« Le mal est facile ; le bien demande des efforts. »
« Le mal est facile, le bien demande d’effort », a dit un penseur Grec. Une sentence qui se passe de commentaires, tellement son sens est évident. D’ailleurs, qui d’entre nous ne s’est pas rendu compte que le mal est facile et que le bien demande beaucoup d’efforts ?
Casser un verre ou une assiette dans un accès de colère ; détourner à son profit les biens communs ; refuser de céder une priorité par égoïsme ; détruire une amitié par la calomnie ; ruiner une réputation ou un honneur… « Œuvres de tant de jours en un jour effacés ! » pour citer Lamartine.
Essayons maintenant de réparer la portière défoncée, de remplacer la vaisselle cassée, de rétablir la confiance ou l’amour entre deux amis qui nous avons brouillés, ou même de restituer les fonds dissipés…
En vérité le mal est facile et le bien demande beaucoup d’efforts.
C’est pour cela que nous devons faire au mieux pour préserver le bien déjà acquis, les amitiés construites, le bien commun à tous les citoyens, et plus encore.
Si nous cassons une voiture administrative parce qu’elle n’est pas à notre nom, nous la paierons dans nos impôts (directs ou indirects).
L’électricité, l’eau, le téléphone administratif, l’équipement des bureaux, les infrastructures routières et les bâtiments publics, s’ils sont respectés par tous, permettent aux spécialistes des problèmes économiques de dégager des bénéfices qui permettront de réviser nos salaires à la hausse.
Il faut un comportement économique de la part des citoyens pour qu’un pays se développe vous savez !
Il en est de même pour notre sécurité.
Les gendarmes, les policiers, les douaniers ne peuvent pas être partout à la fois. Ils ne peuvent non plus tout faire si nous ne les aidons pas.
Notre économie et notre sécurité sont également notre affaire à tous.
LE DRAPEAU
Comme dit le dictionnaire, le drapeau est une pièce d’étoffe attachée par un de ses côtés à une hampe. C’est un emblème, un signe de ralliement ; en tout cas un des symboles qui représentent une nation.
Si, en temps de guerre le drapeau blanc signifie que l’on désire parlementer ou se rendre, en temps de paix, il signifie Paix.
En côte d’Ivoire, lors de notre accession à l’indépendance le 7 Août 1960, la République a adopté un drapeau tricolore : ORANGE, BLANC, VERT. Ces trois couleurs ont une signification précise chacune, et leur disposition est bien définie.
Hissé pour la première fois le 4 Décembre 1958 lors de la proclamation de la République, le drapeau national de la Côte d’Ivoire est orange pour représenter le Nord ensoleillé, blanc pour symboliser la Paix, Vert signifiant les forêts du sud.
En d’autres termes, la couleur ORANGE exprime l’éclat de l’épanouissement national en même temps qu’elle fait penser aux savanes du NORD ;
la couleur blanche signifie la paix dans la pureté et l’Union des cœurs, gage de notre succès ;
le VERT, tout en exprimant l’espérance de la Côte d’Ivoire dans l’avenir, rappelle la luxuriante forêt de Côte d’Ivoire qui est une des principales sources de la prospérité Nationale.
Lorsque l’on a compris la signification des couleurs nationales, il reste à comprendre le pourquoi de la disposition.
Le drapeau ivoirien est disposé en trois bandes verticales et se lit de gauche à droite.
Sur la hampe est toujours attachée la bande orange, puis la blanche et la verte se suivent dans l’ordre.
L’alignement vertical symbolise la jeunesse de notre état qui va de l’avant sous le triple signe de l’Union, la Discipline et le Travail.
Tous les ivoiriens qui aiment leur pays doivent connaître à fond leur drapeau pour éviter de confondre avec d’autres.
Par exemple : le drapeau irlandais est vert, blanc, orange disposé verticalement, mais pour les irlandais, le vert est gaëlique, l’orange protestant, le blanc signifiant la trêve entre les deux.
Chez nous, certains remplacent allègrement l’orange par le rouge ou par le jaune, donnant ainsi une autre définition à notre emblème.
Mais le plus important est la disposition verticale. Il ne faut en aucun cas la changer pour des raisons dites pratiques parce que toute autre disposition en fait un drapeau d’ailleurs.
