Rites du Hadj : le séjour de Mine et le dernier tawaf du pèlerin

LE SEJOUR DE MINA OU LA STATION DE LA RENAISSANCE SPIRITUELLE : L’AQIQA OU LE SYMBOLE DE LA RENAISSANCE

Le terme aqîqa est généralement utilisé pour désigner le sacrifice du septième jour du nouveau-né. Pour Al-Qastallânî, shaféite du Caire (1448-1517), aqîqa désigne les cheveux d’un enfant au moment de sa naissance et par extension, en tant que rite, le terme aussi s’applique au sacrifice de mouton. Ainsi, le terme Aqîqa fait une jonction sémantique entre le fait de couper la gorge de la bête à sacrifier et le fait de couper ou raser les cheveux de l’enfant au septième jour de sa naissance. Symboliquement, il exprime l’idée de séparation, de rupture par la double « coupure » des cheveux et de l’aorte de la bête. Ainsi dans l’usage actuel, le terme aqiqa s’applique à un enfant, parce qu’il a « rompu » ou « coupé » par le rasage, ses derniers liens d’avec le monde antérieur, symbole d’indépendance du joug du monde fœtal. C’est-à-dire son passé.

Ensuite, le sacrifice du mouton comme acte sacrificiel qui jette les bases d’un avenir heureux favorisant une intégration paisible et heureuse à la société des hommes. C’est-à-dire son avenir. Si toutes les acceptions de l’aqîqa développées coïncident avec la situation du pèlerin qui accomplit ces deux actes entre autres le rasage des cheveux et le sacrifice de la bête. Sa désacralisation par le rasage des cheveux et le sacrifice du mouton consacrent tout comme le nouveau-né, la rupture avec le monde physique, le monde de la passion, le rejet de ce bas-monde avant le Hajj. C’est-à-dire son passé Puis, Le sacrifice du mouton comme l’offrande permettant de gagner l’estime d’Allah ce qui favorisera son intégration dans le nouveau monde spirituel dans lequel le Hajj l’a projeté.

C’est-à-dire son avenir. Ce faisant, il bénéficiera du soutien d’Allah pour maintenir les acquis du Hajj dans sa vie quotidienne après le pèlerinage. Une fois à Mina , le pèlerin va procéder à sa désacralisation partielle. Celle-ci est marquée par l’enlèvement de l’ihram et le rasage de la tête. On peut alors souhaiter au pèlerin la bienvenue spirituelle. Il est né à nouveau, ressuscité dans le monde spirituel de la Kaaba. Ainsi, tels les morts ressuscités se dirigeront en masse sur la place du jugement au jour de yawmal qiyamat, les pèlerins également en masse se dirigeront vers la Mecque en vue d’accomplir la visite tant attendue et tant recherchée.

Si physiquement, il partage les réalités du monde sensible, spirituellement, le pèlerin n’est plus compté parmi les habitants de ce monde. Il est pleinement purifié, immaculé et lavé de toute souillure. C’est à ce niveau que la parole du Prophète Muhammad prend tout son sens Abû Hurayrah (qu’Allah l’agrée) relate que le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) a dit : « Quiconque accomplit le Pèlerinage (« Al-Hajj ») en évitant tout acte charnel, toute grossièreté et toute dispute ressort de celui-ci pur, vierge de tout péché comme le jour où sa mère l’a mis au monde. » dans une autre version, le pèlerinage bien accompli n’a de récompense que le paradis. Après avoir validé les précédentes étapes décrites plus haut, le pèlerin arrive à Mina déjà sanctifié. Il est comme le jour où sa mère l’a mis au monde. Lorsque l’homme atteint un tel niveau de sanctification, il a alors atteint un haut degré de spiritualité. Il peut maintenant envisager sereinement la visite de la maison sacrée. Car la maison sacrée est pure et le pèlerin est purifié. Ils peuvent se fréquenter tel deux amants.

L’INSTANT ULTIME LA VISITE DE LA MAISON SACRÉE : LE TAWAF DU HAJJ, LE TAWAF IFADAH/ LE SAY SAFA WAL MARWA

La visite de la maison sacrée comprend à la fois le tawwaf autour de la Kaaba et la marche entre safa et Marwa. Le Maitre l’Imam Ghazaly explique cette importante. Il dit dans son œuvre IHYA ULUM DINE : « lorsque vous entrez dans l’état de sacralisation (ihram), vous devez remplir votre cœur de l’amour de la grandeur de la Maison sacrée. Pensez à cet instant précis que vous voyez le Seigneur de la Maison en raison de l’intensité de votre vénération pour lui. Et j’espère que Dieu Tout-Puissant vous accordera la joie de voir son visage honorable, tout comme Il vous a permis pour visiter sa Maison sacrée. »

Le tawwaf a le même statut que la prière, le pèlerin en accomplissant la circumambulation imite par ce fait les anges supérieurs qui tournent autour du Trône. Le but du tawwaf n’est pas de faire une circumambulation avec un cœur dépouillé de spiritualité autour de la Maison. Mais plutôt un exercice spirituel consistant dans le circuit du cœur rempli du souvenir du Seigneur de la Maison. La circumambulation spirituelle est celle qui est faite dans la présence divine à l’image du tawwaf des anges autour de la Kaaba céleste nommée Bayt Mamur dont la réplique apparente est celle que les pèlerins pratiquent autour de la Kaaba à la Mecque dans la ferveur spirituelle. Les maîtres auxquels Allah par miséricorde a ôté de leur cœur et des yeux le voile de l’insouciance ont accès aux merveillessécrètes du monde invisible.

Les maîtres ayant atteint un haut degré de spiritualité entrent en résonnance avec la maison sacrée. Ils reçoivent à leur tour la visite de la Kaaba qui également fait la circumambulation autour d’eux. « Quant à l’effort entre al-Safa et al-Marwa dans la cour de la maison, il symbolise la crainte et l’espoir du croyant au jour de yawmal qiyamat. Les deux monticules de Safa et de Marwa représentent pour chacune la masse des actions de bien et de mal. Ce faisant le croyant fait la marche entre ses actions de mal et de bien tout en espérant un regard bienveillant de son maître-Créateur » (P 247).

Par Ustaz Fofana Inza

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