Plus de 300 camions d’anacarde sont bloqués dans les ports ivoiriens et d’autres lieux de déchargement suite à la chute du prix du Kg du cajou, cédé entre 250 et 400 Fcfa, a indiqué lundi à APA Abdoulaye Sanogo, le secrétaire général de la Fédération nationale des acheteurs et coopératives d’anacarde de Côte d’Ivoire (Fenacaci).
« A cause de la mévente, la fourchette de prix est aujourd’hui entre 250 et 400 Fcfa maximum (…). Et c’est plus de 300 camions qui sont chargés au port d’Abidjan, de San-Pedro (sud-ouest), dans des usines depuis un mois et qui n’arrivent pas à décharger », a dit M. Abdoulaye Sanogo.
Interrogé également sur les prix pratiqués dans les zones de production en Côte d’Ivoire, le secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de cajou de Côte d’Ivoire (Fenacajou-ci Coop-Ca), Metan Koné, a affirmé que «les prix se négocient entre 200 et 300 Fcfa sur le terrain ».
Cette situation est due à l’arrêt total d’achat des exportateurs qui se plaignent notamment de la mauvaise qualité des produits et surtout des prix minimums officiels qu’ils jugent « élevés », demandant un réajustement des prix.
Les prix officiels de la campagne de noix de cajou ont été fixés le 15 février 2018 à 500 Fcfa/Kg bord champ, 525 F/Kg le prix magasin intérieur et 584 F/Kg le prix portuaire. Pour M. Metan Koné, l’État ivoirien devrait au regard de la situation qui prévaut, organiser une table ronde avec tous les acteurs à l’effet de trouver une solution.
En dépit du blocage qui se manifeste par plusieurs centaines de camions chargés dans les différents ports et lieu de déchargement, le Conseil coton-anacarde, organe de régulation de la filière a décidé ce week-end du maintien des prix officiels annoncés en début de saison et sensibilise plutôt les producteurs à maintenir la bonne qualité de leur production.
Cette situation amène des opérateurs à faire revenir leurs cargaisons à la base, a fait savoir le secrétaire général de la Fenacaci, confiant que « le problème est que les exportateurs ont officieusement décidé d’arrêter d’acheter (le cajou) puisque le prix obligatoire auquel ils doivent acheter est trop ».
« Il faut que le gouvernement revoit le prix à la baisse parce que la qualité a baissé » depuis mi-avril, le début de la saison pluvieuse et la production mondiale connaît en outre un envol chez les plus gros acheteurs de nos noix de la Côte d’Ivoire, tel le Vietnam, a ajouté M. Sanogo.
Le Vietnam et l’Inde sont les premiers acheteurs d’anacarde en Côte d’Ivoire. La différence entre leur production et leur transformation est compensée par les importations ivoiriennes et d’autres pays. Depuis quelques années, le Vietnam est devenu le premier acheteur des noix de cajou en Côte d’Ivoire avec 450.000 tonnes enregistrées en 2017.
Ces pays qui sont aussi des producteurs de cajou, ont mis en place une politique pour s’auto-suffire en augmentant le rendement de leurs champs, en finançant des producteurs dans les pays voisins comme le Cambodge, réduisant leurs besoins en importation vers la Côte d’Ivoire, a mentionné M. Sanogo.
Lors de la campagne précédente, le Kg d’anacarde en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial avec 711.236 tonnes en 2017 (représentant la moitié de la production d’Afrique de l’ouest et 22% de la production mondiale) était bien « vendu jusqu’à 800-900 Fcfa » contre 600 Fcfa en début de la campagne 2018.
« Les producteurs ont fait de la rétention en espérant que cela atteigne 900 voire 1.000 Fcfa », a poursuivi le secrétaire général de la Fenacaci, relevant que certaines noix sont délaissées sous les arbres vu le découragement des paysans, ce qui pourrait entraîner une baisse de production pour la campagne 2018.
La Côte d’Ivoire et la Banque mondiale ont signé le 21 avril 2018 à Washington trois accords de prêt d’environ 157, 530 milliards de FCFA en vue de soutenir la transformation de l’anacarde, la lutte contre l’érosion côtière et la mise en œuvre de la politique foncière rurale.
AP/ls/APA