Trop souvent, hélas ! il nous arrive de remarquer de très jolis mâts portant l’emblème national avec malheureusement la hampe disposée à l’horizontale, de sorte que notre drapeau, bien que se lisant orange blanc vert à partir de la hampe, est disposé en bandes horizontales.
L’alignement vertical qui symbolise la jeunesse de la Côte d’Ivoire est ainsi évacué.
Peut-être pour dire que la côte d’ivoire n’est plus très jeune !
Mais les nations n’ont-elles pas toutes l’âge de leurs populations ?
Peut-être aussi que c’est moi qui n’ai pas tout à fait compris.
LES MINABLES
« Les minables ne pardonnent pas ; les minables ne demandent pas pardon. »
Ces propos de l’imam Diakité de la mosquée de Angré me résonnent encore dans la mémoire.
‘’Les minables ne pardonnent pas,
‘’Les minables ne demandent pas pardon. En vérité, ne sommes-nous pas tous minables ? Nous qui pensons que notre malheur, c’est l’autre, que l’enfer c’est les autres ?
Essayons une recette :
Demandons pardon à celui qui nous a offensés. Pardonnons les offenses qui nous ont été faites et attendons la suite.
Bien entendu, cela ressemble à une prière. Bien entendu, c’est une prière. Mais que croyons-nous ? Pourquoi la Thora, la Bible et le Coran, transcriptions de la parole divine, sont-ils toujours d’actualité ? Il nous faut nous rendre à l’évidence que nous avons perdu les repères qui nous ont été définis par le créateur. La rancune, la jalousie, l’orgueil et la méchanceté nous habitent tous autant que nous sommes.
Sommes-nous capables de voir quelqu’un qui a réussi grâce à une intervention de notre part, sans nous enfler d’orgueil ? Nous est-il possible de ne pas regretter l’appui que nous avons donné à une personne que nous considérons par la suite comme ingrate ? Pouvons-nous voir les réalisations d’un congénère sans envier ses succès et sans proférer des blasphèmes dans le genre : ‘’qu’ai-je fait à Dieu pour n’avoir pas réussi comme lui ?’’ Et, misère de misère, pouvons-nous éviter de dire « c’est bien fait pour lui » devant les échecs et les malheurs d’un compatriote ?
Comme dit l’adage africain, ‘’Tant que la marche n’est pas finie, le balancement des bras continue’’ Il faut s’en souvenir.
Tant que nous sommes vivants, nous restons débiteurs de tout ce qui peut arriver à un humain.
Alors, pardonnons, pour n’être pas minables. Demandons pardon, parce que nous ne sommes pas minables. Il ne viendra à l’idée de personne que le Christ, le Prophète Muhammad (SAW) et le Mahatma Gandhi étaient faibles ou minables.
Avant eux, il y a eu Abraham et Moïse.
Tous, ils ont prôné le pardon. Ils ont même recommandé de tendre l’autre joue après une gifle. De quoi avaient-ils peur ? De qui avaient-ils peur ? Tous, ils n’avaient que la crainte de Dieu et le respect de la parole divine. Ils voulaient tout simplement nous enseigner que la seule victoire qui vaille, c’est celle que nous obtenons sur nous-mêmes et nos égoïsmes. « La paix, ce n’est pas un mot, c’est un comportement ! »
Ce n’est pas moi qui l’ai dit.
Derrière un nom et prénom
Comment t’appelles-tu ?
La question est apparemment banale et facile. Apparemment seulement, car si chacun d’entre nous connaît ses nom et prénoms, cela n’est pas du tout évident pour ceux qui peuvent nous poser la question. Je m’appelle Ahmed Touré. Lorsque vous brandissez une pièce d’identité sur laquelle l’agent assermenté du commissariat de police ou de la sous-préfecture a écrit : Nom : Ahmed ; prénom : TOURÉ, et que vous répondez : mon nom c’est Touré et mon Prénom, Ahmed, il vous sera répondu : Votre nom c’est Ahmed et votre Prénom Touré. Inutile de discuter. Allez voir un magistrat pour qu’il atteste que Ahmed Touré et Touré Ahmed c’est la même personne. C’est vrai que cela ne pose en réalité aucun problème pour ceux qui ont à l’origine un nom patronymique. Les malinkés disent djammou.
On naît Touré, Coulibaly, Soro, Ouattara, Cissé, Berté, Koné, comme tous les noms patronymiques connus.
