Contraints à l’exploit ce mardi face au Real Madrid en match retour des huitièmes de finale de la Ligue des Champions de football après s’être inclinés 3-1 à l’aller, le Paris-Saint-Germain et ses propriétaires qatariens jouent très gros dans leur quête de réussite sportive et économique, à court, moyen et long terme.
Le Real Madrid, ses « galactiques », son stade-vitrine, sa notoriété internationale et ses millions d’abonnés sur les réseaux sociaux sont un modèle et une référence pour le PSG racheté en 2011 par les Qatariens pour quelques dizaines de millions d’euros. Mais ce modèle reste pour le moment inégalé tant le club espagnol, bardé de titres, possède de l’avance en termes de chiffre d’affaires, de recettes commerciales, de droits TV.
Dans le sport, « une marque prend du temps à se développer », explique Frank Pons, directeur de l’Observatoire international en management du Sport et professeur à l’université Laval de Québec. « Le PSG y arrive doucement. Ça se fait à coups de communication et de contenus marketing avec des tournées à l’étranger, des clubs de supporters, ajoute-t-il. Pour le Real Madrid, ça a pris très longtemps. Il y a une cohérence de marque. Le Paris Saint-Germain n’en est pas là, mais il y a une amélioration année après année par exemple avec les maillots vendus grâce à Neymar. C’est une question de temps plus que d’efficacité. »
Franchir un cap, d’urgence
Le PSG part de loin. Pour se mettre au niveau des meilleurs, il a donc besoin de franchir un cap d’un point de vue sportif. « Il y a de plus en plus urgence », d’après l’économiste Bastien Drut, qui s’apprête à publier l’ouvrage Mercato 2.0, l’économie du football au 21ème siècle. « Avant la Coupe du monde 2022 (organisée par le Qatar), il ne restera que quatre Ligue des Champions, c’est vraiment quelque chose de très important pour le Qatar ».
Dépendance au Qatar
C’est d’ailleurs de l’Emirat que le PSG tire l’essentiel de ses ressources. Sur 500 millions de revenus, 200 seraient issus des sponsors provenant du Qatar (Qatar National Bank, Ooredoo, beIN Sports, Qatar Tourism Authority et Aspetar). Une dépendance dont le club aurait bien besoin de sortir.
« Ces sponsors-là ne partiront pas en cas d’élimination du PSG contre le Real. En revanche, il pourrait y avoir des interrogations » du côté des autres sponsors pour les reconductions de partenariats. C’est vrai qu’après l’humiliation de l’an dernier à Barcelone, certains sponsors avaient quitté le navire (Huawei, Citroën, PMU). Il faut donc en trouver d’autres, si possible motivés. Une qualification en quarts de finale, c’est aussi la promesse d’un stade rempli, avec notamment les lucratives loges VIP, de nouveaux droits télé. Plusieurs dizaines de millions d’euros sont en jeu.
Les contraintes du fair-play financier
Car au-delà de ce rendez-vous avec l’histoire du football, c’est le respect du fair-play financier que le PSG a en ligne de mire. Même si de nouvelles règles pourraient être annoncées, le PSG reste sous la surveillance de l’UEFA.
Les achats mirobolants de Neymar et Mbappé doivent être compensés. Il faut générer au moins 75 millions d’euros d’ici le 30 juin. « Si le club fait bonne figure, on a le sentiment que ce serait très compliqué s’il échouait. Ça passe ou ça casse », note, plutôt circonspect, l’économiste du sport, Jean-Pascal Gayant. « Paris laisse entendre qu’il y a un nouveau sponsor très lourd qui doit arriver dans les prochains mois, mais ça reste très virtuel, on a beaucoup de doute ».
Evidemment, un exploit retentissant face au Real Madrid au Parc des Princes puis un parcours jusqu’en demi-finale voire en finale de cette Ligue des champions, résoudrait bien des problèmes.
RFI