Election du 31 octobre 2020, qui sont les perdant? (Première partie)

 

Les résultats des élections du 31 octobre 2020 et ses conséquences vont peser lourdement sur l’avenir politique de certaines personnalités ivoiriennes. Ce sont entre autres, Pascal Affi N’Guessan, Soro Kibafori Guillaume, Mabri Toikeuse et Marcel Amon Tanoh.

 Pascal Affi N’Guessan

Dans l’affaire des élections du 31 Octobre, on se demande encore quelles étaient les objectifs réels d’Affi, Soro, Mabri et Amon Tanoh.  Car de toutes évidences, ce sont les plus gros perdants.

Affi avait réussi à se frayer un chemin parmi les ténors de la politique ivoirienne. Il s’était fait une image d’un homme aux antipodes de l’extrémisme politique, un pondéré, prêt à jouer contre vents et marées la carte du dialogue et de la participation aux jeux politiques malgré ses imperfections. Il a défendu cette ligne contre Gbagbo et les Gors presqu’une décennie. Et contre toute attente, après avoir accepté de siéger à la Commission Electorale indépendante et déposé sa candidature pour les élections présidentielles du 31 octobre 2020, non seulement, il se rebiffe mais prend la tête de la contestation où il n’était pas la bienvenue jusqu’à présent, car taxé de collusion avec le pouvoir en place.

Comment a-t-il décidé de rejoindre Bédié et Gbagbo qui l’avaient presque humilié dans la mise en place de la plate-forme de l’opposition ? Bien avant, Gbagbo est allé jusqu’à refuser de le recevoir malgré son déplacement à Bruxelles. Ici, même à Abidjan Assoua Adou de la tendance FPI Gbagbo a toujours refusé de s’asseoir à la même table que lui. Les Gors et Mme Gbagbo le traitaient et le traitent encore de tous les noms.

En face, seul le Rhdp avait encore du respect pour lui. Malgré cette compassion du Rhdp pour lui, Affi Nguessan compara sur la chaîne de France24, le Patron du Rhdp et Président de la République à Adolphe Hitler, le créateur du nazisme. Mais pourquoi cette surexcitation subite ? On savait qu’au fond de lui-même, Affi Nguessan souffrait terriblement du rejet total des Gors et du mépris des patrons du Fpi. Est-ce l’éminence du retour de Gbagbo, son ancien Patron qui l’a poussé à cet extrémisme politique ? Ou alors pensait-il que le régime du Rhdp était fini ? Donc désormais inutile pour lui ? Ou enfin s’était-il pris de remords quand il a découvert comme tout le monde, que Gbagbo était effectivement candidat alors qu’il avait promis que si celui-ci était candidat, il s’alignerait automatiquement derrière lui? En tout état de cause, la stratégie utilisée par Affi était-elle la seule ou la meilleure ?  A savoir, sauter dans le camp de l’opposition et en prendre la tête pour faire face au Rhdp.

Il aurait pu aller simplement dans l’opposition sans en être le porte-parole ou le Chef pour éviter d’être seul aujourd’hui face à l’histoire et ses morts inutiles du boycott actif ainsi que la redoutable machine de l’Etat et de la Justice. Avec probablement au finish, une condamnation et la perte de ‘son parti’ le Fpi. Qu’est ce qui l’a poussé à faire ce saut périlleux ? Selon certaines indiscrétions, Affi n’aurait jamais franchi ce pas, sans l’assurance de son ancien patron Laurent Gbagbo qui est monté au créneau, 48 heures avant les élections pour apporter tout son appui, sans réserve à l’opposition dont Affi venait de prendre la tête. Il se serait senti en mission après avoir entendu publiquement et en privé, selon certaines indiscrétions, que Gbagbo prenne faits et causes pour l’opposition. La détermination dont Gbagbo a fait preuve lors de sa première intervention après dix (10) ans de prison a eu raison apparemment de l’attitude de modération jusque-là observée par Affi N’Guessan par ailleurs Député et Président du Conseil Régional de Moronou, qui a enregistré l’un des mouvements de boycott les plus violents autour de l’élection du 31 octobre 2020. Des évènements qui pèseront lourd dans l’avenir politique d’Affi N’Guessan.

 

SORO Guillaume, l’enfant terrible

Au départ, Soro s’était focalisé sur son antagonisme avec le défunt Amadou Gon et l’actuel Premier Ministre Ahmed Bakayoko, Soro, l’enfant de Kofipié n’a jamais accepté que ces deux soient plus proches d’Ado que lui, le ‘‘combattant’’. Mais au fur et à mesure, ses rancœurs se sont portées sur Alassane OUATTARA lui-même, à qui il reproche entre autres, de ne pas tenir sa promesse de faire de lui son dauphin. Pourtant, Soro confirme par ailleurs que cette fameuse promesse a été aussi faite à Henri Konan BEDIE. En tout état de cause, comment peut-on être dauphin du Président d’un parti politique que l’on boude tout en étant député et président de l’Assemblée Nationale dominée par ce même parti ? Comment peut-on exiger d’être dauphin du Président d’un parti vilipendé à longueur de journée par ses propres cybers activistes payés sur les fonds publics ? Comment peut-on être dauphin d’un homme dont les adversaires deviennent vos alliés et avec qui vous projetez de prendre le pouvoir par tous les moyens? Et pourtant, Soro avait plusieurs options à sa disposition pour pouvoir continuer à être sur la liste des dauphins potentiels, d’autant plus qu’Ado avait manifesté à plusieurs occasions son désir de passer la main à une nouvelle génération. Et surtout que, parmi ces jeunes générations du Rhdp et de la grande région du nord, Soro apparaissait comme une figure emblématique. Malheureusement, il a dû croire que cette sympathie était liée à sa seule et unique personne. Il se croyait indispensable, le chemin obligé, et avec un destin maitrisé. Ainsi, tous les efforts d’Ado et de son épouse Dominique pour le faire revenir à des meilleurs sentiments vis-à-vis du Rhdp ont été interprétés par Soro comme signe de peur et de panique du couple Ado. Autrement dit, lui serait indispensable au régime du Rhdp qu’il croyait pouvoir faire chanter et même renverser à tout moment. Son calcul était simple et basé sur deux piliers : A savoir l’utilisation des réseaux sociaux pour salir l’image du régime et d’Alassane OUATTARA et parallèlement faire croire à l’opposition interne, qu’il avait l’arme fatale contre Ado, les démobilisés et autres déserteurs de l’armée, ainsi que les ex-come zones des Forces nouvelles. Mais par naïveté en géopolitique internationale, il a établi sa ‘‘poudrière’’ chez un allié et ami d’Alassane OUATTARA, Emmanuel MACRON. Et ce qui devait arriver, arriva avec son expulsion du territoire français.

 

(A suivre…)

EDITORIAL
Par Alex Comoé Brou