ELECTION DU 31 OCTOBRE 2020 : Gbagbo joue, perd et gagne

 

Pour les élections du 31 octobre 2020, Laurent GBAGBO a confirmé bel et bien qu’il était candidat. Et que malgré son incarcération et son éloignement du pays, il compte jouer pleinement dans le championnat politique.

Dans cette perspective, il a pris ou fait prendre les six initiatives suivantes :

  1. Pour contourner l’obstacle de la loi qui ne reconnaît qu’Affi comme Président officiel du FPI, la plateforme Ensemble pour la Démocratie et la Souveraineté (EDS) a porté sa candidature. Donc le démenti apporté par son avocat n’était qu’une stratégie de guerre. Il était bel et bien candidat ;
  2. Il était membre à part entière de la plateforme de l’opposition contre le ‘‘ troisième mandat’’ d’Alassane OUATTARA qu’il a accusé publiquement et ouvertement d’être le seul responsable de la crise pré- et post-électorale à 48 heures des élections du 31 octobre 2020. Et cette accusation, il l’a fait publiquement et avec forts arguments et conviction sur la chaîne française TV5 Monde ;
  3. Il s’est prononcé fermement sur l’après 31 octobre 2020. Gbagbo a même fait la prophétie qu’après le 31 octobre, ce serait la catastrophe. On peut alors affirmer que Gbagbo est toujours dans une posture de combat contre Alassane Ouattara, malgré toutes ces années de procès et de prison ;
  4. En demandant un passeport, à la veille des élections, le Woody a fait croire à ses partisans qu’il venait à Abidjan pour en découdre avec Alassane dans les urnes. Ce qui a motivé ses partisans dans la campagne d’anti-troisième mandat.
  5. En demandant expressément (selon les responsables de TV5 Monde) à parler après dix ans de silence, et à la veille des élections du 31 octobre, Gbagbo voulait apporter à l’opposition réunie autour d’Henri Konan Bédié, l’estocade ultime pour barrer la route à Ado ;
  6. Alors que, Ado, quelques jours auparavant, avait affirmé publiquement que Gbagbo aurait son passeport, et qu’il s’engageait à préparer son retour au pays après ses démêlés avec la Cour Pénale Internationale (CPI). Gbagbo ignorait cette initiative du Président. C’était ici un refus catégorique de la main tendue d’Ado.

Au finish, dans sa volonté de croiser le fer encore et toujours avec ADO, Gbagbo avait-il une autre option ? Oui assurément. Gbagbo et ses avocats savent que le Procureur de la CPI a fait appel au jugement qui a mis fin à son incarcération dans les prisons de Haye. Donc Gbagbo, à cause de l’appel pendant, ne peut aller librement, où et quand il veut sans une autorisation de la Cour. Autrement dit, la demande de passeport n’était pas d’une extrême urgence pratique. Gbagbo aurait pu donner la priorité à l’accélération des procédures d’appels initiés par Fatou BENSOUDA afin d’être libre de ses mouvements. Car même aujourd’hui, avec son passeport, il sera toujours obligé, avant tout voyage d’avoir l’avis non seulement de la CPI, mais aussi du pays d’accueil y compris malheureusement son propre pays selon les règles de la CPI.

En un mot comme en cent, pour le court terme, Gbagbo a perdu face à ADO dans les élections du 31 octobre 2020. Mais à moyen et long terme, il gagnera sur deux points :

  • Il retrouvera le parti qu’il a créé, le FPI, dans la mesure où Affi risque d’être dans les démêlés judiciaires avec le pouvoir qui lui avait offert le FPI ;
  • Le dialogue avec Alassane lui permettra de finir au plus vite avec les procédures pendantes à la Haye, et de bénéficier d’un retour paisible et organisé à Mama, son village natal qui lui manque tant, ainsi que ses militants et fans.

Probablement, en prenant position directement dans le débat politique relatif aux élections du 31 octobre 2020, le rêve de Gbagbo était d’être invité à rentrer triomphalement au pays, après la victoire de l’opposition sur Alassane. Hélas peut être ! Car le scénario idéal, est qu’il soit accompagné dans ‘‘son retour au pays’’, par son adversaire qui l’a fait partir à la Haye. Car, c’est le seul scénario qui réunirait toute la Côte d’Ivoire autour du retour de Laurent Gbagbo, le quatrième Président de la République de Côte d’ Ivoire.

EDITORIAL