Les musulmans ont tous et depuis toujours admis que le pèlerinage à La Mecque constitue un des cinq piliers de l’Islam comme l’atteste un hadith cité dans les Deux Sahih et rapporté par Ibn Omar (P.A.A) et d’autres. Il est bien connu que le pèlerinage, à l’instar des autres pratiques cultuelles, comporte des rites spécifiques. Chacun de ces rites a un mode d’exécution particulier qui doit être observé correctement. Il en est ainsi de l’entrée en état de sacralisation à partir des lieux fixés à cet effet, de la circumambulation, de la marche entre Safa et Marwa, du stationnement à Arafa, du séjour nocturne à Mouzdalifa, de la lapidation des stèles (Djamra, de l’immolation d’un sacrifice entre autres rites biens connus du pèlerinage.
Ces rites doivent être accomplis conformément aux enseignements du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui). Les hadiths qui décrivent le pèlerinage du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) sont très nombreux. Dans les ouvrages Zad al-Maad et al-Bidaya wa al-Nihaya, leurs auteurs Ibn al-Qayyim et Ibn Kathir, respectivement, ont largement cité ces hadith et en ont expliqué le sens et déduits des dispositions légales. Le musulman doit s’efforcer à apprendre ces dispositions pour les appliquer. Que l’on sache, en outre, que l’objectif essentiel de l’accomplissement des rites du pèlerinage est de perpétuer la mention du nom d’Allah, le Très Haut : « Ce n’ est pas un péché que d’ aller en quête de quelque grâce de votre Seigneur. Puis, quand vous déferlez depuis `Arafat, invoquez Allah, à Al-Mach`ar Al-Harâm (Al-Mouzdalifa). Et invoquez- Le comme Il vous a montré la bonne voie, quoiqu’ auparavant vous étiez du nombre des égarés. Ensuite déferlez par où les gens déferlèrent, et demandez pardon à Allah. Car Allah est Pardonneur et Miséricordieux. Et quand vous aurez achevé vos rites, alors invoquez Allah comme vous invoquez vos pères, et plus ardemment encore.
Mais il est des gens qui disent seulement: « Seigneur! Accorde nous (le bien) ici-bas! » – Pour ceux-là, nulle part dans l’ audelà.Et il est des gens qui disent: « Seigneur! Accorde nous belle part ici-bas, et belle part aussi dans l’ au-delà; et protège- nous du châtiment du Feu! »Ceux-là auront une part de ce qu’ ils auront acquis. Et Allah est prompt à faire rendre compte.Et invoquez Allah pendant un nombre de jours déterminés. Ensuite, il n’ y a pas de péché, pour qui se comporte en piété, à partir au bout de deux jours, à s’ attarder non plus. Et craignez Allah. Et sachez que c’ est vers Lui que vous serez rassemblés ». (Coran, 2 : 198-203). Il a été rapporté qu’Aïcha (P.A.A) a dit : la circumambulation autour de la Maison, la marche entre Safa et Marwa et la lapidation des stèles n’ont été institués que pour faire rappeler Allah, le Puissant et Majestueux . (rapporté de manière suspendue par al-Bayhaqui,n° 5/145). Il a également été rapporté de manière à l’attribuer (hautement au Prophète), mais cette version n’est pas sans faiblesse. Le musulman donne de l’importance aux rites du pèlerinage parce qu’Allah, le Puissant et Majestueux lui a donné l’ordre de les considérer comme tels. C’est ce que le Très Haut dit ainsi :
(De ces bêtes- là) vous tirez des avantages jusqu’à un terme fixé; puis son lieu d’ immolation est auprès de l’ Antique Maison. (Coran, 22 : 32). – Al-Boukhari a rapporté (n°1610) qu’Omar ibn al-Khattab (P.A.a) avait baisé la Pierre noire et dit : « Si je n’avais pas vu le Messager d’Allah te baiser je ne l’aurais pas fait ». Ibn al-Djawzi (Puisse Allah le Très Haut lui accorder Sa miséricorde) a dit dans le cadre de ses propos véhiculant une explication exhaustive des rites du pèlerinage : « Puis ces choses-là disparurent et laissèrent leurs traces et les dispositions qui les régissaient. Cet état de fait peut constituer une ambiguïté pour celui qui constate leur forme et n’en connaît pas la cause. Il peut se dire : çà n’a pas de sens. Or je vous en ai expliqué les causes fondées sur la révélation. Je vais désormais vous donner une base de référence qui vous permet de comprendre tout ce qui relève de ce chapitre. Sachez que l’acte cultuel est en principe compréhensible. Car il s’agit de se montrer humble devant son Maître en Lui obéissant. La prière comporte des aspects qui traduisent un degré d’humilité qui permet de comprendre qu’elle constitue un acte d’adoration. L’acquittement de la zakate traduit une volonté de consoler et d’aider les autres. Le jeûne vise à maîtriser son plaisir charnel de manière à soumettre l’âme à son Maître. Le caractère sacré conféré à la Maison, sa désignation comme lieu à visiter, la sacralisation de ses alentours, tout cela revient à montrer sa magnificence. L’arrivée massive à la Maison de créatures couvertes de poussière et les cheveux en bataille, et l’attitude humble et soumise du Serviteur en face de son Maître, sont des choses compréhensibles.
L’âme s’accommode des actes cultuels qu’elle comprend. Et son penchant naturel vers ces actes l’y incite et l’aide à les accomplir. Mais (à côté de cela) on lui (âme) a affecté des tâches qu’elle ne comprend pas, comme la marche contre Safa et Marwa et la lapidation des stèles, pour que sa soumission soit plus parfaite. En effet, il n’y a là rien qui attire l’âme. La nature humaine ne s’y accommode pas et la raison n’en saisit pas le sens. Dès lors, le seul facteur qui y attire reste la seule volonté de se conformer à l’ordre et de connaître les secrets profonds des pratiques cultuelles ». Voir Mouthir al-azam assakin (1/285-286). Ceci étant, bon nombre des aspects de l’histoire du pèlerinage antérieure à l’avènement du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) nous restent inconnus. Mais il n’y a aucun mal à ignorer ces choses-là. Cependant il y a des pratiques dont l’historique figure de manière allusive dans certains textes. En voici quelques uns. 1/ La date de la prescription du pèlerinage ou du commencement de sa pratique Le Très Haut dit :
« Et fais aux gens une annonce pour le Hajj. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné », (Coran, 22 : 27) Dans son commentaire du Coran (3/221), Ibn Kathir dit à propos de ce verset : Il signifie : appelle les gens, ô Ibrahim, à venir faire le pèlerinage. Invite les à faire le pèlerinage de cette Maison que nous t’avons donné l’ordre d’édifier ». Selon Ibn Kathir, Ibrahim dit : ô Maître ! comment transmettre (Ton ordre) aux gens alors que ma voix ne peut pas leur parvenir ? Le Seigneur lui dit : lance ton appel et c’est à Nous de le faire parvenir (aux destinataires) Ibrahim monta sur sa station ou sur la Pierre ou sur Safa ou sur le Mont Abou Qubays, selon les versions, et dit : ô humains ! Votre Seigneur s’est donné une maison. Venez-y faire le pèlerinage . Et puis, les montagnes, dit-on s’affaissèrent (et laissèrent passer la voix d’Ibrahim) si bien qu’elle parvint aux confins de la terre et fût même entendue par les âmes non encore nées.