. Mais d’où viennent ces assaillants qui, en juin 2020, avaient déjà causé la mort de 14 soldats ivoiriens, lâchement attaqués nuitamment par surprise?

El Hadj Bakary Ouattara (chef du village de Kong): « Si nous laissons ces gens (les terroristes) s’installer dans un seul territoire de la Côte d’Ivoire, ce serait le drame permanent »

La Côte d’Ivoire est dans le viseur des terroristes dont-elle subit les attaques de plus en plus sanglantes, surtout dans la partie nord du pays. Voisines au Burkina Faso, les populations habitant la localité de Kafolo située dans le département de Kong, ont changé leur mode de vie depuis que la menace djihadiste s’est rapprochée de leurs villages. « Il a été demandé à tout le monde de faire très attention aux étrangers qu’ils reçoivent maintenant. Aujourd’hui, toute personne qui arrive dans n’importe quel village du département de Kong, en véhicule comme à moto, doit être signalée au chef du village. Et, il revient à ce dernier de la conduire directement à la gendarmerie la plus proche ou de se rendre au check-point des forces de l’ordre le plus proche », prévient El Hadj Bakary Ouattara dans une interview accordée au journal L’avenir.

Certes, la cohésion sociale n’est pas encore mise à mal entre les différentes communautés (dont une, étrangère, a certains de ses membres cités dans les attaques), mais le Chef du village de Kong indique que les populations sont devenues méfiantes. « Nous nous méfions de ceux qui arrivent nouvellement ici. Sinon, les populations et les autres communautés qui ont longtemps vécu ensemble, continuent d’entretenir de bonnes relations. Nous demandons à ceux qui reçoivent des parents venus du Burkina Faso ou du Mali de signaler leur présence dans le village (…) Tous ceux qui ont été interpelés étaient hébergés dans nos villages. Et leurs tuteurs ont été surpris de les voir dans ces opérations. Pourtant, le préfet du département a insisté sur le fait qu’il fallait se méfier des gens qu’on reçoit », s’indigne le chef coutumier.

Même s’il confirme que l’hospitalité a toujours animé son peuple, El Hadj Bakary Ouattara reconnaît que cette qualité est progressivement en train d’être mise à rude épreuve par les attaques terroristes. « Nous sommes un peuple accueillant. Mais, les attaques terroristes sont en train de changer cette attitude des populations. Quand vous accueillez des gens qui, par la suite, vous attaquent, cela appelle à la prudence. Dans notre département, on assiste désormais à la méfiance entre les communautés», regrette le chef du village de Kong.

« Quand ils viennent pour nous attaquer, ils passent par la zone de la frontière où nos forces de sécurité ne peuvent pas accéder »

A la question de savoir comment il explique les incursions djihadistes dans le département, El Hadj Bakary Ouattara relève la proximité avec le Burkina Faso. « Bolé est le dernier village ivoirien à la frontière avec le Burkina Faso. Ce village est à quelque cinq kilomètres de Kafolo-Bac. Après ce village, le prochain, Alidougou, est situé sur le territoire burkinabè. Ce village est une base des terroristes. Les deux villages ( Alidougou et Bolé) sont séparés d’un 1,5 km. Et, quand ils viennent pour nous attaquer, ils passent par la zone de la frontière où nos forces de sécurité ne peuvent pas accéder. Nous avons été heureux de voir que notre ministre de la Défense s’est rendu au Burkina Faso le 11 mai dernier, pour rencontrer son homologue. Nous appelons vivement à la collaboration entre les deux forces armées », exhorte-t-il vivement.

Face à la peur qui commence à gagner un grand nombre d’habitants, le chef Bakary Ouattara, lui, demande aux populations de ne pas céder à la peur, objectif recherché par les terroristes afin de mettre en coupes réglées le département. « Nous ne cédons pas à la peur. C’est en fait leur objectif, mais nous demandons à nos populations de ne pas céder à la peur. Ce serait faire leur affaire. Autant ils se préparent pour nous endeuiller, autant nous refusons de céder à la peur. Parce que si nous laissons ces gens s’installer dans un seul territoire de la Côte d’Ivoire, ce serait le drame permanent. Nous constatons leurs crimes dans d’autres pays. Nous ne voulons pas que cela arrive chez nous. Nous ne céderons pas à la peur », prévient le chef traditionnel.

 

 

Source: https://www.afrique-sur7.ci/479511-alidougou-village-terroristes-kafolo