La paix et la non-violence

La paix et la non-violence vont de pair. La non-violence est une étape importante dans le processus de paix. Le Coran décrit la demeure éternelle des croyants dans l’au-delà comme étant le dar as-salam – demeure de paix à laquelle Dieu invite les gens. (S 10 V25) Les habitants du Paradis se saluent en disant « Paix ! » ou Salam ! (S 10 V10) Dans l’au-delà, quand les anges salueront les gens du Paradis, ils diront aussi: Paix sur vous, pour ce que vous avez enduré dans le bas-monde ! (S 13 V24) Il sera dit aux gens de bien: Entrez (au Paradis) en paix et en sécurité pour toujours ! (S 15 V46) La paix est vue comme un attribut du croyant ainsi qu’un attribut de Dieu: Ils n’y entendront ni futilité ni blasphème, mais seulement les propos: »Salam ! Salam ! »… [Paix ! Paix !] (S 56 V25-26), en référence à la pureté et à l’harmonie des croyants éternels. D’ailleurs, Paix (asSalam) est l’un des plus beaux Noms de Dieu.

Pour imiter Dieu, les musulmans se doivent d’être pacifiques. En principe, le but de l’islam est de faire de ce monde un lieu où règne la paix, où toutes les créatures sont protégées pacifiquement afin de rapprocher les humains de Dieu et de méditer sur le Nom Divin as-Salam. Comme mentionné, dans l’histoire islamique les premiers musulmans furent durement persécutés par les idolâtres de La Mecque. Malgré cela et en dépit de la pression constante de certains de ses Compagnons, pendant très longtemps, le Prophète (saw) n’autorisa pas ses fidèles à faire usage de la force et à pratiquer des représailles. Au contraire, il leur demandait d’être patients vis-à-vis de cette persécution, qui finit par forcer certains d’entre eux à quitter La Mecque qu’il chérissait tant pour émigrer en Abyssinie, où ils trouvèrent la paix et la sécurité.

Le Prophète (saw) luimême, accompagné de son ami le plus proche, se cacha dans une grotte pour échapper à cette violence qui le visait, et put enfin émigrer à la cité de Médine, où il était invité à apporter la paix entre les tribus ennemies arabes et juives. Grâce au grand courage et à la position glorieuse du Prophète dans la société, les premiers musulmans avaient les moyens de se défendre contre les idolâtres de La Mecque. Cependant, le Prophète (saw) préférait toujours des méthodes non violentes pour répondre à leur persécution. Il ne fait aucun doute qu’il pratiqua lui-même cette non-violence face à la persécution. Cela continua jusqu’à ce que la défense armée contre les attaquants fût permise par le Coran: Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués de se défendre, parce que vraiment ils sont lésés;

(…) et ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, – contre toute justice, simplement parce qu’ils disaient: « Dieu est notre Seigneur ». (S 22 V39- 40) Relativement à cette permission de se défendre par l’usage temporaire de la force contre ses attaquants, Mohammed est connu parmi les autres Prophètes comme Sahib al-Qadib, celui qui porte un bâton. Un hadith donne un exemple de la vie du Prophète (saw): un Bédouin vint au Prophète et tira son vêtement si violemment que l’on pouvait voir la marque que ce geste violent avait laissé sur son ourlet. Le Bédouin, un Arabe du désert, réclama ainsi une part du butin: « Accorde-moi des richesses de Dieu que tu détiens ! » Le Prophète (saw) se tourna vers lui, sourit sans montrer un quelconque signe de colère, et ordonna qu’un présent lui fût donné.[AlBukhari ] Notons que le Prophète (saw) avait affaire à l’une des sociétés les plus sauvages de l’histoire. La tâche la plus difficile qui lui incombait était celle de changer les attitudes des individus.

Les historiens rapportent que la dureté de cœur des membres de la société du Prophète avait atteint un tel degré que pour eux, enterrer vives leurs petites filles était un signe d’honneur tribal. Le Coran condamne de telles traditions tribales (S 81 V8). Les enseignements qu’il apporta à ces mêmes gens métamorphosa leurs cœurs et leurs esprits à un tel point qu’ils vinrent à montrer de la compassion envers non seulement tous les autres êtres humains, mais aussi envers les plus petites créatures de Dieu. Le Prophète ne fit pas ce changement par l’usage de la force. Ce fut son message de paix et de non-violence qui changea la mentalité de sa société. C’est par la voie de la paix et de la non-violence qu’il transmit la révélation coranique à son peuple.

Comme le dit le Coran, son devoir était de transmettre le message clairement (5/92). Ainsi, il dut faire face à la persécution des Mecquois avec patience, continuant à communiquer son message. Il demanda à sa communauté d’adopter cette attitude. Le Prophète les avertit contre d’éventuelles épreuves à venir et de futurs actes violents appelés fitnah au sein de la société islamique. Sa prédiction se réalisa sous la forme d’une guerre civile. Un Compagnon demanda: « Que devrai-je faire quand surviendront ces temps de dures épreuves? » Le Prophète suggéra: « Reste chez toi, et sache tenir ta langue. » (Abu Dawud) À l’époque de la guerre civile, la majorité des Compagnons évitèrent la fitnah (sédition) et l’anarchie sociale. Plus tard, ceci devint un principe de la tradition sunnite de l’islam vis-à-vis de l’anarchie et des troubles sociaux. Al-Ghazzali (décédé en 1111) est connu pour avoir défendu ce principe islamique qui s’aligne avec l’idée d’« éviter toute provocation » et de « rester à la maison » tel qu’il fut exprimé par certains spécialistes des études sur la non-violence.

El Hadj Imam Al ImamMéité