Que l’on mette les prénoms avant ou après, cela ne change pas la personne qui présente la pièce d’identité.
Il en est de même pour Gbagbo, Ehivet, Ekra, Bédié, Billon, Mangou, Amangoua, Oulaye ou Gueu et j’en passe, avec votre permission.
Là où il est nécessaire que l’ordre soit respecté, c’est pour mes cousins Koffi Konan qui n’est pas Konan Koffi et Nguessan Amani qui n’est pas Amani Nguessan. Cela suppose un minimum de rigueur et de culture pour l’agent rédacteur de l’identité et pour le journaliste qui fait un compte rendu. Bien sûr, une fois que l’on a écrit le ministre Amani Nguessan Michel, nous savons tous qu’il s’agit de M. Nguessan, prénommé Amani et baptisé Michel.
Mais s’il n’était pas ministre, s’agirait-il de la même personne ? Le nom est sacré, il faut ne pas l’ignorer. Aussi il serait utile de recommander à nos rédacteurs d’identité de s’assurer par tous les moyens, que ce qu’ils écrivent devant le terme « nom » est bien le nom de famille et que « prénom », qui se met en principe avant le nom, désigne l’individu. Il n’est pas indispensable de faire de longues études pour le savoir. Il suffit de se renseigner, même auprès du demandeur de la pièce. Le comble parfois est atteint lorsque l’agent de l’État civil baptisé et confirmé écrit : Nom : Pierre ; prénom : Kipré.
Dans notre ambassade à Paris, cela ne provoquerait pas un incident Diplomatique, mais l’on vous rirait au nez. Cela va faire bientôt 50 ans que nous écrivons nos actes de naissance nous-mêmes, et nous sommes sensés savoir comment nous nous appelons.
Le panier à crabes
Qu’est-ce qu’un panier à crabes ? Cette question, je l’ai posée à mon père qui lui-même en avait vérifié la réponse par expérience.
Pêchez un crabe et mettez-le dans un panier. N’oubliez surtout pas que le crabe ne doit pas être tué, car mort, il se décompose très vite et devient un poison mortel. Dès que le crabe est dans un panier, il cherche à en sortir par instinct. Si votre panier n’a pas de couvercle, il s’en ira.
Cependant, si vous pêchez un deuxième crabe, vous n’avez plus besoin de couvercle. Chaque fois que l’un des deux crabes tente de sortir du panier, le deuxième le ramène au fond en l’agrippant avec ses pinces. Ainsi vous pouvez tranquillement vaquer à vos occupations.
C’est cette attitude naturelle des crabes à s’empêcher les uns les autres de sortir du panier qui a donné par image l’expression « panier à crabes ». En Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire, si vous travaillez bien, les autres, plutôt que de vous imiter ou tenter de faire mieux que vous, mettront tout en œuvre pour bloquer votre élan et briser votre ascension pour vous ramener au plancher. Marabouts, féticheurs ou devins : tout y passe lorsque la délation, la flagornerie et autres commérages n’ont pas d’effets significatifs.
On pense « Comment faire pour faire échouer ses initiatives ? »
Alors qu’on devrait dire « Comment faire mieux pour l’intérêt de l’entreprise ou du service ? »
Ainsi va l’Afrique, panier à crabes des politiciens qui se battent pour empêcher le voisin ou l’adversaire de s’en sortir, au lieu de bâtir une saine compétition profitable aux États et aux populations, paniers à crabes des syndicats qui se torpillent au lieu de lutter pour le bien-être de leurs adhérents. Il n’est alors pas étonnant que depuis 1960, nos indépendances ne nous aient pas permis d’avancer au-delà des apparences.
L’Afrique est un vaste panier à crabes.
Chez les occidentaux, c’est la saine compétition. Chez nous, c’est le mortel combat. Sans le savoir où même en le sachant, nous sommes tous des adeptes de la traversée du guerrier qui, en fin de compte n’apporte que peurs et désolations. Les nombreux chantiers inachevés sont là pour nous rappeler que nous sommes et resteront en chantiers, tant que nous ne comprendrons pas que la compétition, c’est faire mieux que l’adversaire et non l’empêcher d’avancer.
Cessons d’être des ennemis et devenons des adversaires. Tout simplement. Pour la saine compétition.
Par Ahmed Traoré