Elle marche à son rythme sur les pas de Ilhan Omar et Rashida Tlaib, deux pionnières musulmanes en politique qu’elle admire pour avoir magnifiquement ouvert la voie à Washington, sous la coupole du Capitole, Zulfat Suara vient d’entrer à son tour dans l’histoire de l’Amérique, mais plus modestement au cœur du Sud profond.
Pour être circonscrite à l’échelle locale, la percée de cette experte-comptable d’origine nigériane sur le devant de la scène publique à Nashville, la capitale du Tennessee, n’en est pas moins remarquable.
Elle lui a d’ailleurs valu les chaleureuses félicitations de l’une de ses grandes inspiratrices : Rashida Tlaib, la représentante démocrate du Michigan au Congrès, connue pour son fervent engagement en faveur de la souveraineté de la Palestine, à laquelle elle est liée indéfectiblement par ses racines familiales.
Vingt et un ans après son arrivée à Nashville, par un jour printanier d’avril 1998, en compagnie de son époux qui venait de décrocher une bourse doctorale à l’Université Vanderbilt, l’une des plus prestigieuses des Etats-Unis, la très affable et dévouée Zulfat Suara a conquis les cœurs et les suffrages.
Cette militante dans l’âme, qui n’a eu de cesse de se frotter au terrain et d’aller à la rencontre de ses concitoyens, en abolissant bien des barrières sur son passage, notamment celle des préjugés tenaces, a redonné naturellement ses lettres de noblesse à la politique de proximité.
Forte d’un capital sympathie au zénith qui n’a d’égal que le haut degré de confiance placé en elle, elle s’est autorisée à rêver en grand : être la première femme musulmane à siéger parmi les 40 membres du Conseil métropolitain de Nashville !
Le grand soir de Zulfat Suara est arrivé jeudi dernier, après que les urnes ont livré leur verdict. Oubliée la fébrilité qui l’avait envahie, ainsi que ses proches et ses soutiens, tout au long de la journée ! Instant magique, l’annonce de sa victoire a été accueillie avec des effusions de joie, dont elle gardera un souvenir impérissable
Pour que son rêve devienne réalité, la première élue musulmane du Conseil métropolitain de Nashville a dû toutefois braver la violente tempête que sa candidature n’a pas manqué de déclencher. Elle a courageusement affronté une terrible adversité, particulièrement sur les réseaux sociaux, démontrant qu’elle avait le cuir suffisamment épais pour rester stoïque face à la déferlante de commentaires orduriers et haineux.
En ne capitulant pas devant l’expression de l’islamophobie rageuse, mâtinée de racisme anti-Noirs, Zulfat Suara a envoyé un signal fort à ses détracteurs retranchés lâchement derrière leur écran : bien que fraîchement élue, elle a déjà la carapace d’un vieux briscard de la politique !
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